Chapitre 28

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4 heures avant Noël.

• Rien d'autre n'eut plus jamais d'importance dans la vie de Drago. Rien ne hanta plus ses nuits, rien ne lui fit plus mal que cette promesse et ces moments horribles. Y repenser le tortura, le revivre le tua à petits feux. Sa mère venait de lâcher prise, elle n'avait pas eu la force de finir l'ascension. Celle de la vie que chacun s'efforce de réussir. Narcissa Malefoy n'était plus.

Et c'était comme si Drago mourrait avec elle.

Il ne réalisait pas encore. Il tenait ses mains dans les siennes, ses genoux contre son corps, ses yeux cherchant les siens. Il voulait entendre sa voix, sa respiration. Il voulait sentir son cœur battre ; parce que chaque battement de cœur est une nouvelle chance de vivre. Elle méritait une deuxième chance, et s'il le fallait, Drago lui en donnerait une troisième, une quatrième, il lui donnerait sa propre chance de vivre. S'il le pouvait.

« Dis quelque chose. »

-Dis quelque chose ! cria-t-il désespérément.

Mais elle ne disait rien. Ni « je t'aime », ni « je vis ». Un soupir aurait pourtant suffi.

Drago redevint calme. Il ferma les yeux, il concentrait sa colère. Sa haine, son désespoir. Une larme coula de ses yeux fermés ; elle était partagée entre tous les sentiments que Drago vivait là. La haine, l'amour, le désespoir, l'impuissance, la colère, la peur, la lassitude, un grand vide.

La haine d'un être ni humain ni compatissant.

L'amour d'une femme aimante et protectrice ; sa mère.

Le désespoir d'avoir perdu un être si cher ; une partie de lui-même.

L'impuissance face à la mort ; ce n'est qu'une question de temps, et quand il est l'heure, on ne peut que regarder.

La colère envers le responsable et l'indifférence de sa tante, de son père. On ne peut que regarder, mais on peut aussi réagir, compatir, ressentir ; être humain, en somme.

La peur de se rebeller contre un sorcier bien plus puissant que lui, parce que même si l'amour est la plus grande force existante, elle reste inefficace contre lui : Voldemort, un monstre qui ne connait pas cette force.

La lassitude d'être malmené ainsi depuis des heures ; le deux avril 1998 était une date qu'il n'oublierait jamais. Il lui semblait qu'un siècle s'était écoulé depuis le matin.

Un grand vide ; celui qu'on ressent après avoir pleuré toutes ses larmes, après avoir ri jusqu'à en avoir mal au ventre, après un effort immense, un effort intense. Les grands vides qui surviennent après avoir vécu des moments inoubliables, extrêmes.

Drago tentait d'assembler ces idées et de trouver une réaction qui conciliait le plus de sentiments possibles. Mais ces sentiments étaient parfois contradictoires, et il hésitait.

Il hésita trop.

Voldemort fit un geste de la tête, et Karl sortit de sa torpeur. Ses yeux vides suivirent ceux du mage noir, et il hocha la tête à contrecœur. Les ordres étaient clairs. Le Mangemort s'approcha du cadavre inerte ; pendant un instant il ne sut plus qui restait inerte : Narcissa ou Drago ?

Avec une force précise et rapide, il s'empara de Drago et le tira en arrière. Il était sincèrement désolé de ce qu'il faisait. Il attira Drago en arrière.

-NON !

Il cria presque aussi fort que l'avait fait Narcissa, et il se débattit. Il tenta de s'accrocher à sa mère, à son cadavre, à la dernière preuve de son existence. Mais elle existerait aussi longtemps qu'il penserait à elle, aussi longtemps qu'il l'aimerait.

Alors, c'était sûr, elle existerait à jamais. •

31 HEURES AVANT NOËLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant