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JAKE

- Wow...

C'est enfin sorti. Je lui ai tout dit, sans omettre le moindre détail. Quand je pense que tout ça est vraiment arrivé, ça me donne envie de gerber. Confesser une telle chose s'est avérée beaucoup plus dur que je ne l'aurais cru.

- Comme tu dis, soupiré-je.

Six années, et je n'ai toujours rien oublié. Cela m'étonne qu'après autant de temps, tout soit aussi frais dans ma mémoire. Je revois chaque épisode.

Et je me dis que si les choses sont aussi difficiles à porter pour moi, cela doit être pire pour Moonlight.

Quel con je suis. Moi qui étais irrité qu'elle me repousse sans arrêt, je réalise que lorsqu'on se retrouve dans la position qu'elle occupait dans l'histoire, pardonner ne peut pas être un putain de jeu d'enfant. Je me montrais si impatient, à croire que je lui foutais la pression. Avec le temps, on apprend peut-être à se sentir mieux, à cicatriser, mais on n'oublie jamais. Je lui reprochais de vivre dans le passé, tout simplement parce que ce n'était pas dans mon intérêt. Mais en vrai, je n'avais rien oublié non plus. 

- Je ne savais pas que ça allait si loin, avoue Hailey. Qui d'autre le sait ?

- Les mecs de l'équipe. Apparemment, ils étaient au courant de la vraie version bien avant que tu ne te mettes à parler.

J'observe son expression, presque stupéfaite. On dirait qu'elle tente encore d'assimiler toutes ces informations sur le petit Jake.

- Qu'est-ce que tu penses de tout ça ? lui demandé-je finalement. Sois honnête.

- Sincèrement... je n'en ai aucune idée. Tu viens de me révéler une toute nouvelle facette de ma pire ennemie, et à la même occasion, j'ai découvert que tu étais un intimidateur, alors...

Je lâche un rire sans joie. Quoique rudes, ces mots ne sont que la pure vérité. J'étais un intimidateur.

Merde.

J'étais un intimidateur.

- Est-ce que tu me perçois différemment, maintenant ? je murmure alors, espérant qu'elle me réponde par la négative.

Hailey me regarde, avec une tendresse que je lui ai rarement connue. Elle s'assied à califourchon sur moi, puis place ses mains derrière ma nuque.

- Surtout pas. C'est vrai que je suis sous le choc, mais tu n'es pas quelqu'un de mauvais...

Pourquoi faut-il que tout le monde me dise ça ? Ce que j'ai fait, c'est mal. J'ai besoin qu'on me le dise, merde.

- Écoute, me dit ma petite amie. En tant que garce, je peux te dire que j'ai fait des trucs plus atroces. Et contrairement à moi, les gens ne te méprisent pas.

Distraitement, je saisis l'une de ses mèches et joue avec.

- Tu sais... il n'est pas trop tard pour te détacher de ça. De cette réputation.

Je vois que ces paroles la touchent, seulement, elle détourne le regard.

- Est-ce qu'on peut se recentrer sur le sujet ? souffle-t-elle.

- Tu es sûre que tu n'as pas juste peur que les gens se disent "Merde, alors elle est humaine. Elle a des sentiments et tout ça" ?

Si l'on se fie à ce qu'elle m'a révélé sur la nature de ses agissements, il ne faut pas être un génie pour comprendre que tout ça n'est qu'une couverture. Mais ce personnage qu'elle s'est créé, elle a fini par réellement le devenir. On dirait que son comportement est mécanique, qu'elle n'agit que selon réflexes.

L'ART DE T'AIMEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant