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Azilis

Tiago, apparemment furieux se tient devant moi. Je devine la rage qui l'habite même si je ne peux voir ses yeux dans l'obscurité de la nuit. Ses poings sont serrés, sa mâchoire crispée par la colère. Il est évident qu'il m'en veut énormément de ce mensonge. Comment pourrait-il en être autrement. J'ai insinué qu'il était gay, tout ça pour évincer Rozen. J'ai encore parlé sans réfléchir. Ce n'est pas une première et certainement pas une dernière. Pourtant, on m'a souvent dit de tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler. Je ne sais pas pourquoi je n'ai jamais réussi à suivre ce conseil.

Et pourquoi avoir demandé à Tiago s'il m'en voulait ? Si c'était pour être certaine de ce que je sais déjà, cela n'en valait pas la peine, il ne daigne même pas me répondre. Des larmes coulent le long de mes joues, des larmes de tristesse de l'avoir blessé et de honte d'avoir menti ainsi. Des larmes que je ne peux retenir, même si je le voulais j'en aurais été incapable. Prise de profonds remords, je lève les yeux vers lui et lui présente mes excuses.

— Je suis désolée Tiago, je n'aurais pas dû.

Effectivement, jamais je n'aurais dû affirmer une telle chose. Une telle rumeur qui pourrait le suivre une bonne partie de sa vie.

— Ce n'est pas la question. Je veux savoir pourquoi !

Bonne question... Comment le lui dire sans passer pour l'égoïste que je suis ? Je prends une profonde inspiration et commence à m'expliquer. Seulement, pour mon plus grand malheur, les mots ne franchissent pas le seuil de mes lèvres. Impossible de prononcer plus que ces deux petits mots.

— Parce que...

— Tu as le début, continue.

Sa voix est douce, aucune colère n'y réside et pourtant je sais qu'elle est en lui. Il m'encourage du regard à poursuivre mes explications. Il essuie les larmes qui dévalent mes joues de ses pouces et prend mes mains dans les siennes. Ce simple geste m'apaise et efface une partie de la tristesse qui m'accable. Même si je l'ai rendu furieux, il tient toujours à moi.

Je lui dois une explication. Je dois éclaircir certaines zones d'ombre. Prenant mon courage à deux mains, je commence par le commencement.

— Rozen est une croqueuse d'homme.

— Et ?

Ses yeux noirs me fixent, attendant la suite.

— Et je ne voulais pas qu'elle te mette le grappin dessus. Elle joue avec les mecs comme...

Comme moi !

Je ne termine pas ma phrase, la honte s'est immiscée en moi. Je critique ouvertement Rozen, l'une de mes amies, sur son comportement envers la gente masculine alors que moi-même j'agis ainsi. Pour être plus exacte, j'agissais de la même façon qu'elle, jusqu'à ce qu'il y a encore quelques semaines. Tiago termine ma phrase.

— Elle joue avec les mecs, comme toi ?

N'ayant pas la force d'ouvrir la bouche pour lui répondre, submergée par la honte qui me dévore, je hoche la tête en silence. C'est la première fois que j'ai honte de mon comportement. Je me suis toujours foutu de ce que pensaient les autres. Avec Tiago, c'est différent. Je me rends compte que son avis, son jugement est important pour moi.

— Alors, dans ce cas, pourquoi t'inquiéter du comportement de Rozen ?

Attendant ma réponse, que je ne suis pas prête à lui communiquer, il lâche mes mains et se déplace, se positionnant derrière moi. Il passe ses mains autour de ma taille et dépose un doux baiser à la naissance de ma nuque.

Inaccessible Bretonne Tome 2 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant