27. novembre 2017 (Peter)

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     Mon univers semble s'effondrer devant mes yeux, et je suis incapable d'empêcher cette destruction. Et je me hais pour cette faiblesse.

     Quand j'ai senti l'odeur d'essence et de poudre aux alentours de la maison, mon instinct s'est soudainement réveillé. Nous étions en danger. J'ai réagi aussi vite que possible, pris des affaires, et je nous ai emmenés dans le bois. Mais c'était trop tard ! Si j'avais remarqué leur présence plus tôt, je n'aurais pas été obligé de traîner Hope entre les arbres en pleine nuit. Son sens de la vision n'est pas aussi développé que le mien, et nos bagages ne me permettaient pas de la porter. Par ma négligence, elle s'est blessée et nous avons été séparés. J'enrage !

     Je continue de courir en zigzagant entre les troncs. Dans ma tête s'élabore un plan. Je vais attirer les membres plus dangereux de cette escouade, me débarrasser d'eux, puis venir m'occuper de ceux qui surveillent mon ange ! Un sourire démonique étire mes lèvres.

« -NE ME TOUCHEZ PAS ! »

     Je serre les dents tellement fort que je sens mes mâchoires se fissurer. Une nouvelle couche de colère vient s'ajouter à la violence qui tempête en moi quand j'entends ce cri. Je n'aurais pas dû la laisser là-bas. J'aurais dû la relever et l'emmener avec moi, quitte prendre les balles ! Mais si j'étais resté, elle aurait aussi pris des projectiles. Derrière moi, j'entends mes poursuivants râler. Et oui, vous ne poursuivez pas un personne normale !

     Mon expérience de la guerre et mes instincts bestiaux me guident vers une clairière suffisamment dégagée et sombre pour que je puisse tendre mon traquenard. J'inspire un grand coup, si je me transforme, ce sera foutu : ils vont paniquer et demander des renforts. Et ça ne m'étonnerais pas qu'ils envoient de l'aérien. Je me plante au milieu de la zone et me tourne pour les voir arriver. Sept silhouettes apparaissent dans mon champ de vision. Elles sont toutes en lourde combinaison noire, complétée par un casque étrange, mais ce n'est pas ça qui va me déranger. Chacune des ombres a dans ses mains une arme lourde. Ils n'ont pas de lampes torche !; Je ricane silencieusement. J'ai l'avantage de voir dans le noir, d'être plus léger, plus furtif et plus rapide que ces guignols. Pour pousser la situation à mon avantage complet, je laisse la bête affleurer à la surface : mes crocs et mes griffes sont de sortie mais invisibles dans le manteau nocturne. Seules mes pupilles luisant d'un jaune doré signalent qu'il y a un truc qui cloche chez moi. Évidemment, l'effet est immédiat. Mes adversaires sont perturbés. PARFAIT !

     Je leur tourne un peu autour, à la manière d'un loup s'approchant des ses proies. Le plus courageux d'entre eux -mais aussi le plus con- s'avance vers moi, son arme braquée dans ma direction. Il n'a pas le temps de crier que je lui confisque son joujou et que je lui brise la nuque. Débutant, va!

« -C'est qui le prochain ? » je les nargue.

     Aucun ne réagit vraiment. Je soupire mentalement. Ils ne sont pas drôle. Je me reprends aussitôt. Ce n'est pas le moment de s'amuser, bordel ! Je dois retrouver Hope ! Je remarque qu'ils essayent de m'encercler. Je compte jusqu'à trois, puis je m'élance vivement sur ma gauche. Je percute dans un gars. On roule tous les deux avant que je ne lui encastre le visage dans la terre. J'attends quelque secondes, pendant que j'entends les autres flipper, et je brise les reins des ma prise. Je lui dégage ensuite la nuque et tranche la carotide de mes griffes. Je me relève en léchant le sang qui a coulé sur mes doigts. Il est venu alcoolisé en mission, ce crétin !

« -PETER ! »

     Je me fige. Le cri de Hope me percute et me fait plus de mal que toutes les balles que j'ai pu me prendre au courant de mon existence. Le désespoir que contient son appel me déchire les entrailles. Il me ronge comme de l'acide. Mais ce n'est rien à côté des réactions que provoque la peur qui tourbillonne dans cette plainte. Mes pensées s'emmêlent, se brouillent, s'entrechoquent et martyrisent ma raison. Que lui font-ils ? Est-ce qu'ils lui font du mal ? Est-ce qu'ils la maintiennent au sol ? Est-ce que... Mon corps réagit de lui-même, mon instinct en devient le maître, je me transforme. Ces connards n'auraient jamais dû la toucher !

Animalis dementiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant