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JAKE

Dix-neuf heures viennent à peine de commencer et déjà, la maison est bondée de monde.

Je suis assez impressionné. Ce n'est pas pour être méchant, mais je croyais sincèrement que personne ne viendrait. Je me disais qu'il y aurait à la limite des collègues de travail, mais je ne savais pas que Maman connaissait autant de gens.

Il faut dire qu'elle a fait les choses en grand, cette année. La maison est illuminée grâce à des guirlandes d'ampoules, qui sont suspendues partout. Tout est plongé dans une faible luminosité, mais l'effet est plutôt agréable. Sur l'îlot de la cuisine s'étend un buffet, dans lequel se trouvent les pâtisseries et amuse-bouches que nous avons préparés. Bien qu'aucun thème précis n'a été mentionné pour la soirée, tout le monde s'est mis sur son trente-et-un. Même moi.

Cette tenue que je porte ne me plaît pas du tout. Ce pantalon cargo beige est serré comme ce n'est pas possible, et il ne retient aucune chaleur, merde. La seule raison pour laquelle j'ai accepté de le porter, c'est à cause de son apparence, qui se rapproche de celle d'un jogging (les pantalons jean, c'est bidon). Comme si ce n'était pas assez, j'ai sur le dos cette chemise blanche, que j'ai dû échanger contre mon haut initial. Apparemment, un sweat blanc n'est pas assez "chic".

Heureusement, Papa et moi sommes dans le même bateau. Il a lui aussi été contraint de porter des vêtements ringards. Ouais, on a dû se soumettre aux ordres de l'organisatrice.

Tandis que mes parents s'occupent de faire visiter les lieux aux arrivants, moi, je dois les accueillir. Je n'en avais aucune envie et pourtant, c'est Maman qui m'y a forcé. En gros, je dois me poster près de la porte et attendre que la sonnette retentisse, en plus de sympathiser avec des gens dont je n'ai jamais entendu parler.

Je décide d'aller me prendre quelque chose à manger. Mon ventre ne cesse de gargouiller depuis tout à l'heure, et c'est insupportable. Ma mère tenait à ce que je mange un peu plus tard, pour s'assurer que "les invités puissent se servir". C'est limite offensant, parce que j'ai tout de même contribué à l'existence de ce buffet. La moindre des choses serait que le droit d'y goûter me soit accordé.

Avant même que j'aie eu le temps d'enfourner un deuxième morceau de gâteau, le bruit de la sonnette parvient jusqu'à mes oreilles.

- Jake ? m'appelle ma mère d'une autre pièce.

- C'est bon, j'y vais, grommelé-je.

Je traîne le pas jusqu'à l'entrée, agacé d'avoir été interrompu. En ouvrant la porte, je me retrouve face aux Hopkins. 

Je manque de m'étouffer avec ma salive, tant je suis surpris.

- Bonsoir Jake, me salue Monsieur Hopkins.

En souriant, il me tend une bouteille de champagne.

- Pour tes parents. C'est gentil de nous avoir invités.

Les parents de Moonlight se sont aussi vêtus élégamment. Monsieur Hopkins porte une chemise noire assortie avec un pantalon de smoking, tandis que Madame Hopkins a opté pour une robe mi-longue de couleur bourgogne.

Il s'agit de la première fois que je les vois depuis ce jour où je me suis rendu chez eux pour y trouver mes parents. Je ne les ai pas quittés de la manière la plus polie, mais leur fille avait vraiment joué avec mes nerfs, cette journée-là.

Pourtant, les voilà devant moi, souriants.

Ne sachant pas quoi dire, je saisis la bouteille.

- Merci. Euh...

Je jette un coup d'oeil derrière eux, avant de constater qu'ils sont venus seuls.

- Où est Moonlight ?

Pas que cela m'intéresse, bien entendu. Je ne demande ça que par simple curiosité.

Les parents de Moonlight échangent un regard entendu, et il ne m'en faut pas plus pour comprendre.

Madame Hopkins se tourne alors vers moi. 

Avec un sourire plus formel, elle finit par dire :

- Elle viendra.

Et sans plus attendre, je les laisse entrer.

L'ART DE T'AIMEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant