Inaccessible Bretonne Tome 2 (Terminé)

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Azilis

Je m'éloigne de Tiago, le laissant prendre sa décision, seul. Je me revois encore, les yeux noyés dans les flots argentés de la cascade, ses mains sur mes hanches, la chaleur de son torse nu dans mon dos, lui annonçant mon départ demain matin. Sa respiration s'est immédiatement faite haletante, preuve de son anxiété évidente. A un moment, j'ai même cru percevoir des sanglots dans sa voix, habituellement si posée et douce.

Arrivée au campement, je reprends ma place sur le plaid de Tiago, resté non loin du feu. J'attends patiemment qu'il prenne sa décision et me rejoigne. Hors des bras de Tiago, la fraîcheur de la brise me saisit, me donnant des frissons sur tout le corps. Le feu calme quelque peu cette sensation de froid mais pas autant que je l'avais escompté. Les bras de Tiago sont bien plus chaud, plus confortables aussi. Je dois me reprendre. Je lui demande, encore une fois, de m'oublier, et moi je divague sur ma présence dans ses bras.

Pourtant, il est vrai que je m'y sentais plutôt bien. Au bout d'un long moment, évidemment, puisqu'il m'a fallu longtemps pour me calmer, une fois dans ses bras. Je me suis sentie comme emprisonnée, j'ai dû prendre sur moi pour rester contre lui, mais ces efforts en valaient la peine, je ne regrette rien. J'aurais dû être plus ferme quant à la décision que je m'étais fixée, jamais il n'aurait dû avoir l'occasion de prendre une autre décision que celle de me quitter. Pourquoi lui ai-je laissé le choix ? Je vais irrémédiablement le faire souffrir.

Qu'il soit près ou loin de moi n'y changera rien, comme il me l'a certifié. Si je reste je le ferais souffrir mais en plus je serais le témoin de ce que je lui fais endurer. Si je pars, il souffrira tout autant, mais je ne verrais rien. Est-ce pour cela que je souhaite l'exclure de ma vie, par pur égoïsme, pour ne pas constater sa souffrance ? C'est une éventualité qu'il m'est impossible de nier.

Je reste ainsi des heures durant, le regard obnubilé par les flammes qui dansent devant moi, l'esprit encombré de questions et de souvenirs. Je me remémore toutes nos conversations par messages interposés. J'attendais, impatiente, le moindre signe de lui. Et pourtant, à cette époque, qui me paraît à la fois si proche et si lointaine, je ne savais pas qui se cachait derrière ce mystérieux inconnu. Il a fait preuve d'ingéniosité et de patience, me faisant tomber sous son charme. J'ai dit ça ? Moi ? Il faut vraiment que je me reprenne. Je ne suis tombé sous le charme de personne. Et ça n'arrivera jamais.

Oui, essaie de t'en convaincre ma belle. Mais tu es la seule à te leurrer. Si tu as pensé, ne serait-ce qu'un instant, que tu es tombé sous son charme, c'est que c'est le cas. Alors, cesse de nier !

Je haie cette petite voix qui me reprend constamment. Je n'ai vraiment pas besoin de ça en ce moment. C'est déjà bien trop compliqué. En même temps, cela faisait des années que je n'avais pas eu besoin de m'interroger sur mes sentiments, quels qu'ils soient.

Je cesse mes raisonnements sans queue ni tête et me replonge dans le passé, pas si lointain. Tiago, sortant de la voiture devant la maison de mes grands-parents, un immense sourire aux lèvres, est la première image qui me vient à l'esprit. Il était magnifique. Pendant longtemps, j'avais espéré que mon inconnu et lui ne fassent qu'un. Et puis, il y a eu ces messages que j'ai reçus alors qu'il se tenait à mes côtés, assis sur le sable blanc de la plage. J'en étais bouleversée. Et comme à son habitude, Tiago était là pour moi, il m'a soutenue, conseillée et en aucun cas jugée. Mais j'ai été si triste de m'apercevoir que tous mes espoirs étaient vains. Je me souviens de cette sensation de vide qui m'a parcouru quand j'ai réalisé que ce n'était pas lui, que ça ne pourrait jamais être lui.

Et puis, il y a eu le jour où j'attendais impatiemment mon inconnu, seule, chez moi. Lorsque j'ai ouvert la porte, la surprise de trouvé Tiago, là, devant moi, m'a ébranlé. Sur le coup, je me souviens avoir eu du mal à parler et formuler une phrase cohérente. J'espère que Tiago ne s'en est pas rendu compte. Il était là, devant moi, j'étais heureuse de le voir, bien sûr, mais j'attendais quelqu'un d'autre. Mon inconnu. Lorsque j'ai enfin compris que Tiago et mon inconnu ne faisaient qu'un, j'étais aux anges. Tellement soulagée de ne pas avoir affaire à un véritable inconnu. T surtout qu'il soit si agréable à regarder, si sexy. Bon, c'est vrai, je ne le lui ai jamais dit, mais c'est le pote de mon frère. Je ne peux pas me permettre de le draguer ouvertement.