Inaccessible Bretonne Tome 2 (Terminé)

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Azilis

Déjà mi-septembre, je n'en reviens toujours pas. La rentrée universitaire a eu lieu il y a déjà deux semaines. Tiago m'accompagne dans la plupart de mes cours, lui aussi est un littéraire. Nous débattons souvent sur nos diverses lectures, approfondissant les émotions que nous avons ressenties en les parcourant. Comme moi, il aime s'évader en plongeant dans des romans, qu'ils soient contemporains ou non. Bien évidemment, c'est l'un des seuls hommes à suivre ce cursus. Dans mon groupe, ils ne sont que trois contre 35 étudiantes. Je sais que ça ne dérange en rien Tiago d'être entouré par autant de jeunes femmes, dès l'instant où il peut être à mes côtés.

Pour ce qui est de mes cauchemars, ils ont heureusement cessé. Tous les matins, je me réveille reposée, heureuse, dans les bras de Tiago. Ma reconnaissance envers lui est sans limite. Je n'ose pas imaginer ce que je serais devenue s'il n'avait pas été présent. Je suis certaine qu'il est à l'origine de la disparition de mes cauchemars. Il dégage tellement de chaleur et de lumière que les ténèbres ne peuvent plus m'atteindre. Grâce à lui, je revis.

Toujours aussi dépendante de lui, je le colle nuit et jour, devenant une glue au sens propre du terme. Comment fait-il pour supporter que je ne le lâche pas d'une semelle ? C'est une question qui me revient souvent à l'esprit, mais que je ne lui pose pas, ce de peur qu'il ne se pose lui-même la question et qu'il prenne ses distances.

Je profite de chaque instant en sa présence, na sachant combien de temps le bien être que je ressens durera. Quand il saura ce qu'il s'est passé à Paris il y a déjà tant d'annés, il ne me regardera plus avec ce regard émerveillé. Quand il saura, quand il comprendra ce que j'ai fait, jamais plus il ne me regardera, si ce n'est avec un regard de dégoût. Je le répugnerais autant que je m'écœure moi-même.

Comment lui avouer que je suis mal dans ma peau, incapable de m'ouvrir aux autres – à part lui, un peu – et que j'en suis la seule responsable. Etre la seule responsable de son malheur est un lourd fardeau à porter et malgré sa robustesse, ses larges épaules, je sais qu'il ne voudra et ne pourra jamais le porter avec moi. Et même s'il souhaitait s'y risquer, je l'en empêcherais. Il est hors de question qu'il supporte ça, même pour moi. Mais là je fabule allègrement. Impossible pour lui de vouloir rester à mes côtés, pas après ça.

Un jour, peut-être plus proche que je ne le souhaiterais, il voudra savoir, il voudra comprendre. Et là, à ce moment précis, je n'aurais pas d'autre choix que de lui dévoiler cette sordide affaire. Je devrais tout lui raconter et le perdre à jamais. Ou je ne dirais rien et mon silence l'éloignera de toute façon. Il est doux et patient, certes, mais pour combien de temps encore. Comme tout le monde cette patience n'est pas illimitée. Un jour prochain, elle disparaîtra, tout comme lui.

Je ne peux imaginer ce que sera ma vie sans lui. Il est devenu tellement important, essentiel à mon bien être. Grâce à lui, je suis bien plus sereine et enfin... Enfin, je dors toutes les nuits sans peur, sans me réveiller. Rien que ça, c'est génialissime.

Les cours sont finis pour aujourd'hui et nous sommes vendredi. Ce soir, nous allons à une fête organisée par une fraternité, non loin du campus. Ce sera la première soirée à laquelle je me rends depuis celle qui a eu lieu fin juin. Je suis toute excitée de revoir toute la bande. Je les ai revus, séparément, dans le courant de l'été, mais nous n'avons pas été tous réunis depuis des mois. Ils m'ont tellement manqués. Tiago est évidemment invité, de toute façon je ne me voyais pas sortir sans lui, j'ai besoin de sa présence à mes côtés.

Je suis prête, heureuse de sortir m'amuser ce soir. Je me tourne vers Tiago qui entre à son tour dans le salon après avoir monopoliser la salle de bain pendant une demi-heure. Il est magnifique dans sa chemisette beige à demi ouverte sur son torse cuivré et son pantalon en lin blanc. Ces couleurs très claires détonnent avec sa peau mate, le rendant encore plus irrésistible. Il va faire craquer toutes les filles ce soir. Il est déjà un véritable Don Juan dans nos cours de littérature, ces demoiselles n'ayant d'yeux que pour ce bel Apollon.