Inaccessible Bretonne Tome 2 (Terminé)

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Tiago

Azilis est blottie, tout contre moi. Je lui raconte ce qu'a été ma vie durant mon enfance, faite de voyages et de rencontres. C'est ainsi que, le regard rivé aux flammes qui dansent devant nous, je lui évoque ma rencontre avec Tegan et Lisa, enfin ce que l'on m'en a rapporté puisque je n'étais âgé que d'un an à l'époque. Elles, venaient de naître.

— De ce que ma mère m'a raconté, Clara, la mère de Tegan, est arrivée ici, à ce même endroit, à cheval avec un bébé dans les bras. C'était Tegan. Ma mère m'a dit que c'était un beau bébé aux cheveux blonds. Elle avait déjà de très beaux yeux. Je pense même que ma mère est tombée immédiatement sous son charme. Il faut dire qu'un nouveau-né blond aux yeux verts n'est pas commun dans notre communauté. Nous avons tendance à avoir les cheveux et les yeux bruns.

Azilis se redresse légèrement et me dévisage un instant.

— Toi, tes cheveux sont plus noirs que bruns et il en est de même pour tes yeux. Ils sont si foncés qu'on arrive à peine à distinguer tes pupilles. Il faut regarder de très près pour les différencier de tes iris.

Elle se rapproche imperceptiblement de moi et me regarde au fond des yeux, comme pour étayer ses dires. Elle n'a jamais été si proche de moi. J'ai une envie terrible de poser mes lèvres sur les siennes. Elles ne sont qu'à quelques centimètres de moi, et pourtant elles sont hors d'atteinte. Si je me penche maintenant et que je l'embrasse, je sais que je vais rompre le charme de cet instant. Elle va se replier une fois de plus sur elle-même. Peut-être même me gifler. Et cette fois-ci elle le fera intentionnellement, j'en suis persuadé.

A-t-elle senti mon désir pour elle ? Je ne l'ai pas touchée ailleurs que sur son bras, mon bras toujours autour de ses épaules. J'ai tenté, tant bien que mal, de refouler mes pulsions. Pourtant je sens son corps se contracter contre moi. Elle détourne le regard, rompant le lien qui commençait tout doucement à se tisser entre nous, infime, fragile et délicat, mais pourtant bien là.

Elle se blottie de nouveau contre moi, sa tête nichée au creux de mon épaule. Au bout de quelques minutes d'un silence oppressant, elle se détend à nouveau, calant sa respiration sur la mienne.

— Continue ton récit, s'il te plaît Tiago.

Encore cette petite voix d'enfant qui me supplie de lui faire plaisir. Peu importe ce qu'elle me demandera avec ce timbre qui n'est propre qu'à elle, je sais déjà que je ne pourrais jamais rien lui refuser.

— Où en étais-je ? Ah, oui... Donc Clara a débarqué avec Tegan. Avec ma sœur, elles ont quasiment le même âge. Tous les été, on se retrouvait tous ensemble ici. Des fois même dans l'année. Enfin bref, Tegan est devenue une amie que je voyais trop peu souvent à mon goût, mais sur qui j'étais sûr de pouvoir compter. En grandissant, on se parlait au téléphone, avec l'aide de nos parents. Puis on a fini par se débrouiller seuls. Et lorsque les téléphones portables sont arrivés en notre possession, je crois que ça a été le début d'une toute nouvelle relation. On pouvait s'écrire et s'appeler quand on le voulait. Ça nous a encore rapprochés. Et même si nous vivions à des dizaines de kilomètres l'un de l'autre, on était inséparables.

« Nos parents ont toujours pensé que Tegan serait plus proche de ma sœur, du fait qu'elles avaient le même âge et que c'étaient des filles. Mais manque de bol, ils n'ont pas pensé un seul instant que Tegan aurait un côté garçon manqué qui m'irait parfaitement. Pendant longtemps, nos parents étaient persuadés qu'on finirait par sortir ensemble. Je crois qu'on a fini par les détromper lorsque Tegan a eu quinze ans, j'en avais seize. On leur a expliqué que nous ne serions jamais plus que ce que nous étions. Des amis très proches, un frère et une sœur en fait. A nous voir évoluer ensemble, ils ont fini par l'admettre et nous laisser tranquille.