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MOONLIGHT

Que représente l'art pour moi ?

C'est une bonne question. Je n'y avais jamais réfléchi, mais aujourd'hui, je n'ai pas le choix.

Que puis-je en dire ? L'art, c'est tout pour moi. C'est une bouée de sauvetage, qui a su garder ma tête hors de l'eau au moment où je croyais sombrer. L'art m'a compris bien mieux qu'aucun autre thérapeute n'aurait pu.

Lorsque j'étais petite, j'avais l'impression qu'il s'agissait vraiment de la seule chose que je pouvais contrôler. Je m'exprimais à ma façon, je créais mon propre monde, un monde auquel personne ne pouvait accéder.

Dans le temps, c'était aussi une manière d'envoyer silencieusement un doigt d'honneur à tous ceux qui me faisaient du mal. Ces monstres, j'en faisais des caricatures. Je leur ajoutais plein de défauts et la plupart du temps, je les dessinais aussi gros que je l'étais...

Non.

En faisant une grimace, je regarde longuement la ligne que j'ai écrite, puis la barre finalement. Je vais faire abstraction de cette partie-là. L'académie n'a pas besoin de savoir absolument tout, il est inutile d'entrer dans de tels détails. Uniquement l'essentiel.

Le vent souffle plus fort qu'à l'habitude, si bien que j'en ai la chair de poule. Mais ce n'est pas désagréable. Agissant avec insouciance, les plagistes semblent être du même avis. 

Pour éviter de me laisser distraire, je me suis installée dans un petit coin isolé, sous un palmier. Je ne sais pas pourquoi, lorsque je suis dehors, je sens le besoin de m'asseoir près d'un arbre. J'imagine que cela me permet de me concentrer, de réfléchir. C'est une habitude que j'ai prise depuis mon plus jeune âge. 

Après avoir bu une gorgée de mon Blue Raspberry Slushie, je me replonge dans mon travail. J'ai toujours détesté la framboise bleue, mais je dois admettre que ce n'est pas si mal, finalement. Mais l'orange reste ma saveur préférée.

Quarante-cinq minutes plus tard, je m'accorde une pause. Environ cinq pages ont été noircies de mon écriture. C'est un peu brouillon, mais je peaufinerai le tout à l'ordinateur. Au moment où je ferme mon cahier, j'entends mon téléphone vibrer. Je l'époussette vaguement, avant de regarder qui m'a envoyé un message.

Steve: Hey

Après ce qui s'est passé hier, nous ne nous sommes même pas adressé la parole. Pour éviter de nous mettre dans une situation inconfortable, j'écris:

Moon: Hey. L'entraînement s'est bien déroulé ?

Steve: Ouais, comme d'habitude. Mais ce n'est pas pour ça que je t'écris. Il faut... il faut qu'on parle.

Moon: Vas-y, je t'écoute

Steve: Bon, voilà... je suis désolé pour hier. Je n'aurais pas dû réagir comme ça en apprenant pour Jake et toi.

Je fixe le message longtemps. 

Moon: Tu m'étonnes.

Steve: Mais il faut que tu me comprennes. Je tiens beaucoup à toi, Stella. Je n'arrive pas à être tranquille en sachant que ce mec t'a fait du mal par le passé. 

Moon: Steve, je le sais bien, que tu tiens à moi. Moi aussi, et c'est justement pour ça que je n'ai pas envie qu'on soit fâchés pour si peu. T'es adorable, mais tu ne peux pas me demander de ne plus être amie avec lui. Nous venons tout juste de nous réconcilier et de toute manière, c'est mon choix.

Steve: Ok, c'est vrai, mais comment peux-tu lui pardonner après ce qu'il t'a fait ? Je ne te comprends pas.

Moon: Je ne te demande pas de comprendre, juste de respecter mes décisions. 

L'ART DE T'AIMEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant