Obsession

ÉPILOGUE

Cinq ans plus tard

- Dépêche-toi Chloé, on va être en retard.

Je range soigneusement les pinceaux disposés sur ma coiffeuse avant de marquer un temps d'arrêt face au miroir dévoilant les heures prises à me préparer. Le grand jour est enfin arrivé, celui où je ferme la porte de mon ancienne vie afin de laisser place aux nouveaux chemins qu'ils me restent à emprunter.

- J'ai pas envie d'y aller maman !, boude Raphaël tout en tapant des pieds dans l'encadrement de la porte.

Notre fils nous livre encore l'un de ses caprices, malgré le fait que Sam l'ait briefé de fond en comble sur l'importance de cette journée pour notre famille. Il faut croire que les traits de mon mari ne lui ont pas échappé, à l'exception près que ses yeux sont aussi bruns que les miens.

Les discussions des invités présents dans le jardin sud, résonnant en échos dans l'ensemble de la maison, me ramènent à la réalité. À mesure que le bruit de mes talons claquant sur le sol se fait de moins en moins entendre, l'habituelle anxiété me submergeant dans les situations exceptionnelles s'empare de mon estomac. Alors que je m'apprête à faire mon entrée, de légers bras s'enroulent délicatement autour de mes épaules.

- Je suis si fière de toi, prononce Alda au creux de mon oreille d'une voix trahissant son émotion.

- Hors de question que tu me fasses pleurer. J'ai passé trop de temps devant la glace pour y retourner...

- Tu resteras toujours aussi resplendissante, me coupe Harvey, accompagnant le tout de son plus beau sourire.

Ces deux-là sont la preuve vivantes que l'amour véritable ne se ternie pas avec le temps. Après le choc émotionnel de la révélation de Matt, ma meilleure amie s'est installée quelques temps chez Sam et moi, jusqu'à ce qu'elle renoue contact avec son ancien petit ami. Autant dire qu'assister à leurs niaiseries étaient au début adorables mais que l'overdose a vite fini par pointer le bout de son nez.

- Elle est malheureusement déjà prise, annonce mon père tout en pénétrant à son tour dans la pièce.

- Papy !, hurle Raphaël en se jetant dans ses bras.

Sam me jette à cet instant un regard inquiet, de peur qu'une énième conflit éclate entre le grand-père super cool et la maman très méchante qui refuse d'éduquer son fils comme si tout lui était dû. Des divergences d'opinion ne changeront apparement jamais, si ce n'est le fait que le pardon nous semblait inévitable. Personne ne choisit sa famille, ni même les relations que l'on entretiendra avec. Paul reste mon père et l'enfant que mon mari et moi avons eu devait connaitre l'équilibre que nous n'avons pas eu la chance d'avoir.

- Tout le monde vous attend, murmure finalement Matt en s'approchant de nous.

Après un geste de la tête entendu, Sam et moi nous prenons par les mains une dernière fois afin de quitter notre vie de famille pour adopter la posture de chefs d'entreprise.

- Tout va bien se passer, ma belle. On récapitule une énième fois, d'accord ? Tout d'abord, le discours de remerciements que tu connais on ne peut plus par coeur. Ensuite, tu annonces que tu es à la tête de la nouvelle maison Miller. Et...

- Et c'est là que tu interviens pour annoncer la collaboration entre les marques Jones et Miller quant à la collection exclusive de lancement.

Sam est finalement resté à la tête de l'entreprise, Matt s'étant contenté de nouer une relation convenable avec l'ancien mari de sa mère. Quant à moi, je me suis servie du peu d'argent que je pouvais avoir mis de côté afin de bâtir ce nouvel empire. Renouer avec le passé m'aurait sans doute rendu moins heureuse que de regarder vers l'avenir.

Il confirme alors mes propos d'un sourire satisfait, un de ceux auxquels j'ai droit lorsque le courage semble me manquer. Mais aujourd'hui, tout est différent.

La dynastie des Jones-Miller est enfin scellée d'un amour inconditionnel, un de ceux que personne ne saurait fissurer.

FIN