XVI- Choisir l'oubli...

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Aline


Nous marchons d'un bon pas. Notre destination n'est plus très loin, d'après Fenris. Pourtant, j'ai beau être impatiente à l'idée d'enfin voir à quoi ressemblent les Enfers et de retrouver ma mère, je me sens mal à l'aise. Je ressens comme une gêne, comme si quelqu'un ou quelque chose de malveillant me suivait du regard. Je regarde rapidement autour de moi, ne souhaitant pas plus que cela me retrouver à nouveau face à une créature abracadabrante et à fort potentiel mortel. Ne voyant rien, je me décide à interpeller Fenris.

- Fen, j'ai l'impression que nous sommes suivis... dis-je tout bas, de peur d'être entendue par nos poursuivants, quels qu'ils soient.

Le démon aux yeux d'or ne me répond pas, se contentant de hocher sèchement la tête tout à détaillant le paysage morne qui nous entour. Des rochers gris, quelques arbres rabougris, de la poussière et pas un brin de soleil. Un lieu désolé et déprimant comme je n'en ai jamais vu auparavant. Mais dans cet endroit sans vie, quelque chose attire soudain main attention.

Une sorte de sifflement, comme un chuintement parvient à mes oreilles. Je tourne la tête dans toutes les directions et finis par trouver l'origine du son. On dirait une fleur...

La chose qui se tient à quelques mètres sur ma droite siffle de plus en plus fort, tentant visiblement d'attirer mon attention. Je sais que je ne devrais pas m'approcher, mais c'est plus fort que moi.

Sans rien dire à Fenris, je dévie de notre route pour arriver à la hauteur de l'étrange fleur-serpent. Sa tête est entourée de pétales d'un blanc pur et son corps est du vert charmant qu'arborent les tulipes au printemps, terminé par des teintes plus sombres couleur terre, comme si son être se terminait par des racines terreuses. Ses grands yeux globuleux me fascinent. J'approche ma main, tentant de toucher la créature qui me dévisage, l'air curieux. Elle finit néanmoins par poser sa tête fleurie sur ma paume tendue. Ses pétales sont d'une douceur incomparable.

Accaparée par cette merveilleuse petite chose, je ne me rends compte que quelques minutes plus tard qu'une foule de ces petits êtres mi-fleur mi-serpent m'entoure. Tous me regardent en silence, le regard calme, serein et dénué de toute méchanceté. Le concert de leurs sifflements me berce, si bien que je ne me rends même plus compte du temps qui passe, et encore moins de l'absence suspecte de Fenris. Tout ce qui me vient à l'esprit, c'est que ces petites créatures ont certainement besoin de moi. Alors je reste là, agenouillée parmi elles en souriant béatement.

Rien ne bouge, tout est calme. Seuls les petits êtres fleuris ondulent sous un vent imaginaire. C'est peut-être mon imagination, mais j'ai l'impression qu'ils grandissent chaque minute un peu plus. Mais je n'ai pas peur. Si ces étranges choses avaient voulues me tuer, elles l'auraient fait depuis longtemps. Tant que je n'utilise pas ma magie ici, tout va bien.

Soudain, je perçois des pas précipités et le tintement métallique caractéristique d'une lame d'excellente qualité. Je tourne doucement la tête pour voir Fenris aux prises avec mes nouveaux compagnons. Il tranche en deux ces créatures qui reviennent chaque fois plus nombreuses pour l'empêcher d'approcher, grandissant à son approche et tentant de le mordre à la moindre occasion.

Je me relève, prenant soudain conscience qu'il risque sa vie pour rien, puisque ces créatures ne sont visiblement pas animées de mauvaises intentions, et demande aux fleurs-serpents de le laisser passer. Les créatures ne m'écoutent pas et continuent de cracher leur venin ou que sais-je encore sur Fenris qui n'a de cesse de les découper en rondelles.

Je me tourne alors vers le premier être qui m'avait interpellée.

- S'il-te-plait, laisse-le passer, c'est un ami, il ne vous fera pas de mal, il est là pour me protéger.

Ex Nihilo -2- Si vis pacem, para bellumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant