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Comme prévu, Jake passe me prendre à dix-neuf heures. Avant que nous partions, je m'étais fait une petite idée de la distance qui nous séparait de la maison de sa tante, mais s'il y a une chose que je ne savais pas, c'est qu'elle habitait aussi loin. Où trouve-t-elle le temps de passer au bar laitier, ou encore d'aller à la plage située tout près ? N'y a-t-il pas d'endroits similaires un peu plus à proximité de son domicile ?

Lorsque nous entrons dans le quartier en question, je crois halluciner en premier lieu. Les maisons qui bordent les routes sont pour assez dire luxueuses. Les styles moderne et rustique sont très présents, exactement comme dans les catalogues. Je ne m'attendais franchement pas à voir autant de... richesse.

Le soupir que pousse Jake attire mon attention. Ses membres sont raides, et il n'a pas dit un mot de tout le trajet. Je n'ai aucun problème avec ça, mais je réalise maintenant qu'il se passe quelque chose.

- Ça va ? le questionné-je.

Comme s'il ne voulait pas que je voie son malaise - c'est déjà trop tard-, les traits de son visage se détendent. Il me lance un regard en coin.

- Oui. Pourquoi ?

- Tu es tendu. Tu n'as pas envie de voir Alyssa ou quoi ?

Jake se gare finalement dans l'allée, puis éteint le moteur.

- Tout va bien, Moonlight. 

Je n'insiste pas plus, pas moins suspicieuse. Lorsque nous sortons de la Jeep, Jake me propose d'y laisser mes affaires, car elles ne me serviront à rien. Une fois à la porte d'entrée, il appuie sur la sonnette. Tandis que raide comme un piquet, il fixe la porte, je me permets de détailler la maison. Pour la première impression, je donne un dix sur dix. Elle inspire la chaleur et le confort.

- Ne te méprends pas. Cette maison est aussi vide que le vent.

Je reporte mon attention sur le quarterback, intriguée. La porte s'ouvre, laissant apparaître la tante de Jake. Comme je m'y attendais, elle arbore un look tiré à quatre épingles. Son léger maquillage est impeccable, et ses vêtements professionnels sont dépourvus de plis. 

Face à son neveu, on dirait qu'elle ne sait plus trop où se mettre. C'est tellement étrange, elle semble soulagée mais aussi nerveuse. Est-ce Jake qui la met dans un état pareil ?

- Jake, commence-t-elle. Je croyais que tu ne viendrais pas. Karlie est là ?

Le visage de marbre, ce dernier hausse les épaules.

- Eh bien, je suis venu. Comme tu peux le voir. Et non, Karlie n'est pas là.

Un silence troublant s'installe tandis que je réalise qu'ils sont à des années-lumière de la relation neveu-tante que je m'imaginais. Il est évident qu'un fossé a été creusé entre eux.

- Tu ne m'avais pas dit que tu venais accompagné... Comment vas-tu, Moonlight ?

Je vois bien qu'elle essaie de combler le malaise, alors je décide de l'aider en souriant.

- Bien, merci... Votre maison est magnifique en passant.

Elle me remercie, puis nous invite à entrer. Et c'est là que quelque chose me frappe : le contraste entre l'intérieur et l'extérieur est brutal. Tout est très joli, mais Jake avait raison : cette demeure manque cruellement de personnalité. Le décor est si monotone.

- Souhaitez-vous boire ou manger quelque chose ?

Je décline l'offre poliment, tandis que Jake se contente de secouer la tête.

- Bon, hum... Alyssa est dans la cour. Si jamais vous avez besoin de moi, je suis dans mon bureau.

Madame Beth s'éclipse. Sans dire un mot, Jake se remet en marche, et je lui emboîte le pas.

L'ART DE T'AIMEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant