En suivant les traces sanglantes de pieds, mi-homme (l'espace entre chaque empreinte) mi-animal (la forme de celles-ci), couvrant le sol sale et terreux sur lequel courent quelques cafards et autres nuisibles, je découvre une porte. Cette dernière, faite de bois pourri, est éventrée par ce qui semble être des griffes et est légèrement entrebâillée. Je la pousse doucement pour l'ouvrir, ce qu'elle fait dans un grincement sinistre, dévoilant une pièce plongée dans une obscurité où résonnent les bruits des insectes en mouvement. Un rat sort en passant prestement entre mes pieds. Une flaque sombre attire mon attention car les pointes de mes baskets trempent dedans. Je m'accroupis et sors une lampe torche de ma poche.
Je l'allume et observe une mare de sang coagulé. Une marque partant de ce lac miniature m'indique que quelque chose a été traîné à l'intérieur à partir d'ici. Je décide de suivre cette piste faite de notre flux vital. Au bout de deux minutes, le faisceau de ma torche me dévoile une paire de pieds, dont la peau, desséchée, se colle aux os. Je remonte la lumière pour découvrir... le cadavre d'une jeune femme nue, brune, éviscérée et à la peau verdie. La très forte odeur de décomposition me frappe soudain. Je la regarde attentivement. Son visage osseux est figé en une éternelle expression de terreur. Ses yeux, frangés de longs cils noirs, sont laiteux et révulsés. Ses cheveux sont emmêlés et poisseux de son propre sang. Ses bras, attachés dans le dos de la chaise sur laquelle le cadavre est posé, ont été dépecés, révélant des muscles déshydratés. Son thorax a méthodiquement été découpé, créant une étoile à cinq branches dont le centre est l'espace entre les côtes volantes. Les cinq pointes rejoignent respectivement les deux épaules, les deux hanches et la base de la trachée. Ses intestins ont été déroulés hors du ventre de la victime et laissés tels quels sur ses cuisses, sur lesquelles les entrailles se sont décomposées, dégageant ainsi un odeur nauséabonde dans toute la salle. À l'intérieur de sa cage thoracique grouillent des milliers d'asticots qui se nourrissent de la chair morte. Prise de nausée, je recule de quelques pas avant de heurter un mur étrangement velu, chaud et vivant...
Un souffle fétide et brûlant parcourt ma nuque. Je frissonne, terrorisée, mais je ne crie pas, je ne m'enfuis pas. Une sorte de main griffue remonte le long de ma jambe et s'arrête sur ma hanche. La créature dans mon dos vient de déchirer mon jean de sa griffe sans toucher ma peau. L'air froid et humide de la pièce me donne la chair de poule sur tout mon membre dénudé. Le monstre réitère l'opération sur mon autre jambe, faisant tomber mon pantalon, maintenant inutilisable. Je ne porte désormais que mon pull, mon T-shirt, mes sous-vêtements et mes chaussures. Je me demande s'il a fait de même avec sa précédente victime lorsque je croise le regard blanc de la femme sur la chaise, juste en face. Je prends alors conscience, véritablement, de la situation dans laquelle je me trouve.
Par instinct de survie, je reste aussi immobile qu'une statue, les bras croisés sur ma poitrine, alors qu'une voix aigu me hurle de m'enfuir. Dans mon dos, je l'entends me renifler en partant de mes cheveux et allant vers mes chevilles, ses mains glissant sur mon corps. Il commence à se redresser quand il entreprend de me lécher les mollets, avant d'atteindre mes cuisses et pour finir mes fesses. Sa langue râpeuse, chaude et toute molle suit minutieusement mes courbes puis s'insinue sous le tissu de ma culotte. Je me crispe de dégoût. Ses mains quittent mes hanches pour me pousser en avant. Je me laisse faire, légèrement soulagée de m'éloigner de ce monstre pervers. Utilisant ma lampe que je n'ai jamais lâchée, je me dirige vers le centre de l'espace confiné dans lequel je me trouve, quand j'entends alors un grésillement, et une vive lumière m'éblouit. Une pauvre ampoule à incandescence est pendue au plafond de la pièce et dissipe faiblement l'obscurité mais sa lueur blesse mes yeux qui se sont habitués aux ténèbres de cette maison. La lampe illumine un spectacle qui fait lâcher mes dernières résistances gastriques. Mon estomac se vide sur mes baskets, éclaboussant mes jambes au passage. La pièce est bien plus grande que l'obscurité l'a laissée paraître et cette dernière a aussi caché la dizaine de cadavres, tous de femmes nues, toutes éviscérées, déshydratées, verdies et en décomposition... tous semblables à celui de la jeune femme que j'ai vue en entrant. La « bête » pose sa « patte » poilue sur mon épaule, me faisant sursauter. Bien qu'horrifiée, je me retourne doucement vers le monstre, seul être vivant en ces lieux. Je suis choquée de ma découverte ; devant moi se tient un genre de loup-garou : ses jambes sont des membres postérieurs de canidés ; ses avant-bras et ses mains sont couverts de poils bruns, sans être velus ; ces dernières, ressemblant plus à des mains humaines qu'à autre chose, se terminent par des ongles noirs et tranchants ; son torse est couvert d'une toison sombre partant de son nombril et descendant plus bas ; son visage est couturé de cicatrices ; ses yeux sont d'un jaune lumineux ; son nez semble être une truffe ; sa bouche révèle des dents effilées et des crocs ; ses oreilles sont pointues et couvertes de duvet et ses cheveux sont longs jusqu'à ses hanches. Son corps musclé et balafré est sali de sang séché. Mon « lycanthrope » se tient légèrement courbé vers l'avant, se léchant les lèvres, comme prêt à bondir sur sa proie. Mais aujourd'hui, la proie, c'est moi. Et je n'ai nulle part où m'enfuir ; il se tient entre la sortie et moi. Il fait un pas dans ma direction. Je recule de deux pas puis trébuche...
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Animalis dementia
WerewolfJe m'appelle Hope LeBlanc. Pour Halloween, mes amis et moi avions décidé de faire un test de courage dans la forêt du coin. Ils ont tous fini par renoncer. Pas moi! Mais si j'avais su... ⚠️Contient des scènes de violence et d'agression physique ⚠️ 2...