14

28 1 0
                                    

Tiago

Azilis, toujours assise sur mes genoux, lovée contre moi, rougit considérablement. Et ce simplement parce que je lui ai demandé si elle avait aimé m'embrasser. Quelle aurait été sa réaction si nous avions fait l'amour et que je lui avais alors demandé si elle avait pris son pied ? A changer de mecs comme de chemises, je la croyais plus ouverte, moins gênée par le sujet. A présent, je me rends compte que c'est une façade qu'elle s'est construite au fil du temps. A moins que ce ne soit moi qui l'intimide ? Non, impossible. Je n'ai jamais intimidé une fille et ce n'est pas près d'arriver. Et, là, nous parlons d'Azilis, cette magnifique jeune femme, mystérieuse, à la vie sexuelle très active. Je ne me vois pas du tout la déconcerter.

Cependant, même si elle m'a avoué avoir apprécié ce baiser, où celui-ci nous mènera-t-il ? Envisage-t-elle d'essayer quelque chose avec moi ou reste-t-elle sur sa position de l'amitié ? Je me retrouve de plus en plus perdu dans cette histoire. Il m'est bien difficile de comprendre ses intentions. De plus, je ne veux surtout pas m'emballer, de peur de souffrir encore plus lorsque mes illusions se seront dissoutes. Mais si ce n'était pas des chimères, si elle m'aimait un peu, juste assez pour me laisser ma chance ? Comment lui en parler sans la braquer ?

Prenant une profonde inspiration, je tente de me calmer, d'éteindre le brasier qui brûle au fond de moi depuis qu'elle a posé ses lèvres, douces et pulpeuses, sur les miennes. Des larmes de joie, de doute aussi, tremblent au bord de mes yeux, prêtes à dévaler mes joues à la moindre occasion. Je m'en veux d'être aussi émotif. Je n'ai jamais su dissimuler mes sentiments, quels qu'ils soient. Cela me hante de paraître faible devant elle, magnifique créature, qui a connu bien plus d'hommes que je ne saurais l'imaginer, forts et virils.

Loin de moi de me croire faible ou chétif. Je sais pertinemment que mon corps musclé et ferme me fait paraître viril. Il est vrai que ma sensibilité peut souvent jouer en ma défaveur sur ce point-de-vue-là. J'espère tout simplement qu'Azilis ne m'en tiendra pas rigueur. Elle est la seule à m'avoir vu verser quelques larmes, en dehors de mes proches. Mes parents, ma sœur ainsi que Tegan, Lisa et leurs petits amis m'ont vu pleurer à chaudes larmes, plus d'une fois. La dernière étant justement liée à Azilis.

Cette pensée me ramène quelques semaines en arrière, au moment où je suis arrivé au centre. J'étais au bout du rouleau. Azilis me manquait plus que tout. J'étais persuadé que je ne la reverrais jamais. Je pensais devoir annuler mon transfert à la fac de Saint-Brieuc. J'ai passé des semaines à imaginer ce que je ferais si elle me rappelait. Mon téléphone n'a jamais sonné. Après le dernier message qu'elle m'a laissé, me disant adieu, je n'ai plus eu de nouvelle d'elle.

Enfin plus de nouvelle émanant d'elle directement. Mais Youna, fidèle à elle-même, n'a pas voulu abandonner. Elle m'a régulièrement contacté afin de me dire comment aller Azilis. Apparemment, pas fort. Elle se trouvait dans un état dépressif, Youna avait toutes les peines du monde à la faire sortir de chez elle. Il faisait beau, la mer n'était pas loin, mais elle ne voulait pas aller se baigner ou se faire bronzer sur la plage, comme elle le faisait tous les ans depuis sa plus tendre enfance. Elle a grandi au bord de la mer, elle n'a pas supporté sa vie à Paris, si loin de chez elle. Et pourtant, elle ne voulait pas profiter de ce qui lui avait tant manqué. Allez comprendre.

Youna persistait à me dire que je lui manquais. Elle avait certainement raison puisqu'Azilis a fini par me rejoindre. Selon Youna, Azilis a passé le plus clair de son temps devant son ordinateur, à écrire sans relâche, un casque diffusant de la musique sur les oreilles. Azilis a consenti à ce que sa meilleure amie passe quelques jours chez elle. Et d'après Youna, ses jours et ses nuits étaient loin d'être calmes.

Inaccessible Bretonne Tome 2 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant