22. 25 novembre 2017 (Hope)

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     WOW !

     Je ferme prestement le carnet que je viens de lire. Il s'agit de la vie de Peter entre 1918 et 1945.

     Après mon numéro d'hier soir, j'ai pris la décision de rouvrir le classeur. Il est composé du dossier médical de la période où il a été modifié et de deux carnets. J'ai entrepris de découvrir leur contenu. Je voulais savoir ce qu'il est arrivé après toute cette horreur.

     Je crois que je voulais me rassurer, me prouver que tout s'est bien passé, qu'il n'a pas eu de problème. Je ne m'attendais pas à ce qu'il ait pété les plombs. Je me demande ce qui a pu le faire basculer. Il y a certains passages du journal qui m'ont donné la nausée. D'ailleurs j'ai toujours un goût de bile en bouche. Je n'aurais jamais cru qu'il perdrait à ce point son humanité. Il ne voyait plus les autres comme des êtres humains, mais comme de la nourriture, des bêtes à abattre, ou des opportunités de survie... Au moment où je range le livret, Peter toque à ma porte. Il ne dit rien et me fait signe de le suivre.

     Dans la multi-pièce, il me désigne le canapé alors qu'il se tire une chaise de la salle à manger pour s'installer devant moi. Je ne l'avais encore jamais vu aussi tendu. Sa mâchoire se contracte en continue et il frotte régulièrement ses mains sur son jeans noir. Ses yeux bleus me fuient. Je soupire.

     « - Qu'est-ce qu'il y a Peter ? » je demande en braquant mes pupilles dans les siennes.

     J'ai maintenant toute son attention. Je l'ai pris de court en l'appelant par son véritable prénom. Son beau visage affiche un air ahuri. C'est trop mignon ! Ouhla ! Je pars en vrille là ! Sérieusement, je vient de dire que ce gars est mignon ? Je me gifle mentalement.

« - Je voudrais te raconter comment je suis devenu ce que je suis aujourd'hui, lâche-t-il.

- Tu ... Tu veux parler du ... du monstre ? »

     Il hoche la tête. Je retiens mon souffle.

« - C'était en 1917. À l'époque, j'avais vingt-trois ans et j'étais espion dans l'armée anglaise... »

***

« - ... et je ne me suis jamais retourné. »

     Fini...

     Moi qui me demandais pourquoi il avait perdu la boule, et ben voilà.

     L'amour est un sentiment à la fois bienfaisant et destructeur, une bénédiction couplée d'une malédiction. En rencontrant Espoir, il a réussi à vivre en enfer. En la perdant, il est devenu le diable.

     J'ai eu un violent pincement au cœur quand j'ai entendu la chute de son histoire. Et je me suis sentie émue du début jusqu'à la fin. Sûrement par ce que je connais son histoire du point de vue d'Espoir. De toute façon, depuis que je le côtoie, tout ce qui le touche à un effet sur moi. Que ce soit son monstre, ses souvenirs ou même sa manière d'être.

« -...

- Pardon. Tu disais ?, je demande précipitamment.

- Ça ne te fait rien ? Mon histoire en aurait dégoûté plus d'un.

- Je crois que c'est à mon tour de te parler de quelque chose. » dis-je en me levant pour me diriger vers la chambre que j'occupe.

     Dans la pièce, je me baisse à la gauche du lit et soulève le matelas pour en sortir le classeur. Je le lui tends.

« -Je l'ai trouvé le premier jour, alors que je cherchais des vêtements, et, je ne vais pas te mentir, un moyen de m'échapper. »

     Son regard est devenu plus glacé que des icebergs. Il est vide de toutes émotions. Il est fixé sur ce passé qu'il ne peut pas changer.

Animalis dementiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant