Sur le droit chemin [Miiko x Ashkore]

5 - Je serai toujours là

J'étais lancée à pleine allure, je me sentais légère, ravie. Chaque pas était un réel bonheur.
Être enfermée autour de quatre murs n'était pas une solution, je devais bouger.
Je courais à en perdre haleine, la soif me serrant agressivement la gorge. Ma poitrine se soulevait et s'affaissait sans cesse en vue de l'excès d'effort que j'effectuais.

Cependant je m'arrêtai brusquement. Un bruit sourd de verre cassé parvint à mes oreilles qui s'inclinaient dans différents angles, puis tantôt des engueulades.
Prise d'une immense curiosité, je ne pus me soustraire d'ignorer : j'entendais des bris de conversation et cela suffisait pour attirer mon attention.
J'entrepris de faire demi-tour vers la salle en question qui me semblait agitée, à pas de loup.
Étrangement, les couloirs étaient vides, sans garde. Ce qui n'était pas pour me déplaire, bien au contraire !

Enfin vint le moment où je me trouvais derrière la porte. Il s'agissait à présent de ne pas me faire repérer.

« Incapables que vous êtes ! Vous croyez que nous allons attendre son couronnement ? Il en est hors de question ! »

Le son agressif et violent qui venait d'un homme dont je ne connais l'existence frotta frétillement mes oreilles. C'en était fort désagréable que j'attrapais ces dernières au-dessus de ma tête afin de les protéger, puis continuais d'écouter.

« Pour qui vous prenez-vous ? s'exprima impassiblement la voix autoritaire du Roi, si vous venez pour tenir de tels propos en cette salle vous pouvez retrouver la sortie.

- Je ne partirais pas tant que je n'aurais pas vu de mes propres yeux cette Princesse tant précieuse qu'on ne mérite pas de voir ! cracha-il avec une ironie si perceptible, avouez-le une bonne fois pour toute, les rumeurs sont vraies n'est-ce pas ? »

Le dirigeant s'adressa à ses gardes :

« Sortez-le de mon palais. »

L'homme qui semblait avoir la quarantaine s'éloigna des imposantes carrures des soldats, pour s'approcher imprudemment de la Majesté. Il prit bien soin de fixer ce dernier dans les yeux avec un rictus effrayant collé au visage, puis accusa :

« Ce n'est qu'une moins que rien, pas vrai ? »

Puis les gardes agrippèrent violemment l'inconnu par les bras qui, lui, se laissa faire tout en rigolant à gorge déployée.

Un frisson déconcertant et soudain me parcourut l'échine, les jambes flageolantes.
La pièce était maintenant vide, où seuls mon père et moi assistions à ce silence apaisant, mais qui se faisait plus angoissant qu'autre chose dans nos cœurs.

Le visage morose, en essayant tant bien que de mal de ravaler mes larmes débordantes, je tentais de rejoindre le champ de vision de mon cher père.
Celui-ci releva la tête puis son regard s'illumina :

« Miiko, que fais-tu i.... » il s'arrêta sec en voyant mes larmes couler, transformant son expression joyeuse en un minois maussade.

Il ne posa pas de question, ayant simplement comprit la raison de mon état.
Alors, doucement, il ouvrit ses bras dans un geste réconfortant que j'interprétais bien évidemment comme une invitation.

Voilà que nous étions tous les deux, partageant des sanglots de tristesse en une étreinte. C'était l'amour père-fille, et je ne me priverais jamais de ce pur bonheur car j'en étais tout simplement dépendante.

Mon avis ne changera point.
Quand la joie est partagée, elle se voit multipliée. En revanche, lorsque la tristesse, quant à elle, est aussi communiquée, la douleur n'en est pas moindre. Pourtant, ce n'est pas pour cette raison que l'on ne cherche pas cette chaleur agréable pour nous accueillir.

« Je serai toujours là Miiko, je te protégerai toujours » l'entendis-je murmurer.

Il dit tout cela en déposant un faible baiser sur mon front.

Je me sentais mieux, mais combien de fois allait-on devoir essuyer mes larmes pour que cet événement ne se produise plus ?

Combien de temps encore devais-je rester immobile et spectatrice de ma vie ?