Fabbio (5)

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Ce fut de loin la soirée la plus étrange de toute ma vie.

D'un côté, mon plan s'est merveilleusement bien déroulé, au-delà de toute espérance. D'un autre côté... Bon, vous verrez bien.

Donc tout commence chez Andéol, suite à notre petite séance d'habillage. J'étais aux anges, transporté. Je n'avais jamais mis de tenues aussi sublimes que celle-ci, je me sentais comme un prince. Et Andéol...

J'avais la sensation que cet instant magique nous avait considérablement rapprochés. J'étais vraiment très touché qu'il ait partagé son secret avec moi.

Le moment le plus extraordinaire, c'est quand il s'est déshabillé devant moi. Bon, ne vous méprenez pas : même si je dois bien avouer qu'Andéol a un corps très attirant, ce qui m'a surtout plu, c'est la confiance qu'il m'avait témoignée. Plus de gêne ente nous, plus de pudeur. Juste deux amis, aussi gay fussent-ils, qui n'hésitaient pas à se montrer quasiment nu l'un devant l'autre, sans qu'il y ait la moindre tension.

Bref, je l'adore. Et j'étais plus déterminé que jamais à le rendre heureux, à commencer par lui présenter Thomas.

Quand nous retrouvâmes Naël, je crois qu'il était un peu jaloux de nos tenues. Pourtant, il n'était pas mal non plus, avec un tee-shirt moucheté, un pantalon noir et une veste mondaine gris clair. Il avait même fait un effort capillaire notable et avait mis ses plus beaux bijoux. Pour être honnête, je ne l'avais jamais vu aussi apprêté, même pour une soirée. Comprenons-nous bien : ce n'est pas que Naël n'accorde pas d'importance à son apparence, et d'ailleurs la plupart du temps il est plutôt stylé, mais je crois qu'au fond il s'en fiche trop de l'avis des autres pour gaspiller du temps devant un miroir.

Pas ce soir. Avait-il une idée derrière la tête ? Peut-être qu'il avait l'intention de draguer.

Dans la voiture Andéol lui raconta tout à propos de sa mère et de sa passion pour la mode, de son dressing magique et de nos essayages. Même si je l'avais déjà entendu moins de deux heures auparavant, son récit m'émut énormément. Vous n'imaginez pas à quel point je suis fier de lui, du courage dont il avait témoigné pour ressortir toutes ces merveilles, avec tous les souvenirs qui les accompagnaient, de beaux souvenirs et d'autres plus tragiques. Et il s'en était sorti la tête haute, fier de porter cette tenue. Je l'admirai pour ça.

Quand nous arrivâmes chez Mio Lorme, je dois avouer que j'ai été impressionné par la maison, surtout par sa superficie. L'intérieur était tout aussi claquant.

Mio nous accueillit, juste avant de recevoir un verre de glaçon sur la tête. Sitôt qu'il fut parti, Naël se tourna vers nous :

- Bon, fit-il, moi je vais faire un petit tour au bar...

- Déjà ? m'étonnai-je. On vient juste d'arriver.

- Je croyais que tu ne supportais pas l'alcool, remarqua Andéol.

- Ne vous inquiétez pas pour moi, les potos. Je vous dis à plus tard, j'aurais sans doute quelque chose à vous montrer.

Et sans en dire plus, il tourna les talons.

Quelque chose à nous montrer ? Qu'était-il encore en train de manigancer ?

Quoique ce soit, c'était suffisant pour nous abandonner dès le début de la soirée. Super la soirée à trois...

Bon tant pis, je peux toujours m'occuper d'Andy. Nous échangeâmes un regard :

- Laissons-le, décidai-je. Il serait trop dangereux d'essayer de comprendre tout ce qui se passe dans la tête de ce gars.

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