Tome 2 - Chapitre 16

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Je note le regard inquiet du vétérinaire qui tente de feindre l'ignorance en se concentrant sur la blessure de Tito lorsque Stazek ouvre la porte de service pour se diriger dans l'habitation. Aucun doute, notre hôte n'est pas seul dans le bâtiment, mais je fais pleinement confiance en mon ami pour débusquer un quelconque occupant.

Je suis davantage préoccupé par la respiration de plus en plus difficile de Tito, il tremble et tout son corps est crispé. Des aboiements et des grognements s'échappent de la pièce voisine. Tito parvient à sortir un pistolet de sa ceinture pendant que son soignant découpe avec délicatesse son sweat ensanglanté. Mon frère braque son arme en direction de l'inconnu et me fait signe d'un coup de tête de vérifier ce qu'il se trame à côté.

Sans échanger le moindre mot, j'entrouvre la porte et jette un œil à l'intérieur de la salle. Trois grosses cages alignées sur le sol renferment des chiens agités.

— Ce sont mes pensionnaires malades, se défend l'individu. Ne leur faites pas de mal, s'il vous plaît !

— Occupe-toi de lui, dis-je en indiquant mon frère, et tout se passera bien !

Notre hôte pince ses lèvres et se penche sur le torse désormais nu de Tito qui transpire à grosses gouttes à cause de la douleur. Il repose son arme à côté de lui et laisse tomber sa tête cagoulée en arrière pour s'allonger complètement.

Le vétérinaire avance une lampe sur le trou dans le flanc.

— Vous avez pris une balle, c'est bien ça ?

Aucun de nous ne répond, mais l'homme grisonnant comprend que notre silence approuve ses paroles.

— Vous avez de la chance, je pense qu'elle est ressortie...

— Vous pensez ou vous êtes certain ? demande mon frère.

Le vétérinaire remonte ses lunettes sur le bout de son nez et se penche un peu plus en avant pour finalement nous dire qu'il est sûr de ce qu'il avance.

Je suis soulagé par ce qu'il annonce. Cela évite très probablement une opération et des complications.

— Je vais désinfecter et je peux vous recoudre. Je pense qu'une côte a été bien touchée, mais il n'y a que le repos pour vous remettre sur pied. On ne peut pas plâtrer à cet endroit.

— Je t'avais dit que c'était rien ! me lance Tito, d'un air soulagé. C'est juste la côte qui me fait souffrir.

Au-dessus de nos têtes, j'entends le plancher craquer sous des pas, je suppose que c'est Stazek qui n'est toujours pas revenu. Je commence à m'impatienter, je trouve qu'il met beaucoup de temps pour faire le tour du propriétaire. Plus vite nous en aurons fini, mieux ce sera. Nous ne devons pas nous éterniser.

— Faites ce que vous avez à faire, mais dépêchez-vous ! ordonné-je à l'étranger.

Tandis qu'il semble plutôt coopératif et fouille dans ses placards à la recherche de gaz, produits désinfectants et fil pour recoudre, j'entrouvre à nouveau la porte pour comprendre ce qu'il se passe à l'étage.

— Pas de piqûre ! décrète Tito. J'ai horreur de ça et je sais pas ce que vous avez mis dedans !

J'approuve son choix, le vétérinaire a très certainement des produits pour l'euthanasie des animaux et je ne voudrais pas qu'il lui vienne à l'idée de les utiliser sur mon frère.

— Ça va vous faire très mal, c'est juste un anesthésiant ! indique le vieux.

— Pas de piqûre, j'ai dit... insiste Tito, l'air mauvais.

L'homme repose la seringue qu'il s'apprêtait à charger tandis que j'aperçois enfin la silhouette de Stazek au fond du couloir.

— Ahhh ! hurle Tito lorsque le vétérinaire tamponne un coton imbibé de produit.

Je déteste l'entendre crier, je ressens sa douleur et par-dessus le marché, je ne souhaite pas qu'il réveille tout le voisinage alors je lui lance en mettant ma main sur sa bouche :

— Tu veux alerter tout le quartier ?

Tito se calme et me répond entre ses dents :

— J'aimerais bien t'y voir, toi !

Stazek entre enfin, l'air renfrogné et se précipite sur l'homme. Il l'attrape au col et le pousse contre un mur.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? demandé-je.

— Y avait sa femme à l'étage !

— Merde ! gueule Tito en essayant de se lever.

D'une main sur son épaule, je tente de le retenir en voyant sa plaie se remettre à saigner. Je l'empêche de bouger tandis que Stazek pose le canon de son pistolet sur la tempe de l'homme.

— Scar, il faut qu'on dégage ! Quand je suis montée, la femme était au téléphone avec les flics !

En l'entendant m'appeler par mon nom, je suis anéanti quelques secondes. Il sait comme chacun d'entre nous que quoiqu'il arrive, nous devons parler le moins possible.

— OK, on bouge ! Maintenant ! finis-je par ordonner en fourrant dans mes poches tout le matériel qu'avait attrapé l'étranger pour recoudre Tito.

Puis je pivote vers mon ami pour lui demander d'attacher l'homme tandis que j'aide mon frère à se lever.

En moins de deux minutes, nous avons rejoint la bagnole, chargé Tito à l'arrière et démarré.

Stazek a saisi le volant en me disant que j'étais meilleur tireur que lui s'il fallait nous défendre. Comme si son discours était prémonitoire, à peine avons-nous tourné au coin de l'avenue qu'une voiture de police nous prend en chasse. L'adrénaline monte aussitôt en moi.

Si les flics signalent notre itinéraire via sa radio, nous serons rapidement faits comme des rats. Je n'ai pas d'autre solution que de charger mon pistolet et viser les pneus pour m'en débarrasser au plus vite.

Tandis que Stazek roule à fond dans les petites rues de la ville, j'ouvre ma vitre en grand et sans plus réfléchir, je m'agenouille sur mon siège avant de passer ma tête par la fenêtre. Je tire toutes les balles de mon pistolet une à une. Les flics ne se gênent pas pour faire de même, mais grâce au gymkhana de mon ami, pour le moment nous les évitons toutes.

De mon côté, je ne suis pas loin de ma cible, leur pare-chocs a pris plusieurs coups. Je me retourne pour recharger mon arme puis change d'avis. Je décide d'employer les grands moyens et sors mon fusil à la crosse coupée toujours caché sous mon siège.

SCAR - Pour le plus grand malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant