L'ART DE T'AIMER

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MOONLIGHT

La dernière fois que j'avais autant pleuré, c'était à son anniversaire.

Et la dernière fois que j'avais autant pleuré, j'étais dans ce sous-sol. Décidément, rien de bon ne peut se produire lorsque je m'y trouve. Cette pièce est maudite, et il faut que je m'en échappe le plus rapidement possible. Je ne pourrai pas supporter une seule seconde de plus dans cet endroit, en sa présence. Pourquoi faut-il que les mots venant de lui soient toujours plus douloureux que si une autre personne les prononçait ?

Pourquoi Jake est-il celui qui parvient à me faire pleurer aussi facilement ?

Il m'a dit que je finirai seule. Je n'aurais jamais dû venir. Je savais que c'était une mauvaise idée, j'aurais dû rester chez moi et continuer d'essayer de le détester.

Je suis tellement stupide. Qu'est-ce que je croyais ? Qu'après tout ce temps, il voudrait toujours avoir quoi que ce soit à faire avec moi ? Il a le droit d'être en colère, après tout. Il a raison sur toute la ligne, j'ai encore agi en égoïste. Et le voici, le problème : je suis égoïste même quand je ne le veux pas.

Cette fois-ci, c'est lui qui m'a repoussée. J'ai ouvert les yeux beaucoup trop tard. J'imagine que c'est le karma.

Je n'ai goûté qu'à ma propre médecine. Mon année n'aurait pas pu mieux commencer.

Le coeur lourd, je monte les escaliers. Je m'éloigne de ce sous-sol, de lui.

- Moonlight.

Mon cerveau me dit d'arrêter, mais il n'a aucun contrôle sur mes jambes à ce moment. Je continue de monter les marches, comme si je tentais de remonter à la surface de la mer. Si je ne nage pas, Jake aura le temps de me tirer vers le bas. Et je me noierai, cela ne fait aucun doute.

J'entends ses pas se rapprocher, et sans que je m'y attende, il enroule sa main autour de mon poignet. Sa poigne est douce, comme s'il craignait de me casser en morceaux. Et cette fois-ci, je m'arrête.

Mais je ne me retourne pas.

- Moonlight s'il te plaît, regarde-moi.

Je presse mes paupières ensemble. Elles seules empêcheront mes larmes de s'échapper à nouveau. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si douloureux.

- Moonlight.

Sa voix n'est plus qu'un murmure, dans lequel je perçois un léger bris. Curieuse, je tourne lentement la tête vers lui. Il affiche un air grave. Ses yeux verts sont devenus livides, et je ne peux y lire que de la tristesse. Il se sent mal.

- Je t'assure que je ne comptais pas dire ça. Je ne sais pas comment j'ai pu... Excuse-moi de m'être emporté...

Je le méritais.

Tu n'as pas à t'excuser.

- Est-ce qu'on peut reparler ? demande-t-il. Plus calmement, cette fois.

Ses yeux me supplient d'accepter.

Alors pour une raison que j'ignore, je le contourne. Je descends les marches.

Et je vais prendre place au bout du canapé.

Jake semble soulagé. Il me rejoint.

Puis c'est à ce moment que nous entendons la porte s'ouvrir. Une voix familière dit alors :

- Jake ?

La personne descend lentement les escaliers. C'est Alice.

- Je croyais t'avoir dit d'être là pour le dé...