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Azilis

Cela fait plusieurs minutes que nous sommes assis sur ce tronc, contemplant le spectacle de la nature qui s'offre à nous. Tiago m'a une nouvelle fois dit qu'il m'aimait. Le savoir me réchauffe le cœur, l'entendre me propulse sur un nuage. Il faut vraiment que j'analyse toutes ces nouvelles sensations. La seule qui pourra m'y aider est sans nul doute Youna, ma meilleure amie. Je dois l'appeler, et ce dans les plus brefs délais. N'ayant pas la patience d'attendre plus longtemps, je me tourne vers Tiago.

— Ça te dérange si on rentre ?

Il plonge son regard sombre dans le mien et s'inquiète une nouvelle fois pour moi. Je pense qu'il passe son temps à se préoccuper de mon bien être et ce bien avant de penser à lui. Est-ce cela qui me plaît tant chez lui ? Est-ce cela qui a anéanti toutes mes barrières ? Pas le temps de réfléchir à tout cela maintenant. J'ai besoin de Youna pour faire le point. Seule, je ne m'en sortirais jamais.

La réponse de Tiago me sort de mes pensées.

— Non, bien sûr que non. Tu n'as pas froid ?

— Non, contre toi, le froid ne m'atteint pas.

Je le rassure comme je le peux, esquissant un petit sourire auquel il répond. Une fossette se dessine sur sa joue droite et je le trouve encore plus craquant. Tiago se lève, me gardant dans ses bras musclés. Il me porte ainsi jusqu'à son cheval qui nous attend patiemment, non loin du sentier que nous avons emprunté. Si on m'avait dit, il y a encore quelques heures, que j'accepterais d'être dans les bras d'un homme et que de plus je m'y sentirais en sécurité, jamais je ne l'aurais cru. A regret, Tiago me dépose au sol, avec une grande douceur.

— Tu montes normalement ou je demande à Apache de se coucher ?

Le ton qu'il emploi démontre à quel point il est toujours aussi prévenant. Il me laisse le temps de me décider et ne me brusque pas, geste que j'apprécie à sa juste valeur. Ça m'embête de demander à ce pauvre animal de se coucher, rien que pour moi. J'ai appris, grâce à des documentaires télévisés, que les chevaux sont des animaux très craintifs. De ce fait, ils n'ont pas pour habitude de passer beaucoup de temps couchés. Cette simple information m'aide à prendre ma décision.

— On va essayer la manière habituelle. Par contre je ne pense pas que je pourrais me lancer comme tu le fais sur son dos.

Tiago, d'un seul geste, réussit à se hisser sur le dos de son cheval. A chaque fois, le voir faire, me ramène aux reportages que j'ai déjà visionnés concernant les voltigeurs. C'est à ce moment précis que je me souviens que Tiago fait effectivement de la voltige. Son coma était dû à un accident de voltige. Il était avec sa sœur, c'est ce qu'il m'avait expliqué.

Tiago passe derrière moi et me pousse délicatement vers Apache, me ramenant doucement à la réalité. Sa voix murmure à mon oreille. Je crois que je ne pourrais jamais me passer de ce son si doux.

— Ne t'en fais pas, je vais t'aider. Place-toi contre son flanc et attrape sa crinière.

Sur ce, il attrape ma jambe gauche, au niveau du tibia, et me propulse sur le dos de son cheval. Sans même que je m'en aperçoive, d'un seul geste, il atterrit sur le dos d'Apache, juste derrière moi. Une seconde plus tard, nous avançons sur le sentier qui nous ramène au camp. Tout le trajet se passe dans le plus grand silence. Le seul fond sonore qui se fait entendre est le bruit du vent dans les feuilles des arbres ou l'eau de la rivière courant à nos pieds. Je comprends à présent le goût de Tiago pour la nature, belle et sauvage. Son engouement me rappelle le mien, pour ma Bretagne natale, la mer à perte de vue.

Inaccessible Bretonne Tome 2 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant