Je peux ? Je dois ?

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Résumé du chapitre précédent : Tom cherche des conseils pour se rapprocher d'Harry auprès de Balthazar. Il apprend que Sirius quitte Poudlard pour les vacances de noël, et pense donc avoir sa chance de retrouver Harry à ses côtés. Cependant, Harry se montre plus hostile que jamais envers lui.

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Sirius,

Je ne tiens pas à te déranger alors que tu es avec ta famille, mais il y a quelque chose dont il faut que je te parle. J'aurais bien demandé à Sev ou à Bal (parce qu'ils sont là et que je sais que je ne les dérangerais pas) mais leur avis est biaisé sur la question, et j'ai vraiment besoin d'aide. Est-ce que tu te souviens de Tom Jedusor ? Je crois que j'ai dû te parler de lui une ou deux fois. Avant, nous étions... amis ? Je suppose que nous étions amis. Je suppose que tu pourrais toujours techniquement nous appeler des amis maintenant. Il était possessif et manipulateur et grossier. Honnêtement, je ne sais même pas pourquoi je me pose encore des questions. Il a fini par me dire d'aller voir ailleurs, de me faire d'autres amis et a arrêté de me parler, sauf pour qu'on se dispute. Et les disputes... eh bien, c'étaient pire que des disputes. C'était comme si on voulait vraiment que ça marche, comme si c'était notre dernière chance que ça marche, et quand ça ne marchait pas, on n'arrivait pas à canaliser nos réactions. C'était comme si on était dans un duel de magie, sans personne pour nous seconder, et que nos baguettes étaient des lames empoisonnées, ou quelque chose comme ça. C'est difficile à expliquer. Mais après, je finissais toujours par essayer de cacher mes larmes quelque part.

Mais...

Je ne sais pas. Ce n'était pas tout, je sentais sa coquille se briser et je–

Il m'a offert Balthazar. Il voulait me demander pardon, et j'ai eu du mal à savoir si je devais le pardonner ou pas. Il veut que je le pardonne, et prétende que rien ne s'est jamais produit.

J'ai envie de le faire, mais tu vois, le problème n'est pas de pardonner. Je lui ai déjà pardonné bien pire. Au point où j'en suis, je lui pardonnerai sans doute tout et n'importe quoi. Il était mon premier ami. Il était la première personne pour qui j'ai compté après avoir été abandonné. Je m'inquiète pour lui ? Il passe son temps à prétendre le contraire (probablement qu'il enverrait même des maléfices à tous ceux qui le lui diraient en face), mais il tenait à moi aussi. Je n'arrive seulement pas à savoir si c'est une raison suffisante pour le laisser revenir dans ma vie.

— Harry

— O —

Harry,

Tu ne pourrais même pas me déranger si tu essayais vraiment. Est-ce que tu as vu Remus, Peter et James ? Même si on reste ensemble pendant presque tout l'été, je n'arrête pas de recevoir des hiboux, et certains d'entre eux n'apportent que des farces et des trucs affreux.

J'aurais bien aimé que tu me parles de Jedusor plus tôt, sûrement parce que tu as l'air d'être à moitié amoureux de lui. C'est le grand type qui passe son temps à froncer les sourcils, c'est ça ? Celui qui peut parler le (légèrement terrifiant) langage des serpents ? On dirait que tu n'as pas vraiment besoin de mon aide, puisque tu me dis que tu l'as déjà pardonné et que tu traînes avec lui. Qu'est-ce qu'il y a d'autre ?

— Sirius

— O —

Sirius,

Oui. Est-ce que tu pourrais, peut-être, répondre à ma question ?

— Harry

— HARRY —

Oh, comme c'est brillant. Tu l'as déjà laissé revenir. Vraiment brillant, Harry ! Severus Snape t'en avais déjà parlé. Ce n'est pas une bonne nouvelle–

Je regarde la lettre. Sirius ne veut pas que je laisse revenir Tom à mes côtés. Sev ne veut pas que je le pardonne, au point même qu'il essaye d'utiliser Sirius contre moi. Bellatrix se ferait des jarretelles avec mes tripes avant de me laisser aller où que ce soit avec Tom si elle savait ce que j'ai en tête maintenant. Je vais le pardonner, pour tout ce qu'il a fait. Il faut que je le fasse. C'est ridicule d'accepter d'oublier toutes les vies qu'il va détruire si j'échoue, celles qu'il a déjà détruites quand j'étais en vie, mais de ne pas accepter qu'il ne soit pas très gentil, et qu'il craint quand il s'agit de résoudre des problèmes.

Je savais depuis le début, et je sais maintenant que je ne peux pas laisser mes sentiments intervenir.

« Je sais que tu es là, Tom, je dis.

— Comment ?

— Je te connais, c'est tout. »

Je me retourne pour lui faire face. Il sort des ténèbres où il se cachait depuis trois jours, à me tourner autour et à attendre que je prenne ma décision. Un jour, j'espère être en mesure de lui faire comprendre à quel point il peut être terrifiant quand il fait ça.

« Je veux que tu saches que je te pardonne, Tom Jedusor. J'ai agi comme un gamin. Quand j'ai vu que tu étais prêt à changer, j'aurais dû... Mais j'ai juste... je commence. »

Il me sourit.

« Je sais que tu ne dirais jamais les mots "je suis désolé", et que tu vas probablement recommencer parce que tu es comme ça, je continue.

— Je suis comme ça ? il demande.

— Tu te renfermes derrière un mur et tu repousses tout le monde. Mais tu as besoin d'amis. Tu as besoin de personnes qui refusent de se laisser repousser. »

Tu as besoin de moi. Ceux qui ont des amis n'ont pas en tête de torturer des animaux et d'être prêt à tout pour des histoires de vengeances. Peut-être que s'il avait quelqu'un, il ne se serait pas laissé-allé au mal. Peut-être que ses plans de devenir un homme politique, ou peu importe ce dont parle sans cesse Lucius Malfoy, peut aboutir à quelque chose.

Il pense que je ne peux pas l'entendre, la nuit, quand il parle à Bal, donc il ne fait pas aussi attention que moi. J'ai foi en lui. Je pense qu'il peut faire des choses merveilleuses. Tout le monde a besoin de quelqu'un pour équilibrer sa vie.

Il serre les dents, et je peux déjà dire qu'il va remettre son mur en place.

« Personne n'a besoin de savoir, Tom. Mais tu ne devrais pas cacher toutes tes faiblesses tout le temps. Ce sont elles qui te rendent humain. Et quel humain tu fais ! Tu n'as rien besoin de prétendre avec moi, Tom. Je ne vais pas partir. Et je n'ai pas peur de te regarder dans les yeux. Je sais déjà ce que je vais y trouver, et je n'ai pas peur. »

Je tends les bras.

« Il n'y a personne ici, je dis. Personne à part nous. D'accord ? Juste nous, encore une fois, hein ?

— Nous, et Sirius, et Bellatrix, et Severus, et Lucius, et Macnair, grogne Tom. »

C'est vraiment drôle qu'il appelle tout le monde par leurs prénoms, sauf le garçon qu'il mène par le bout du nez.

« Nous... ça ne tient pas, c'est sûr. Mais personne n'a jamais dit que nous, ça ne devait être que deux personnes.

— Moi, si, répond-il sèchement. »

Oh, mais mon petit Tom, ce n'est pas sain. Je triture la lettre dans mes mains. Faire mon devoir est toujours tellement difficile avec lui, tout comme avancer dans ma vie. Je veux... le protéger ? Non, ce n'est pas ça. Il est fort et capable de le faire seul. Ceux qui ne le connaissent pas l'aiment autant qu'il les terrifie. C'est une forme de popularité, je suppose. Peut-être que je suis juste plus ouvert et sentimental à cause de Sirius, mais je me demande si quelqu'un a déjà vu Tom tel qu'il est vraiment.

« Nous sommes le soleil, et ces personnes que nous connaissons – ce sont des planètes, dit Tom. Nous brillons. Nous sommes éternels. Je ne pourrais jamais survivre en étant la moitié de qui je suis. Tu ne comprends pas ? Tu es mon équilibre naturel. Avec toi... le destin nous a réunis. Il se fait cruel dès qu'on essaye de se séparer. »

Il pense qu'il a besoin d'être entier, mais bientôt, si je ne parviens pas à l'arrêter, il sera séparé en sept, et il ne cillera plus pour rien.

« Je suis ta moitié, je réponds. »

Je vais devoir l'être pour le reste de sa vie. Sirius ne va vraiment pas aimer ça.

Pour le Bien CommunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant