Chapitre 18

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14 heures avant Noël.

• Lourd, vide, le corps s'écroula aux pieds des deux sorciers. Drago ferma les yeux un peu plus quand il entendit le bruit du cadavre sur le sol, Artéga fixa l'auror. Jamais elle n'aurait pensé tomber dans la spirale des remords à nouveau ; toute cette période de regret qui avait fait de la vampire une femme torturée par ses actes ; toutes les pensées qu'elle avait refoulées à chaque nouveau meurtre ; tout revint à elle, tout revint la hanter. Quelques secondes avaient suffis. La vision d'un « elle-même » plus jeune avait ravivé ces souvenirs terribles.

« Un jour, ce sera à son tour de repenser à ses erreurs ; ce sera son tour de regretter. »

En un sens, Artéga trouvait ça juste. Chaque torture devrait être égale à tout être humain, mais il était évident que l'égalité, dans le malheur, elle n'existait pas. Peut-on parler d'égalité quand l'on a deux pouvoirs différents et que les moldus n'en ont aucun ? Quand chaque sorcier n'a que sa magie, et qu'elle a ses dents autant que les sortilèges ? Où est l'égalité quand des innocents meurent alors que des coupables vivent encore ; alors que certains respirent et d'autres ne le peuvent plus ?

Artéga secoua la tête.

« Non. Il ne pensera jamais comme ça. Il ne regrettera rien, parce qu'il ne fera rien. »

Elle enjamba le corps comme s'il s'agissait d'un objet inerte qui l'avait toujours été. Elle saisit Drago par les épaules qui ne s'y attendait pas. Il faillit la tuer d'un sortilège et se retint en croisant les deux yeux si similaires aux siens.

Vides. Gris.

-Ecoute-moi bien Malefoy. Ta compassion est ta plus grande arme, l'espoir ta plus grande source, ne les laisse pas s'échapper. Il suffit d'y croire, Drago.

Elle serra ses doigts autour de ses épaules et insista.

-Il suffit d'y croire.

Il n'eut pas le courage de répondre et ce fut sûrement l'un des regrets les plus nobles qu'il eut ce jour-là. Ses yeux fixèrent Artéga qui se détourna. Elle ne pleurait pas, mais c'était tout comme. Elle avait l'impression d'avoir accompli quelque chose ; d'avoir aidé. Elle avait donné au lieu de prendre. Ferme les yeux et crois, tels étaient ses mots ; telles seraient les actions de Drago lorsqu'il le pourrait. Artéga ne revit pas le blond pendant la bataille. Elle espéra qu'il s'éloignait simplement de ce qu'il détestait, sans pouvoir fuir, être là mais ne rien faire. Lorsque la bataille fut gagnée, elle pria pour croiser Drago vivant en sortant, mais il ne sortit jamais. Elle n'en apprit que bien plus tard la raison. •

31 HEURES AVANT NOËLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant