- Tu ne m'as pas fait venir pour me poser des questions ?, lui demandé-je à mon tour, le poursuivant dans la cuisine seulement vêtue de sa chemise blanche.
- Vous êtes bien perspicace mademoiselle Jones, réplique-t-il tout en nous servant deux verres de vin blanc.
Sam s'approche de moi, nos verres à la main et son éternel sourire satisfait aux lèvres. Les muscles de son torse luisent encore à chacun de ses mouvements, tandis que son pantalon tombe avec désinvolture sur ses hanches. Je remarque également que le portrait de sa mère n'est plus présent sur la table. Même en balayant la pièce du regard, rien ne semble rendre compte de la présence d'un quelconque effet personnel. Seule règne une décoration un peu trop censurée à mon goût.
- Je n'allais pas garder un cadre brisé si c'est ce que tu te demandes.
J'évite alors son regard, au risque de chercher une réponse qu'il ne me donnera toujours pas. Ce n'est de toute façon pas le bon moment. Mes paroles brûlantes ont déjà fait bon nombre de dégâts et je ne voudrais en rien gâcher ce qu'il se passe entre nous en ce moment même. Contre toute attente, mon patron répond à mes interrogations de lui-même :
- Ma mère vit à Los Angeles. Elle est propriétaire de la chaîne d'hôtels de luxe Ritz-Carlton. Nous sommes d'ailleurs allés dans l'un deux lors de notre séjour pour le gala de charité, celui où il y avait ton père, commence-t-il, le regard dans le vide.
Cette soirée me revient soudainement en mémoire : l'atmosphère pesante de tous ces faux-semblants de gentillesse, le bruit des vagues sur la plage, la finesse des grains de sable... Je me souviens à quel point Sam avait su se montrer gentil avec moi, me réconfortant à sa façon alors que nous nous connaissions à peine. En en apprenant davantage sur lui, je me rends compte que tout n'était pas que stratagème chez lui. Sous sa carapace superficielle se cache en réalité une once de sensibilité et cela me plait d'autant plus. Les personnes demeurent souvent bien plus complexes que la première impression manichéenne que nous pouvons en avoir.
- Je l'admire énormément. Depuis le décès de mon père, elle a toujours su garder la tête haute et crois-moi, c'était loin d'être facile avec mon frère et moi. J'étais le petit diable de la famille, celui qui faisait toujours en sorte d'entraîner Matt dans ses conneries.
À ces paroles, je saisis instantanément la main qu'il a posé devant lui. Ses yeux plissés accentuent à présent les blessures présentes sur son visage, ne faisant que mettre leur intensité en avant. Il passe alors légèrement le doigt sur sa joue de sa main libre, avant de lentement dégager celle que je tenais fermement.
- Et il en paie maintenant le prix, prononce-t-il amèrement tout en se levant afin de remplir son verre à nouveau.
Mes sourcils se froncent immédiatement. Comment cela pourrait-il être de sa faute ? Matt était fou de rage après l'avoir frappé, notre conversation pour le moins houleuse et sa situation avec Alda. Je comprends cependant sa réaction, je me suis moi-même jetée la pierre lorsque ma meilleure amie m'a appelé. Un accident est si vite arrivé. Il cause parfois bien plus de dommages collatéraux qu'autre chose.
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Obsession
RomanceChloé incarne l'archétype même de la travailleuse obstinée. Jeune, ambitieuse et passionnée, tout la promet à un avenir radieux. De Los Angeles en passant par Paris, elle espère exceller dans ses études afin d'arriver à la tête d'une des plus grande...