***
Plein d'optimisme et avec impatience, j'ai attendu toute la semaine de pouvoir me rendre de nouveau au Puma. La présence de Bastian qui a décidé de se joindre à nous ne peut modifier mon humeur. Je suis si obnubilé par mon objectif de retrouver Agnès que mon rival est passé au second plan. Paco, toujours lié à lui, garde espoir de nous voir un jour réconciliés. En effet, cela est impossible puisque je tolère Bastian uniquement pour ne pas me fâcher avec mon frère. Assis, sur notre banquette, je ne m'en occupe pas, je surveille l'arrivée de mes amis afin de rejoindre au plus vite le coin VIP.
Finalement, c'est Bélinda qui se présente avec sa bande de cousines. Habituellement, elles ne se mettent jamais avec nous, mais « main de pied » lui fait signe et elle rapplique aussitôt en me dévisageant avec insistance. Ses yeux m'interrogent, elle veut savoir quelle position adopter quant à nous deux à l'égard du clan, elle cherche des réponses que je n'ai aucune envie de lui fournir. Devant mon absence de réaction, elle s'installe à côté de Bastian qui lui dégage une place.
J'observe d'un œil leur tentative de me rendre jaloux. Elle se colle contre lui et parle à son oreille. Elle ne connaît pas Bastian comme moi et elle devrait se méfier. J'ai envie de lui dire, mais finalement, je ne fais rien.
Bastian roule des mécaniques devant elle et cela m'agace de les voir faire. Il s'imagine me faire rager en s'attaquant à celle qui n'avait d'yeux que pour moi la semaine dernière. C'est l'occasion pour lui de reprendre un avantage, il doit penser que j'ai cédé, qu'il a gagné même, et je sais qu'il va s'en vanter et piquer mon orgueil.
Lorsqu'au bout du compte Stazek et Karlo entrent, c'est le signal que j'attendais depuis le début de la soirée. Je me lève d'un coup et laisse en plan ma famille pour les rejoindre. Mes frères n'ont pas le temps de me demander où je vais. Je fonce vers l'autre monde, celui auquel j'aspire, je vogue dans la salle mitoyenne, convaincu d'y retrouver enfin Agnès, négligeant au passage la parade amoureuse de Bastian et Belinda. Qu'il me débarrasse d'elle, cela m'arrange.
Je fais vite un tour d'horizon dans le coin VIP pour me rendre compte qu'Agnès brille par son absence. J'ai beaucoup espéré et j'en suis déçu au plus haut point. Je choisis de tenter de l'oublier et commence à me saouler au champagne en ressassant avec Stazek et Karlo mes nombreuses bagarres du collège, jusqu'à ce qu'un groupe de filles BCBG entre avec fracas dans la salle privilégiée.
Malgré la musique qui tonne fort, j'entends leurs rires exagérés par leur excitation et sans doute par l'alcool. La bande de nanas s'installe sur les banquettes à proximité de nous, suivie d'un serveur, chargé d'un plateau avec leurs boissons.
Au milieu d'elles, dans une robe fuseau noire, ses longs cheveux blonds retombant sur ses épaules, sur-le-champ je reconnais Agnès. Tout mon être s'enflamme, je fonds littéralement sur place. Mon âme vole au-dessus de mon corps, j'oublie qui je suis, ce que je raconte, je suis scotché sur le canapé, bouche bée. Malgré ma préparation mentale dans la perspective de la retrouver, sa beauté me foudroie de nouveau, je réalise que je suis toujours sous son charme.
— Hey Oscar, t'as vu un fantôme ou quoi ? m'interroge Karlo en cherchant ce qui me rend dans cet état.
Mes yeux ne peuvent pas quitter celle qui ne m'a pas encore aperçu. De manière classe et élégante, elle trinque et s'enivre avec légèreté sans se soucier de l'ébullition de la discothèque autour d'elle. Elle est magnifique, rayonnante, à peine maquillée, ses prunelles bleues espiègles s'amusent des blagues de ses amies. Tandis que je l'observe depuis mon repaire obscur, elle se lève pour aller danser.
— T'es complètement mordu, vieux ! commente Karlo.
Alors qu'il me tend une coupe de champagne, je l'ignore. Je cherche la façon dont je vais m'y prendre pour aborder celle que je n'ai jamais cessé de chérir.
VOUS LISEZ
SCAR - Pour le plus grand mal
Ficción GeneralRetiré à ses parents et placé dans une famille d'accueil durant l'enfance, Oscar a mis de côté les coutumes de ses aïeuls gitans. Son éducation bourgeoise et sa soif de culture vont rendre le retour dans son camp d'autant plus difficile. Séparé d'Ag...