Inaccessible Bretonne Tome 2 (Terminé)

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Tiago

Le souffle d'Azilis se fait plus rapide un instant, et celui d'après il s'apaise à nouveau. Je sens son odeur de vanille mêlée d'embruns qui lui est propre. Personne d'autre ne dégage ces effluves qui n'appartiennent qu'à elle. Je sens la tension qui émane de son corps. Les minutes, peut-être même des heures, s'écoulent au bruit de son stylo sur le papier. Le seul son régulier m'indiquant qu'elle est toujours plongée dans son passé. Le temps n'a plus d'emprise sur moi. Je pourrais rester des heures, des jours, ici, tout près d'elle. Si proche que son arôme enveloppe mes sens. Tout ce qui m'importe, c'est de la savoir à mes côtés, qu'elle veuille partager ce poids avec moi. Qu'elle me fasse confiance, tout simplement.

Au bout d'un temps indéfinissable, mais certainement très long, je sens le corps d'Azilis bouger, différemment de lorsqu'elle écrivait. La pointe de son stylo s'est éloignée du papier. Ses mains se posent de chaque côté de mon visage, ses lèvres douces se posent sur les miennes et d'un geste tendre, elle dénoue le bandeau qui me cachait la vue. Elle est devant moi, encore plus belle que dans mon souvenir, ses yeux brillants de satisfaction.

— J'ai terminé Tiago. Tu peux lire mon histoire maintenant.

— D'accord.

Je m'empare du bloc sur lequel elle a couché ses pensées et commence à lire son récit. Elle m'interrompt à la seconde même où mes yeux lisent les deux premiers mots, en posant sa main sur la page recouverte de son écriture afin de m'empêcher de poursuivre.

— Excuse-moi Tiago, mais je préfère ne pas être avec toi lorsque tu liras ce que j'ai écrit.

— Pourquoi ?

— Ça me gêne, c'est personnel et je préfère te laisser le temps de digérer ce que tu découvriras, m'indique-t-elle.

Elle tord ses doigts et se frotte les avant-bras, signe caractéristique de son anxiété. Je n'ai pas le cœur de la laissée seule dans cet état mais je n'ai pas le choix. Je sais pertinemment que je ne sortirais pas vainqueur de notre échange si je remets en question sa demande. Têtue comme elle l'est, nous bataillerons pendant un certain temps avant que je finisse par abdiquer, incapable de lui faire entendre raison. Alors, autant gagner du temps et céder de suite.

— Si tu insistes alors d'accord. Je vais dans la cuisine.

Je sors de la chambre après avoir donné un chaste baiser à l'amour de ma vie et avoir esquissé un sourire que j'espère rassurant. Arrivé dans la cuisine, je m'assois sur une chaise et dépose le bloc note sur la table. Je m'apprête à découvrir les plus sombres secrets que me cache Azilis, la boule au ventre. Mon sourire rassurant est bien loin, remplacé par cette putain de trouille qui me serre la gorge.

Tiago, mon amour,

Il est temps pour toi de connaître la vérité, de savoir le pourquoi de ces cauchemars. Crois bien que cela m'est on ne peut plus difficile de t'en parler. Je suis heureuse que tu sois là, juste à côté de moi. Sentir ta présence, la chaleur de ton corps me procure une paix intérieure que je ne pensais jamais connaître. Tu es l'homme de ma vie, j'en suis certaine. C'est vrai, j'ai mis du temps à le reconnaître et je t'ai repoussé à maintes reprises. Pourtant, tu es toujours là, à mes côtés et je crois que je ne pourrais jamais assez te remercier. Ta patience et ta tendresse ont eu raison de moi, de mon cœur meurtri et endormi.

Mais bon, je m'égards là. Il est temps que tu saches. J'espère simplement que tu m'aimeras toujours autant après avoir pris connaissance des lignes ci-dessous.