6 - Ça aurait dû être moi

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     Cela faisait un temps indéterminé que j'étais confortablement allongée dans mon lit, au point d'en faire un creux sous mon poids

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     Cela faisait un temps indéterminé que j'étais confortablement allongée dans mon lit, au point d'en faire un creux sous mon poids.
Les yeux fermés, j'écoutais silencieusement le chant harmonieux des oiseaux à ma fenêtre.
Je profitais de ces instants sereins de solitude pour me retrouver, ne plus penser.

Un mois était passé depuis la venue du vieil intrusif. Le sujet n'avait pas été remis sur le tapis, et c'était tant mieux.

Soudainement, ma porte s'ouvrît à la volée et des pas reconnaissables entre mille s'approchèrent de moi. Son odeur, un doux parfum de fraîcheur éternel, l'étoile des glaciers...

« Miiko, il est temps de te réveiller » dit-elle en me prenant un bras pour me secouer.

Je ne me fis pas prier. J'ouvris mes paupières lentement, habituant petit à petit mes pupilles à la lumière du jour dans la pièce.

« Dans une heure, tu dois être prête.

- En quel honneur ? répondis-je d'une voix enrouée par le sommeil.

- Les essayages, laissa-elle entendre en rangeant les quelques livres éparpillés au sol, il te faut une robe pour ton couronnement.

- Mon anniversaire... »

Mon regard se perdit dans le vide. La cérémonie de mon couronnement était lors du jour de mon anniversaire. J'aurai la majorité, dix-sept ans... je serai dévoilée au peuple.

« Mère, m'inquiétai-je, ne suis-je pas trop jeune pour prendre le pouvoir ? »

Ma mère me répondit d'un air lassé :

« Ton père et moi atteignons un âge où nous devons être remplacés. Les kitsunes ont beau être plus que centenaires, qui ne dit qu'un accident ne pourrait pas arriver ? Et puis c'était ton destin. »

Sur ces paroles, elle quitta la pièce sans attendre de retour de ma part. Elle ne s'attardait jamais en ma présence, et gardait autant de distance qu'elle le pouvait avec moi. Je n'avais jamais saisi ce comportement, elle était si différente avec Maya.

Et effectivement, j'étais tristement jalouse de ce traitement de faveur. Bien plus que je ne le pensais...

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« Princesse ! s'exclama la jeune fille à mes côtés ainsi que les quelques soupirs d'admiration des autres servantes, cette robe vous va à ravir ! »

Je me contemplais sans aucune réaction devant la glace. J'étais vêtue d'une magnifique robe bleue nuit qui dévoilait entièrement mes clavicules. Un corset de cuir noir avec une dentelle discrète soutenait le haut de ma robe, accentuant mes courbes. La même dentelle, mais cette fois-ci bleue, recouvrait mes bras nus. Ma robe était longue au point de ne plus apercevoir mes pieds, cependant j'étais dans d'inconfortables sandales beiges à talon.
Mes cheveux longs et noirs tombaient en cascade dans mon dos, ornés de quelques fleurs blanches dont le nom m'échappait.

Lorsque je sortis enfin de mes songes, je vis que les domestiques attendaient une réaction de ma part.

« Vraiment ? m'étonnai-je, j'ai pourtant l'impression que c'est trop extravagant à mon goût.

- Mademoiselle, c'est le jour de votre anniversaire ! Et en plus de cela, le pouvoir reviendra en vos mains ! répliqua discrètement la plus jeune du groupe.

- Vous vous devez d'être habillée digne de ce nom, dévoila une autre personne, vous ressemblez à une Princesse très puissante. »

Je grimaçais à l'entente de sa dernière phrase prononcée, ce qui lui fit comprendre qu'elle avait commis une erreur.
"Vous ressemblez", en voilà encore la preuve que je n'étais toujours pas considérée comme respectable.
La belle servante, nerveuse, se confondait en excuses mais je n'en écoutais rien, et partis me changer derrière le paravent.

Je n'étais pas vexée, c'était la réalité : une vérité dure à apprendre et entendre.

N'y avait-il que l'apparence ? Si l'on devait se fier "aux airs" de puissance, alors je ferais en sorte d'être considérée comme tel.

« Miiko ? »

Je relevai la tête doucement et croisai le regard interloqué de Maya.
Je sortis lentement de ma cachette afin de mieux la voir.
J'étais heureuse qu'elle soit là. Or, cela ne semblait pas réciproque. Elle m'observait de haut en bas, un rictus étrange sur le visage. Son attitude lunatique recommençait-elle à nouveau ? Souvent elle agissait de façon bienveillante un jour, puis le lendemain, je n'avais plus affaire à la même personne...

Pendant ce temps-là les employés quittèrent les lieux, sentant comme une gêne dans l'air.
Pourquoi avais-je l'impression qu'elle me méprisait ?

« Ça aurait dû être moi... » grommela-t-elle dans sa barbe en fronçant les sourcils.

Avais-je réellement bien compris ?
Je bégayai, éberluée :

« P-Pardon ?

- Tu m'as très bien comprise, cracha-t-elle froidement, tu ne mérites pas le trône ! »

Puis elle tourna les talons en courant. J'essayai tant bien de la rattraper toutefois je me ramassai lamentablement les pieds dans ma robe.

Par l'Oracle, comment faire pour retrouver la Maya que j'avais connue avant ?

Sur le droit chemin [Miiko x Ashkore]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant