Sur le droit chemin [Miiko x Ashkore]

41 - Assumer un rôle

« Hum... Miiko ? toussota une petite voix fragile, excusez-moi de vous déranger... »

Son interpellation m'intrigua, je relevai alors la tête vers mon interlocuteur :

« Ykhar ? Depuis quand tu me vouvoies ?

- Il faudrait que vous signiez ces papiers attestant le fait que vous reprendrez le rôle de Messire Kaze... »

Yonuki, Yonuki et encore Yonuki. Je n'en pouvais plus, je craquais déjà.

L'annonce avait été faite aux quatre coins d'Eel et tout le monde ne cessait d'évoquer ce prénom qui ébranlait encore mon esprit. Est-ce que cette fille sera aussi compétente que lui ? Est-ce qu'elle sera aussi autoritaire et tactique que notre ancien supérieur ? Saura t-elle porter l'avenir de notre cité ? Si Yonuki était le comparé, moi je n'étais que l'objet de comparaison.

Malgré mes efforts, comment ne pas s'écrouler ? Comment m'en passer lorsqu'il ne fallait plus montrer un quelconque signe de faiblesse ? J'étais bien consciente du choix que j'avais presque imposé, je savais que j'allais mordre la poussière. Cependant qui l'aurait fait à ma place ? Encore une fois, trop de responsabilités reposaient sur moi, je restais l'espoir malgré que l'on déniait ce fait.

« Dépose-les sur le bureau s'il te plaît, lui indiquai-je simplement en retournant le nez dans mes affaires

- M-Mais... la rousse bégaya, nous avons besoin que vous le fassiez maintenant.

- Je suis débordée Ykhar, je le ferai dès que possible.

- C'est important ! »

Son insistance me fit malheureusement perdre le contrôle sur mes émotions que je contenais bien au fond d'une pièce, fermée à clé. Alors, à bout, je vociférai :

« Je t'ai dit de les poser ! »

Aussitôt le teint de la jeune femme blêmit face à mon comportement soudain. Ses oreilles s'étaient abaissées comme le ferait un familier apeuré, blâmé par son maître. Ayant repris mes esprits, je me corrigeai immédiatement :

« Excuse-moi, je suis un peu fatiguée...

- J-je les laisse ici, elle déposa non sans délicatesse le dossier sous mes yeux, bonne matinée. »

Elle quitta d'un pas pressé la salle du Cristal, d'un air blessé qu'elle arborait généralement lorsque nous la froissions sans le savoir. La pression était-elle aussi grande au point de m'irriter même contre mon amie ? En proie à l'amertume, je me levais de ma chaise inconfortable sur laquelle je restais durant des journées puis me dirigeais lentement vers le Grand Cristal.