Noël.
Noël aurait pu être si joyeux. Ça aurait pu être pour chacun une fête familiale où l'on s'offre des cadeaux. Une soirée où les plus petits croient en quelque chose de fort, et où leurs sourires suffisent aux plus grands. Ils auraient pu vivre une journée d'impatience, un après-midi de préparation, un repas merveilleux dans une ambiance rouge et or. On aurait pu voir les enfants se battre pour décider qui, à minuit, placerait le santon dans la crèche, pour ensuite crier « Il est né ! ». On aurait pu se coucher très tard, une heure, deux heures du matin, et cela aurait plu aux enfants de dix ans. Ils auraient été fiers, à la rentrée, de pouvoir le dire. Fiers de montrer leurs cadeaux. Les adultes, eux, auraient pu accrocher de nouvelles décorations dans leur maison, étaler un nouveau plaid sur le sofa du salon, allumer de nouvelles bougies dès le lendemain. Le sapin, lui, aurait été bousculé lors de l'ouverture des cadeaux. Chacun serait venu habillé du mieux qu'il le pouvait, en belles robes ou beaux costards.
Mais les vestiges d'une mort planaient dans le silence des couloirs du ministère. On y avait crié. On s'y était débattu. Quiquonque pouvait encore le voir.
Le voir, oui, lui.
Le désespoir.
Guirlandes, éteintes. Arrachées, abandonnées.
Marbre, strié. De marques noires, de traces désespérées.
Murs, gravés. De cinq longues griffes, par cinq ongles presque ôtés.
Lustre, étalé. En mille morceaux de verre sur le sol blanc.
Et ce silence... Froid. Vide, inerte, angoissant. Presque effrayant.
Oui, Noël aurait pu être si joyeux. Mais voilà ce qu'il fut cette année-là.
Drago Malefoy progressait lentement. Ses mains étaient liées d'un sortilège à peine visible. Ses pieds l'étaient également, tel un homme captif depuis trop longtemps. La liberté, quelle liberté ? elle n'existait plus. Son monde, désormais, ne comprenait que deux personnes. Deux femmes, et l'une était partie. L'autre, il ne le savait pas encore, ne représenterait plus rien quelques instants plus tard. Mais alors qu'il marchait vers l'amphithéâtre, prisonniers, la peur au ventre, tremblant presque, Hermione était toujours son dernier espoir.
Il croirait en elle jusqu'au bout. Jusqu'à la fin.
Hermione Granger progressait lentement. Sa gorge était nouée d'angoisse. Elle avançait dans un couloir sombre, telle une enfant perdue dans un monde bien trop grand pour elle. La justice, quelle justice ? elle n'existait pas. Quand elle fit un pas de plus, ses membres se glacèrent. Que lui dirait-elle si elle le voyait avant le procès ? S'il venait vers elle pour la remercier ?
Il fallait qu'elle prenne confiance en elle, qu'elle oublie qui il était, qui elle défendait.
Si seulement elle pouvait simplement s'avancer, au milieu de l'assemblée, et prononcer ces mots :
« Il est innocent. Ce jour-là fut un calvaire pour Drago Malefoy, il vécut l'enfer de son vivant, et vous voulez l'y envoyer dès maintenant ! Arrêtez tout ceci, arrêtez ce procès. Vous êtes censé rendre la justice, mais si vous continuez, vous serez disciples de l'injustice. Aucun homme ne devrait payer pour les erreurs des autres ; et je vous l'assure, les erreurs que vous dénoncez ne sont pas les siennes. Je peux le prouver. Regardez mes souvenirs, et vous retracerez mon enquête. La vérité vous apparaîtra. Pas la vérité infondée que vous défendez, non, la réelle vérité du réel monde qui nous entoure. Ayez au moins une fois, dans vos jugements, un peu de recul. Et réfléchissez. Réfléchissez à combien de vies vous détruirez. Vous semblez penser qu'une seule périra ce soir. Mais s'il périt, alors je péris avec lui. Et Harry avec nous. Et Ronald avec nous. Et le monde sorcier suivra. Vous aurez à dos le monde entier, parce qu'il me suffit de l'être contre vous, et tout le monde le sera. Enervé. Haineux. Hors de contrôle. Tuez cet homme, et c'est le monde qui en souffrira. Et il me semble, madame la Ministre, que vous y vivez. Que nous y vivons tous. Tuer cet homme, c'est tuer le monde. »
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31 HEURES AVANT NOËL
FanfictionC'est séparés de barreaux de fer qu'ils peuvent se parler. C'est en quelques secondes qu'il lui demande de découvrir la vérité. Ce sont 31 heures qui découlent trop rapidement, rapprochant d'eux la sentence de la mort. Serez-vous de la partie le soi...