Azilis
Assise sur le dos d'un cheval, je n'en reviens pas, je suis à cheval, pour seuls vêtements ma culotte et le tee-shirt de Tiago. Jamais il ne me serait venu à l'idée de monter à cheval, encore moins dans cette tenue. J'ai toujours eu peur de ces animaux, si énormes à côté de moi. Pourtant, comme me l'avais promis Tiago, Apache n'a pas bouger une oreille, un véritable nounours, certes imposant mais très doux. Je sens le souffle chaud de Tiago, assis juste derrière moi, se répercuter sur ma nuque à chacune de ses expirations. Il reste silencieux, ces bras placés de chaque côté de mon corps créant un rempart sécurisant.
Ai-je bien pensé « sécurisant » ?
Cela ne me ressemble pas du tout. En temps normal, chaque fois que des bras m'enserrent, à l'exception de ceux de mon frère et de ma meilleure amie, la sensation d'être emprisonnée s'installe et m'oppresse, me poussant à la limite de l'hystérie. Pourtant, j'accepte les bras de Tiago, sans lesquels je suis persuadée que je me serais déjà retrouvée les fesses par terre.
Cet homme est tout ce qu'il y a de plus déstabilisant. D'un côté je dois le fuir, pour me protéger, d'un autre j'ai besoin de sa présence. L'un et l'autre ne vont pas ensemble, c'est totalement contradictoire. Et voilà que maintenant je commence à trouver rassurant son contact. Mais que vais-je faire ? Fort heureusement pour moi, Tiago est dans mon dos, il ne voit donc pas mon visage. Sans quoi je suis sûre qu'il pourrait comprendre aisément toutes les affirmations, questions et contradictions qui se sont installées et multipliées dans mon cerveau.
Ne souhaitant pas gâcher le moment présent, je fais le vide et mets tous ces raisonnements de côté, au moins pour le temps de la balade. Je me détends considérablement et vais jusqu'à m'adosser au torse nu de Tiago, sa douce chaleur me réchauffant instantanément.
Apache, toujours aussi paisible, avance d'un pas souple et assuré sur le sentier, ne portant aucun harnachement, pas même un licol. Cela n'est pas très rassurant, mais Tiago semble tellement sûr de sa monture que j'essaie de ne pas m'en inquiéter et d'en faire abstraction. La curiosité est toute fois la plus forte.
— Tiago, dis-moi... pourquoi tu n'as aucun moyen de contrôle sur ton cheval ?
— Comment ça ?
— Pas de selle, pas de filet, rien pour le diriger.
— J'ai ma voix et mes jambes, cela me suffit amplement.
— Ah...
Je n'y comprends rien. Certes, l'équitation et moi ça fait deux, mais j'ai toujours vu les cavaliers avoir au minimum un filet ou même une longe. Dans un reportage que j'avais vu à la télévision, il y avait un homme, qu'on appelle un chuchoteur. Il arrivait à faire des merveilles avec ses chevaux. Effectivement, il travaillait avec eux en liberté, mais dans un enclos. Et lui, il était à terre et avait... Comment ça s'appelle déjà, ça ressemble à un fouet. Ah, oui, une chambrière. Il ne faisait pas avancer ses chevaux sans rien en pleine nature, sans un cadre autour d'eux. C'est une étrange sensation que d'être à la merci de cet animal, la nuit, dans un paysage inconnu. Je ne peux lui faire confiance, à lui, cet animal que je ne connais pas, ni ne comprends, mais je fais confiance à Tiago. Je sais qu'il ne me mettrait pas en danger.
— Oui, vois-tu, je connais Apache depuis qu'il est né. Ce n'est pas que mon cheval, c'est aussi mon meilleur ami. Il existe un lien très fort entre nous, qui s'est tissé au fil des années. De ce fait il m'obéit naturellement, juste à la voix et au toucher.
Je ne trouve rien à lui répondre. Un silence agréable s'installe, seulement rompu par le bruit de la brise dans les feuilles des arbres, celui des sabots d'Apache foulant le sol et celui du souffle de Tiago se répercutant inlassablement sur ma nuque.
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Inaccessible Bretonne Tome 2 (Terminé)
Storie d'amore« Je ne veux plus jamais tomber amoureuse, c'est fini. Mon cœur est mort à l'intérieur. Des années que je suis devenue insensible et ça me va très bien comme ça. » Voilà où en sont les résolutions d'Azilis. Mais c'était sans compter sans ce mystérie...