• CHAPITRE SEIZE •

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- Écoute Chloé

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- Écoute Chloé... Je suis sincèrement navré pour mon comportement de la semaine dernière. Je ne voulais pas te faire peur. Je m'inquiétais réellement car je connais mon frère et je ne voulais pas qu'il puisse t'arriver quoi que ce soit, s'excuse Matt tout en prenant un air dévasté, les mains dans les poches.

Après tout, il ne m'a jamais intentionnellement commis le moindre tort. Ce n'est pas à lui que je devrais en vouloir, et me servir de sa présence comme d'une excuse pour me défouler était plus qu'incorrect. Mais je ne peux pas m'avouer vaincue de cette façon car cela signifierait que Sam m'atteint. Hors, ce n'est absolument pas le cas. Je ne me laisserai pas détournée de mon but. Car après tout, ce que je viens de commettre ne revient-il pas à lui envoyer un message quant à ma prise d'initiative ? Il doit savoir que je me battrai jusqu'au bout, et ce quoiqu'il advienne.

- Tu n'as pas à t'excuser, ce serait plutôt à moi de t'en présenter.

- Ce que tu ne comptes pas faire d'après ce que je constate, rigole-t-il en observant mes bras croisés et mes sourcils froncés.

Je lui donne une légère tape sur l'épaule en signe d'approbation. En effet, pourquoi me donnerais-je cette peine ? Les non-dits en disent parfois bien plus longs qu'un plat discours. Je n'ai dans tous les cas pas l'esprit à prononcer un discours cohérent. En plus de la fatigue, une vague d'angoisse commence à s'emparer des sensations de mon estomac.

- Sache en tout cas que ta robe est splendide. Tu as bien fait de lui donner, tu n'aurais rien pu faire d'autre Chloé, continue-t-il tout faisant passer quelques mèches de mes cheveux derrière mes oreilles, dégageant de ce fait mon visage.

Ses deux mains viennent alors se poser sur mes joues lorsqu'il prononce :

- Sois fière de toi. J'ai vu ton projet le soir où nous nous sommes rencontrés et je peux te dire que je ne suis pas le seul à penser que tu as beaucoup de potentiel. C'est pour cela que...

- Je vous dérange ?, prononce soudainement Sam d'une voix rauque et l'air désinvolte comme à sa grande habitude, se tenant face à nos deux silhouettes.

Mon estomac décide alors de faire des siennes à ce moment précis en se tordant plus qu'il ne le faudrait. Je sais que mon initiative fortement contrainte d'il y a quelques minutes va probablement me coûter ma place, ce que Monsieur ne manquera pas de me rappeler une bonne dizaine de fois avant de me mettre à la porte. Se faire virer une seconde fois en l'espace d'un mois ne risque pas, cette fois-ci, de passer inaperçu dans mon dossier...

- À vrai dire oui. Un patron n'est pas contraint de s'introduire dans toutes les conversations de bureau, si ?, rétorque Matt.

Il s'éloigne de moi tout en s'approchant de lui. Les deux frères semblent s'affronter du regard l'espace de ce qui me parait être une éternité tandis que mes pensées tentent d'élaborer une stratégie de fuite digne d'un grand film d'action. Emma Rosewood a déjà joué une Bond girl. Peut-être pourrait-elle m'aider à sauter d'une fenêtre sans que je n'y laisse une jambe ?

Sam détourne le regard emplit de défi que lui jette son adversaire afin de concentrer toute son attention sur moi. Je me rétracte dans un coin sombre. Tout cela est ridicule, rien de ce que je pourrais faire ne me sauvera.

- Donne-moi une bonne raison de ne pas te virer.

Il va donc directement au but. Cela se déroulera ainsi rapidement, sans rature.

- C'est moi qui ai fait cela. J'ai lui ai dit de se changer car tu en avais donné l'ordre et j'ai pris sa robe pour la donner à Emma, rétorque Matt sans même m'avoir laissé le temps de mettre mes idées en ordre.

L'espace d'un instant, je ne dis rien. Je demeure abasourdie par la tournure des événements. Non, tout ce à quoi je pense, là, maintenant, est que je tiens en peignoir face à mon patron, prêt à me virer et semblant d'autant plus en colère que son frère et employé vient de lui sortir le plus gros mensonge de l'univers.

- Je ne te crois pas. Cesse de me mentir, tu sais bien que ça ne marchera pas avec moi, répond Sam plus calmement que je ne l'aurais cru.

- Taisez-vous !, crié-je subitement. Je rêve où vous êtes en train de vous chamailler comme deux enfants ? Sam, j'ai commis une erreur en reversant le café de Madame Rosewood sur la création qu'elle portait et en lui laissant prendre celle que j'avais au moment même sur le dos. Matt, je crois que je suis assez grande pour assumer ce que j'entreprends et pour ne pas avoir à endosser le poids d'un mensonge.

Les deux garçons détournent alors leur regard vers moi. Bien, j'ai au moins réussi à attirer leur concentration sur la seule chose sensée de cette soirée l'espace de quelques secondes. En guise de réponse, Matt incline légèrement la tête et quitte la pièce, nous laissant ainsi seuls au milieu des coulisses sombres, ayant pour fond la musique du défilé se déroulant à quelques mètres d'ici.

- J'ai dit : donne-moi une bonne raison de ne pas te virer, continue-t-il sans se démonter tout en s'approchant dangereusement de moi.

Le fond sonore est alors comblé d'un tonnerre d'applaudissements. Nous nous penchons légèrement à travers l'ouverture donnant sur la scène afin de donner des réponses aux questions fusant dans nos esprits. Emma se tient sur la scène, portant ma robe comme nul autre ne saurait la rendre si belle. Les invités semblent être agréablement surpris mais avant tout émerveillés. Tous ont sorti leur téléphone afin d'immortaliser cet instant.

Je détourne alors mes yeux vers Sam se tenant à mes côtés. Celui-ci pousse un profond soupir et se tourne vers moi.

- Très bien, tu as ta bonne raison.

Mais contre toute attente, mon ventre se noue davantage. Je me mords les lèvres afin de ne pas grimacer lorsqu'il ajoute :

- Mais tu me dois une réelle faveur sur ce coup, Jones. Tu ne vas pas t'en sortir comme cela, prononce-t-il en pesant chacun de ses mots avec une lenteur presque sensuelle.

Je sens mon cœur s'accélérer à mesure que son débit ralentit. Je ne sais si cela est dû à la réussite de cette soirée ou à son souffle chaud s'approchant dangereusement de moi. Il m'observe de ses deux yeux verts avant de descendre son regard le long de mon cou, jusqu'à ma poitrine. La lenteur de ce geste ne fait qu'accentuer la boule naissante au creux de mon ventre. Malheureusement, rien de cela n'est dû à la réussite de cette soirée. Le désir s'empare de moi comme une flamme consumerait une allumette en moins de temps qu'il n'en faudrait.

Il s'empare alors fermement de mes hanches et entraîne son bassin contre le mien en une fraction de seconde. Je peux sentir son érection le long de ma cuisse tandis que ses pupilles se dilatent à mesure que ses mains glissent au bas de mon dos.

Ma bouche émet un léger soupir tandis que la sienne entame une danse enflammée contre mon cou. La lumière semble s'atténuer au fur et à mesure de ses mouvements. Il n'y a plus que lui et moi dans cette pièce reculée. Quand bien même le risque que quelqu'un nous surprenne est non-négligeable, cette situation demeure pour le moins excitante.

Il se recule lentement, sans pour autant détacher ses yeux des miens. J'en veux plus. Il le sait et joue de cela. Sam Miller ne semble aimer que l'emprise qu'il détient sur moi, et ce seulement sur ce terrain. Il aime l'idée que je lui résiste de toute part, tout en étant prête à m'offrir à lui dans un combat au corps à corps.

- Chloé ?, retentit soudainement une voix aux allures désobligeantes à quelques mètres de moi.

- Papa ?

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