Inaccessible Bretonne Tome 2 (Terminé)

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Azilis

Dans les bras de Tiago, assise sur ses genoux, je reprends enfin conscience de la réalité qui m'entoure. Jetant un regard à l'horizon, je distingue ce que Tiago a voulu partager avec moi. Le soleil se lève, dans sa course lente, éclairant de ses rayons aux couleurs chaudes une petite étendue d'eau. Celle-ci semble sortir d'une galerie rocheuse. Ce décor est à couper le souffle. Je me redresse légèrement, de façon à contempler le lever de soleil plus facilement.

C'est splendide. Les reflets du soleil levant me plonge dans une nostalgie à laquelle je ne m'attendais pas. Je repense, malgré moi, au lever du soleil sur la mer. Ses rayons inondant la surface de l'eau de couleurs dorées. A cet instant précis, je me sens chez moi, enfin presque. Il me manque l'air salin. Peu de personne savent que l'eau chargée de sel a une odeur. Une odeur bien particulière qui n'appartient qu'à elle.

Mes souvenirs reviennent et prennent le pas sur la réalité qui m'entoure. Mes yeux sont pourtant parfaitement ouverts et scrutent l'horizon à perte de vue. Je sens toutefois l'iode envahir mes narines pour finir sa course dans mes poumons. Encore une preuve que notre cerveau peut nous faire croire n'importe quoi.

Je me remémore toutes les fois où je me suis réveillée à l'aube pour courir sur la plage, en bas de ma maison d'enfance. Le soleil entamait alors sa course lente. Le fond de l'air était frais et pourtant chaud. Oui, je sais, ma vie est faite d'éternelles et perpétuelles contradictions. Je suis ainsi et ne peux rien y changer. Mais je vous jure que c'est épuisant, de toujours éprouver des sensations contradictoires.

Tout comme maintenant. Mon cerveau me crie que je ne devrais pas être sur les genoux de Tiago, entre ses bras, tandis que mon corps ne rêve que de se rapprocher encore un peu plus de lui. Je ne suis pas certaine que quelqu'un puisse comprendre ce que je traverse actuellement. Et, s'il existait une personne sur terre, seulement une, qui puisse comprendre ce qui se passe en moi, que pourrait-elle faire pour moi ? Rien.

J'ai appris à vivre avec ces continuels conflits intérieurs. Néanmoins, Tiago chamboule tout sur son passage. Habituellement, mon corps se retourne contre moi. Tout comme la fois où j'avais désespérément envie que Tiago reste près de moi, dans mon lit. Il m'a alors étreinte, comme je le souhaitais tout au fond de moi, mais mon corps, lui, ce traître, s'est senti agressé et s'est tendu sous ses caresses. C'est à ce moment-là que Tiago a changé. C'est suite à cette nuit qu'il m'a abandonnée.

Aujourd'hui, il en est tout autrement. Mon esprit me hurle de m'éloigner de Tiago et mon corps se détend à son contact. Je n'y comprends plus rien et m'interroge sur les changements qui s'opèrent en moi. Mon corps commence à prendre l'avantage sur mes méninges. Je n'arrive pas à décider si c'est bien ou mal. Sûrement bien. Si ce que mon corps ressent est réel. Je sais malheureusement qu'il peut être berné assez facilement. Pour preuve cet air salin qui continue de m'envahir alors que je suis devant une étendue d'eau douce.

Décidant de cesser mon débat intérieur, qui dure depuis bien trop longtemps à mon goût, je bouge légèrement sur les genoux de Tiago, de façon à me caler plus confortablement contre lui. Sous moi, je sens son corps se contracter, peut-être de peur que je me sauve ou lui fasse une crise pour m'avoir prise ainsi sur ses genoux, dans ses bras.

Il est tellement attentionné. Je me rends tout à fait compte de ses nombreux efforts pour ne pas me brusquer. Sa patience et sa douceur ont eu, apparemment, raison de moi. Je ne me sens plus si oppressée dans ses bras, allant même jusqu'à apprécier son contact, plus que je ne l'aurais jamais espérer, même en rêve. A de multiples reprises, en dehors de mes cauchemars récurrents, il m'est arrivé de rêver de lui. Dans ces rêves, je le laissais me prendre dans ses bras musclés, me serrer avec force contre lui. Dans ce monde, j'étais une jeune femme ordinaire, que son contact n'effrayait pas, et j'adorais ça. A présent, le rêve semble avoir rejoint la réalité et je m'en réjouis intérieurement.