Une histoire d'amour contrariée

Chapitre 12 : Des retrouvailles imprévues.

Comment cela était-il arrivé? Le policier lui avait promis qu'elle ne le rencontrerait pas et voilà qu'il se tenait là en train de la dévisager. Il n'avait pas changé en un an, il était toujours aussi séduisant et charmant avec son Visage d'ange. Tout de son mari lui avait atrocement manqué jusqu'à ce sourire qui se dessinait sur sa bouche et qui la désarmait à chaque fois. Ses yeux noisettes semblaient cependant révéler une lueur de mélancolie, lui aussi avait du souffrir terriblement. Et elle en était responsable.

- Mademoiselle, dit David avec un fort accent allemand, puis-je m'asseoir à cette place? Vous avez l'air d'être totalement perdue dans vos pensées?

Effectivement, Lisa se demandait comment elle allait s'en sortir. Si elle ouvrait la bouche, il la reconnaîtrait immédiatement. La voix d'une personne est unique et elle la trahirait. La meilleure réponse serait le silence, elle ne lui répondit pas mais indiqua un non simplement en faisant un mouvement avec sa tête. Puis, elle porta son regard vers l' hublot priant de toutes ses forces qu'il ne s'assied pas à côté d'elle. Elle ne pourrait lui résister longtemps !

Cette jeune femme lui parut bien impoli et jamais dans sa vie, David SEIDEL n'avait eu l'habitude d'être ignorer ou repousser par une femme excepté Lisa qui l'avait flanqué à la porte de la maison de ses parents. Et là, il l'avait mérité. Mais la réaction de cette jeune femme restait incompréhensible. Il ne comprenait pas la raison du refus. Tant pis, de toute façon, il n'avait pas envie de se retrouver à côté de l'autre olibrius et l'envie de connaître cette jeune femme le taraudait.

- Je prends ça pour un oui, dit David en souriant.

Il se permit de s'asseoir à côté d'elle sans savoir qu'il s'agissait de la femme qu'il aimait éperdument plus que tout au monde, plus que lui-même.

Décidément, David n'avait pas du tout changé au niveau du caractère se dit Lisa. Il n'avait jamais été du genre à accepter un refus de la part de qui que ce soit. Quand il désirait vraiment quelque chose , il faisait tout pour y arriver comme la fois où il lui avait fait la surprise d'un vol en montgolfière en amoureux. Bien qu'elle détestait l'apesanteur, il l'avait rassuré en la prenant dans ses bras. Elle avait réussi à se détendre avec lui au fur et à mesure du vol. Elle avait même apprécié ce diner improvisé : pique-nique et coupes de champagne de circonstance. Après ce repas spartiate, ils s'étaient embrassés avec passion sentant la caresse du vent sur leurs visages qui se touchaient. De plus, la vue sur Berlin et ses environs était magnifique mais moins que leurs ébats passionnés à bord de la nacelle. Non, ils n'avaient pas eu froid ce jour-là.

- Je m'appelle David SEIDEL et vous? Mademoiselle rêveuse aux lunettes de soleil ?, plaisanta-t-il. Cette plaisanterie l'a sortit de ce souvenir merveilleux.

Et elle pensa tout de suite à changer de stratégie car le silence ne durerait qu'un temps et apparemment David avait envie de la découvrir. Si seulement tu savais David, tu me connais jusqu'au plus profond de mon être, jusqu'à la moindre partie de mon corps. Après un laps de temps interminable pour David, elle improvisa et trouva une solution pour ne pas se dévoiler, elle se ferait passer pour une personne muette de naissance. Lorsqu'elle était petite, elle avait appris le langage des signes auprès de sa grand-mère maternelle. Depuis cet apprentissage, elles avaient été très complices jusqu'à la mort qui l'avait emportée un jour, la veille du printemps. C'était une petite partie de sa vie que David ignorait et tant mieux, elle allait pouvoir s'en servir. Avec ses doigts gantés, elle lui répondit avec le langage des signes A-L-E-X-A-N-D-R-A . A cette réponse gestuelle, David comprit qu'elle ne pouvait pas parler. Quel dommage! Être aussi jeune et jolie et ne pas pouvoir parler. Malgré le fait qu'il n'avait jamais appris ce langage, il avait pu distinguer les lettres constituant le prénom de cette jeune femme discrète.