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MOONLIGHT, 10 ANS

J'ai toujours détesté les examens médicaux.

Et pourtant, je dois en passer toutes les trois semaines.

C'est ma faute. Je ne peux blâmer que moi. J'aimerais dire que je n'y suis pour rien.

Mais ce n'est pas le cas.

Le Dr. Fiitzpatrick a les yeux rivés sur la balance.

- Cent kilogrammes. Trois de plus que la dernière fois, affirme-t-il d'un air grave.

- Vous êtes sûr, docteur ? demande ma mère, inquiète.

- Sûr et certain. Venez vérifier par vous-même si vous en doutez.

Maman et Papa se dirigent vers la balance, puis y jettent un oeil. Le docteur leur demande alors :

- Êtes-vous sûrs de lui avoir fait suivre son régime ?

- Oui, bien sûr ! lui assure ma mère.

Fiitzpatrick réfléchit un instant.

- Je dois avouer que c'est plutôt étrange, déclare-t-il en fronçant ses sourcils gris et épais. Mon régime fonctionne auprès de tout le monde, normalement. Tu peux descendre, ma petite Moon.

Je descends rapidement de la balance, en murmurant que c'est Moonlight pour lui. Il ne m'a pas entendue, trop occupé à expliquer à mes parents les procédures à suivre pour un enfant obèse.

Obèse.

L'un des mots que je hais le plus.

- Madame Hopkins, commence le vieil homme. Pouvons-nous parler franchement, entre médecins ?

- Allez-y, répond Maman d'un air sceptique.

- Votre fille est grosse. Vous et moi pratiquons le même métier, alors comment est-ce que sa santé a réussi à vous passer sous le nez ?

Grosse.

"Obèse" n'est pas si mal, finalement.

Ma mère fronce les sourcils.

- Dis donc, vous...

Papa retient doucement Maman par le bras, puis prend la parole. Il a toujours été le plus calme.

- Alors, pour commencer, non, ma femme et vous ne pratiquez pas le même métier. Il s'agit certes de la médecine, mais vous êtes un médecin de famille. C'est une chirurgienne. Je suis désolé, mais il y a une différence !

Il ferme les yeux un bref moment, prenant le temps d'inspirer profondément, puis continue.

- De deux, je vous prierais s'il vous plaît d'utiliser des termes appropriés pour parler de notre fille, surtout en sa présence. Elle a peut-être dix ans, mais elle n'en est pas pour le moins stupide ! Elle comprend ce que vous dites !

Pendant que Papa continue de parler, le regard au sol, je m'habille. J'ai l'impression que ma poitrine se comprime, et je sens une boule dans ma gorge. Des larmes se forment au coin de mes yeux.

"Votre fille est grosse". Comme si je ne le savais pas déjà, il faut en plus que les adultes s'y mettent.

Au début, je ne pouvais rien y faire. Dr. Fitzpatrick m'avait expliqué que j'étais née plus lourde que la moyenne. Il était alors normal qu'à mes cinq ans, j'aie un peu plus de poids que les enfants de mon âge.

L'ART DE T'AIMEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant