• CHAPITRE TRENTE-CINQ •

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La salle de karting emplie de néons tous plus lumineux les uns que les autres ne fait qu'accentuer la boule semblant s'être confortablement installée au creux de mon ventre

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La salle de karting emplie de néons tous plus lumineux les uns que les autres ne fait qu'accentuer la boule semblant s'être confortablement installée au creux de mon ventre. Le bruit strident provenant des petits engins n'arrange rien à cela. Mon regard se perd entre le visage heureux de Sam et la vitesse affolante à laquelle les voitures traversent la piste.

- Tu prends laquelle ?, me questionne-t-il tout en prenant place entre deux carrosseries, l'une étant rouge, l'autre blanche.

Mon teint pâlit à la minute même où ces paroles traversent ses lèvres.

- Quoi ? Mais je pensais que j'allais monter avec toi ! Hors de question que je mette un seul pied dans cet espèce de... truc, pointé-je nerveusement du doigt tandis que l'euphorie s'empare immédiatement de l'ensemble de ses traits.

Par pitié, faites-en en sorte qu'il s'étouffe avec ce sourire niais constant. À croire que je suis la dernière des imbéciles sur Terre ayant le décence de lui adresser la parole. Je lui servirais volontiers la même part de condescendance qu'il m'oblige à chaque fois à avaler. Et avec le sourire, s'il vous plaît !

- Ah non ma belle. C'est chacun pour soi, commence-t-il tout en prenant finalement place dans le véhicule blanc. Montre-moi un peu ce que tu as dans le ventre.

- C'est ça, ta manière de juger la concurrence ? Parce que si tu crois que mes aptitudes de pilote traduisent ce que je vaux dans un bureau, tu te trompes fortement.

- Figure-toi que oui, aussi étonnant que cela puisse paraitre. Ton air de Madame-je-ne-prends-pas-de-risques ne fait en rien entrave au fait que savoir conjuguer vitesse et réflexes, sans oublier le goût du risque, sont des compétences aussi bien valables sur la piste qu'à la tête d'une entreprise. Si tu ne t'engages pas à vouer corps et âme à ton travail au point de parfois prendre quelques risques pour gagner gros, tu ne réussiras pas. Alors si tu n'es pas capable de sortir de ta zone de confort, ne serait-ce qu'une fois, qu'en sera-t-il lorsque tu devras te confronter à tout un tas de problèmes dont tu n'as pas l'habitude ? Zéro.

Je dois bien admettre qu'il n'a pas totalement tort. J'ai toujours été tellement obstinée par un seul et unique but à atteindre que je n'ai jamais réellement réfléchi à la posture que je devrais adopter une fois la ligne d'arrivée franchie.

- Touchée, Monsieur Miller.

- Tu sais à quel point j'aime t'entendre prononcer cela. Maintenant grimpe dans ton nouveau bolide, princesse.

L'hésitation me gagne un instant, à tel point que je dois bien mettre au moins cinq minutes avant de me décider. Constatant toutefois l'air bien plus qu'impatient de Sam, je ne peux m'empêcher de prendre place sur le siège mis à ma disposition tout en espérant que le courage me gagne bien plus vite que je ne pourrais le croire.

- Prête ? Un, deux, trois...

À peine ai-je le temps de prendre connaissance de l'appareil que celui-ci démarre en trombe, s'élançant sur la piste comme s'il avait passé sa vie à faire cela. Bon, j'avoue ne pas lui avoir réellement posé la question mais mon excuse se tient ! Je ne pense pas que l'on dirait à quelqu'un qui ne sait pas nager de faire le grand plongeon du haut d'une falaise.

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