L'ART DE T'AIMER

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La fin de semaine, je n'ai répondu à aucun message.

Lorsque je suis arrivée chez moi vendredi soir, j'ai reçu environ trente notifications, toutes de mes amis. Évidemment, la plupart étaient de Karlie. Elle m'en veut beaucoup, ça ne fait aucun doute. Le contraire serait étonnant ! Pas plus tard que ce matin, après m'avoir envoyé des millions de textos auxquels je n'ai pas répondu, elle m'a encore écrit.

Karlie: Je te vois demain. ET CROIS-MOI ÇA VA SACRÉMENT CHAUFFER POUR TOI !!! T'AS BEAU M'IGNORER EN TEXTO, TU POURRAS PAS LE FAIRE À L'ÉCOLE !!! J'ESPÈRE POUR TOI QUE T'AS UNE BONNE RAISON D'AVOIR FRAPPÉ MON FRÈRE !!

D'autres personnes m'ont plutôt demandé des explications. Ils ont dit que la façon dont j'ai agi ne me ressemblait pas du tout, que j'ai été folle de "me jeter " sur une personne que je venais à peine de rencontrer.

S'ils savaient.

Je sais qui est Jake Evinson, croyez-moi.

Je frappe le plus fort que je peux dans le punching-ball, puis grimace de douleur. Après avoir asséné un coup-de-poing à Jake, je suis rapidement allée voir une infirmière. Heureusement, il n'y a rien eu de cassé, mais j'ai de légères ecchymoses sur les jointures. Ça n'a l'air de rien, mais ça fait assez mal.

Dieu merci, je suis gauchère. Je n'aurai donc aucun mal à continuer mon portfolio.

- Quelqu'un est en colère à ce que je vois ! s'exclame une voix féminine.

Avant que le sac ne me percute, je l'immobilise, et me retourne. Je reconnais immédiatement Amy, la petite amie de Jax. Nous ne nous parlons pas souvent, mais comme moi, elle va régulièrement à la salle de sport.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Je connais déjà la réponse.

Amy semble hésitante.

- Je n'étais pas au match, mais... Jax m'a expliqué ce qui s'était passé, alors... Tu vois. Et je pense en fait que j'ai été la dernière à être au courant, parce que je te mentirais si je disais que presque toute l'école n'en parle pas... C'est que les nouvelles vont super vite.

- Crois-moi, je sais, soupiré-je avant de donner un autre coup.

Disons que je ne passerai pas très inaperçue, demain.

Après s'être procuré un ballon de yoga, Amy s'installe près de moi, et attache ses longs cheveux bruns.

- Mais pourquoi est-ce que tu l'as frappé ? demande-t-elle. Attends, tu sais quoi ? Je vais deviner.

- Ce n'est même pas la peine d'essayer, tu ne devineras jamais.

- Mais oui, attends... Voyons voir... Tu l'as connu quand vous étiez enfants ?

- Et qu'est-ce qui te fait croire ça ? demandé-je.

- Ben... Si je ne me trompe pas, le nouveau n'a jamais mis les pieds ici.

- Enfin, quelqu'un réfléchit ! constaté-je. Tu es bien la seule.

- Qui est assez bête pour croire que tu l'as frappé pour le plaisir ? rit Amy. Je veux dire, tu as suivi des cours de combat, mais tu ne t'es jamais battue avec un élève. Si c'est ce vendredi, en terminale, que tu as décidé de montrer les griffes, c'est qu'il y a une bonne raison !

Cela va faire plus d'une heure que je donne des coups. Jugeant que je me suis assez défoulée, je m'assois et saisis ma bouteille pour boire de l'eau.

- Je ne me suis pas battue, rectifié-je. J'ai seulement flanqué à cet idiot un coup bien mérité. Dure comme sa mâchoire était, je suis certaine qu'il s'en est déjà remis.