4 - Personne ne doit savoir

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       « Comment ça elle ne peut plus marcher ? » s'énerva le Roi

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       « Comment ça elle ne peut plus marcher ? » s'énerva le Roi.

Je venais tout juste de me réveiller quand je constatais que je n'étais pas seule. Au vu de la discussion plus tendue qu'autre chose, je décidais de ne pas ouvrir les yeux et de me faire discrète. Pour ne pas alarmer mon entourage, je veillais bien à garder un rythme de respiration équivalant à un sommeil profond. Puis je me concentrais après sur la conversation à laquelle j'assistais :

« Elle a une fracture au col du fémur, le médecin vit l'expression ahurie de son interlocuteur alors il ajouta à ses propos, c'est entre la hanche et le fémur. Elle a prit un gros choc dans sa chute, fort heureusement ce n'était pas bien grave.

- Mais où est donc le problème alors ?

- Votre fille ne pourra simplement pas se déplacer durant un long mois, souffla-t-il longuement, à cause de la fracture, le simple mouvement sera trop dur alors elle doit se reposer. Elle aura très certainement une tendance à écarter son pied droit vers l'extérieur, par conséquent évitez de la réprimander pour sa position. »

Mon cœur rata un battement.
J'étais exactement dans cette position au moment-même où il annonçait cela à l'individu qui n'était autre que mon père.

J'avais le net sentiment que leurs regards lourds et insoutenables étaient posés sur mon corps, couvert d'un drap blanc jusqu'à la poitrine.

Ne plus marcher ? Il était hors de question que je me tourne les pouces.

« Mais qu'allons-nous faire ? entendis-je de la part de mon père d'une voix peinée, les habitants du royaume la considèrent déjà comme une ratée bien qu'ils ne l'aient jamais aperçu. »

Ses paroles avaient l'effet d'un poignard dans mon cœur. Je n'accepterais jamais cet acharnement sur ma personne. Pourquoi n'étais-je tout simplement pas soutenue ?

Me sortant de mes songes, des pas résonnèrent dans la pièce :

« Écoutez-moi, haussa d'un ton autoritaire le Roi, personne ne doit savoir cet accident. Suis-je clair ? Si j'apprends que la nouvelle a fuité, je ferais en sorte que la taupe soit bannie du royaume. »

Les occupants de l'infirmerie semblaient affirmer silencieusement l'ordre du Roi.
Que cherchait-il à faire exactement ? Cacher tous mes faits et gestes au peuple était réellement la solution ?

Je suis la honte de la Famille, le vilain petit canard que l'on dissimulait au château.
Je n'étais peut-être tout simplement pas censée exister après tout : quatre queues, c'était une vraie anomalie.

Je comprenais et comprendrai toujours les intentions de mes proches : me protéger.
Cependant allais-je pouvoir être au trône d'un peuple ne désirant pas de ma présence ?

Et par-dessus tout, devais-je supporter toute ma vie le regard écœuré que me portait ma mère ?

   :¨·.·¨:

       Presque un mois s'était déroulé, et je m'ennuyais à mourir. Je recevais des cours particuliers à mon chevet, mais rien n'arrangeait mon cas.
Maya, quant à elle, venait me voir régulièrement à son temps libre. Il était vrai qu'elle avait plus de loisirs auxquels elle pouvait se consacrer.

J'avais toujours envié ma soeur qui s'apprêtait le plus grand temps à ses passions.
Lorsque l'on rentre d'ailleurs dans sa chambre, des tonnes de carnets contenant des croquis de tout et n'importe quoi étaient éparpillés.

Elle avait les possibilités de se balader dans les quartiers du royaume, aider les autres...
Tout ce que je ne pouvais pas faire, pour résumer l'affaire.

Contrairement à elle, je recevais tous les enseignements diverses : combats, histoire de nos ancêtres, études sur les espèces d'Eldarya... j'épargnais le reste car ma routine était tout simplement barbante.

« Toujours est-il qu'après le Grand Exil... hum hum, se mit à tousser le vieil homme qui tenait un ouvrage entre ses mains, je vous dérange mademoiselle ? »

Je ne bougeais pas d'un cheveu, j'étais absorbée par la fenêtre qui donnait une magnifique vue sur le ciel. Je n'en avais que faire de ce cours, je connaissais sur le bout des doigts l'histoire d'Eldarya et sa création.

« Mademoiselle Miiko ! s'agaça hautainement le professeur, si vous vous fichez de ce que je dis alors exprimez-vous clairement !

- Parfait dans ce cas ! affirmai-je, je n'en ai strictement rien à faire. Si vous souhaitiez réellement captiver mon intention, ne croyez-vous pas que vous devriez d'abord changer le contenu de vos enseignements ?

- Votre Majesté ! Je suis outré de vos vulgaires paroles, ce n'est pas digne d'une princesse ! déballa-t-il en fronçant les sourcils.

- Bla-bla-bla princesse de mes queues ! Je parle comme je veux et je n'ai pas besoin de votre accord ! »

J'eus comme une montée d'adrénaline soudaine, une envie de m'enfuir.

De ce fait j'ôtais le linge froissé qui me couvrait puis descendais de mon lit.
Le froid intense du carrelage entrait en contact avec mes pieds nus, et remontait jusqu'au haut de mon corps tout en me provoquant de brusques frissons. J'étais vêtue d'un simple tissu rose pale faisant office de robe toute légère, accentuant la vague de frais.

Je m'immobilisais toutefois d'emblée, de peur de m'écrouler. Mais contrairement à ce que j'aurais imaginé, je ne ressentais aucune douleur.

Je m'élançais donc dans une course fulgurante vers la sortie et hurlais à gorge déployée mon bonheur de retrouver mes jambes, ceci tout en ouvrant les grandes portes entravant ma route.

Je devais montrer ça à ma famille, leur montrer ma guérison miraculeuse.
Pour quelle raison ? Je n'en possédais aucune.

J'espérais juste que leur estime à mon sujet remonte, sans même savoir que cela ne servirait à rien...

Sur le droit chemin [Miiko x Ashkore]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant