• CHAPITRE ONZE •

2.1K 220 9
                                    

Je n'ai pas eu le temps de poser un pied à terre que des dizaines de messages font sans cesse vibrer mon téléphone

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Je n'ai pas eu le temps de poser un pied à terre que des dizaines de messages font sans cesse vibrer mon téléphone. Je me retourne avant de me décider à répondre aux nombreux SOS d'Harley mais Sam a déjà disparu. Le vol s'est avéré plutôt long étant donné qu'il n'a pas daigné m'adresser la parole depuis l'autre soir. De nombreuses questions tournent en boucle dans ma tête alors que je sais pertinemment que je ne devrais tout simplement pas lui accorder la moindre importance.

Alors que je m'apprêtais à prendre un taxi jusqu'au centre ville, j'aperçois mon meilleur ami me faire de grands signes, adossé à sa voiture. Celui-ci arbore un immense sourire lorsque je m'approche de lui en tendant mes bras grands ouverts.

Cet homme sent toujours incroyablement bon et ce en toute circonstance. Même lorsqu'il me traîne de force à la salle de sport pour me coacher, et qu'il passe soit dit-en passant beaucoup plus de temps à me montrer les enchaînements qu'à me regarder les faire, son parfum envahit l'ensemble de la pièce.

- Il faut absolument que tu m'aides à trouver un cadeau pour l'anniversaire d'Alda, dit-il sans reprendre son souffle une seule fois.

Lui qui est d'habitude si calme et posé, il doit vraiment être en panique totale à ce moment précis. Je sais cependant que mon aide n'apportera pas grand chose. Non, s'il est venu ici, c'est pour me parler de quelque chose qui compte pour lui. Il connait Alda comme la prunelle de ses yeux. Ces deux là sont tout simplement inséparables. Je n'ai que rarement eu l'occasion de voir un couple aussi uni et affrontant la moindre difficulté avec une aisance remarquable. Je l'observe alors incrédule, attendant qu'il en vienne aux véritables faits.

- Dis... Alda est sortie hier soir et elle n'est pas rentrée cette nuit, commence-t-il, l'air inquiet.

Nous y voilà.

- Je ne pense pas qu'il y ait lieu de s'inquiéter. Elle est une grande fille, pas vrai ?, réponds-je quoiqu'intérieurement inquiète.

Après tout, cela est vrai. Elle sait se débrouiller toute seule comme chacun d'entre nous. Le temps du collège est révolu, on ne devrait pas forcément sonner la tirette d'alarme aux moindres petites heures d'absentéisme. Il n'est cependant pas faux de dire que cela ne lui ressemble en rien mais je reste persuadée qu'elle a une bonne raison. Et puis je ne pense pas qu'elle ait à justifier ses moindres faits et gestes. J'aime Harley et le couple que tout deux forment mais Alda m'a parlé plus d'une fois du fait qu'elle se sentait parfois étouffée. Je la comprends. Je n'aimerais pas non plus que l'on soit sans arrêt sur mon dos. Alda dirait qu' « on ne capture pas les chevaux sauvages » mais son cas prouve malheureusement le contraire. Je suppose que la vie est ainsi faite : chacun d'entre nous cherche inconsciemment son âme soeur.

- Chloé... Tu ne sais pas ce qu'est être en couple. Je veux dire, se donner corps et âme à quelqu'un. Tu comprends, je vis avec ma copine depuis maintenant près de deux ans et tu passes l'entièreté de ton temps à l'appart, même pour travailler ! Ta présence ne nous dérange absolument pas, tu sais bien que je t'adore et que tu fais partie de la famille, pousse-t-il dans un profond soupir.

- Mais ?, le questionné-je curieuse.

- Mais tu ne crois pas qu'il serait temps de t'ouvrir un peu plus à la gente masculine ?

Je le dévisage un instant, l'air tout-à-fait confuse. Le sujet a tellement dérivé que j'ai l'impression d'être le Titanic même, sombrant dans les abysses de l'océan Atlantique.

- Ou à la gente féminine ! Se rattrape-t-il le souffle court.

Je lui donne un vif coup dans l'épaule et celui-ci se met à rire en se rendant probablement compte de son manque certain de tact. Mon téléphone se met alors à vibrer dans la poche de mon pantalon.

Alda : Je peux venir chez toi, ce soir ? Ne préviens pas Harley. Bise.

J'adresse un regard en coin au conducteur se situant sur ma gauche. J'ai toujours eu cette sensation que l'on épiait mon téléphone en douce lorsque je recevais un message personnel. La folie s'empare peut-être de moi dans ce genre de moment mais cela est plus fort que tout. L'envie irrésistible de vérifier si mon voisin n'a pas regardé mon écran, quand bien même il ne comprendrait rien, dépasse tout self-contrôle.

Ses écrits sont tout de même étranges. Elle n'est pas du genre à cacher des choses à son petit ami et je commence sérieusement à paniquer face à cette situation. J'espère qu'elle ne me mettra pas dans une position délicate car je ne prendrai tout simplement aucun parti. On ne peut pas me demander de choisir entre un sac-à-main Chanel ou une robe Prada ! Non, les Jones ont déjà leur propre marque. Chaque chose se doit de rester à sa place.

Tout comme le fait que je ne peux avoir un homme à mes côtés si je désire un jour atterrir dans le siège du PDG. Harley a beau compter pour moi, il est comme beaucoup de monde. Il ne se rend pas compte qu'une femme arrivera plus difficilement à atteindre un tel poste qu'un homme. Je suis pratiquement sûre que si mon père avait eu un petit garçon, il ne lui en aurait pas fait endurer la moitié de ce que j'ai pu subir. Je ne compte toutefois pas baisser les bras. Je vaux mieux que ça. Je vais démontrer un stéréotype déjà bien trop ancré en actant de quoi les femmes sont véritablement capables.

- Je viens de me rappeler que j'avais un truc super urgent à faire. Tu pourrais me déposer chez moi s'il te plaît ?

Je lui mens effrontément en prenant soin de garder les yeux rivés sur la route. Je ne prendrai pas le risque de partir dans un nouveau débat avec lui alors qu'Alda a besoin de mon aide.

Harley me dépose au coin de la rue tout en m'adressant un signe de la main, un sourire en coin au visage. Il est si gentil que je comprends qu'Alda ne veuille pas tout lui dire. Elle ne veut simplement pas lui faire de peine. Je ne cautionne cependant pas forcément mais il faut apprendre à accepter l'autre tel qu'il est et non comme nous aimerions qu'il soit.

En arrivant face à mon appartement, je dépose mon sac à terre et m'agenouille afin de tenter de trouver mes clefs au sein du grand bazars que représente mes affaires entassées. Autant je suis monstrueusement bien organisée lorsqu'il s'agit du travail, autant je me laisse complètement aller lorsque cela concerne mes affaires personnelles. De toute façon, personne d'autre que moi n'a besoin d'aller voir ce que mon sac comporte.

Mais alors que je m'apprête à rentrer, un pied vient frénétiquement bloquer la porte d'entrée en poussant un petit cri. La carrure de Matt se tient soudainement face à moi, les mains dans les poches et le regard vide.

Obsession Où les histoires vivent. Découvrez maintenant