Naël (8)

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Un mois était passé depuis la semaine en l'Angleterre. Nous étions en avril, soit à moins de deux mois du bac.

Et moi, je redécouvrais la vie.

Nan, mais je suis sérieux ! C'est comme si j'avais passé cinq mois dans une cave, coupé de l'extérieur, et que soudainement je prenais conscience de tout ce que j'avais loupé.

Deux raison à ça, mis à part le retour du beau temps : primo, je ne parlais quasiment plus à Samuel. À mon retour d'Angleterre, il m'avait envoyé un message pour savoir comment s'était déroulé ma semaine, et je lui avais répondu très succinctement. Depuis, nos échanges devaient se limiter à cinq ou six SMS par semaine, et plus un seul mail. Plus les jours défilaient, moins je me sentais obsédé par lui : c'est ainsi que j'ai découvert que lorsque je ne passais pas tout mon temps à lui parler ou simplement à penser à lui et à me prendre la tête, je pouvais faire un tas de choses formidables. Comme voir mes amis, sortir ou même réviser.

Deuxio, mes amis. D'abord Andéol qui s'était métamorphosé depuis qu'il passait tout son temps avec Thomas. Je m'étonnais que ces deux-là ne se soient toujours pas déclarés en couple... Sérieux, ils passent tout leur temps ensembles : maintenant, à chaque fois que je vois Andy, Thomas n'est jamais loin. Il l'emmène à chacune de nos sorties. Tant mieux en un sens, parce qu'ils sont aussi barrés l'un que l'autre ces deux-là donc on peut dire qu'ils se sont bien trouvés. Par contre, j'étais assez étonné de découvrir que Thomas était gay. Enfin, personne ne me l'avait dit, mais à le voir avec Andy, il n'y avait pas vraiment de doute. Zut, depuis le temps que je le connaissais, si j'avais su plus tôt... C'est vrai qu'il était mignon ; mais bon Andy a été plus rapide. C'est dingue, Fabbio avait vu juste.

Lui aussi était au top de sa forme. Il s'était finalement remis de sa rupture avec l'autre connard toxico. Maintenant il était à fond sur son concours de rock qui devait avoir lieu dans une semaine. Devinez quoi, il s'était même mis en tête de se trouver un nouveau copain. Pourquoi était-il si pressé, ça je n'en sais rien, mais il avait l'air déterminé. Il m'avait même demandé de l'aide, mais par malheur, mon réseau de contacts gays était extrêmement réduit – ça se saurait autrement. Bref, je ne pouvais rien faire de plus que de lui souhaiter bonne chance. Même si j'espérais que le prochain à se trouver un mec après Andy et son prince charmant, ce serait plutôt moi... C'est vrai quoi, moi j'y ai encore jamais eu le droit.

Enfin, il y avait Mio. Plus le temps passait, plus je m'entendais bien avec lui. C'est ouf le nombre de trucs qu'on a en commun ! On pouvait parler de tout et de rien pendant très longtemps. Souvent, je le retrouvais, parfois avec Kevin, après les cours pour réviser, discuter ou trainer en ville. Je lui racontais ma vie, lui la sienne. Je lui avais même parlé de Sam.

- C'est dingue, avait-il dit. J'aurais jamais pensé qu'un des gars du hand puisse être comme ça. Je les connais tous depuis la dose de temps.

- Apparemment, il est très discret.

- Faut croire. Et tu ne sais toujours pas qui c'est ?

- Je cherche plus vraiment à savoir, tu vois ? Maintenant, c'est à lui de faire le premier pas qu'il veut me rencontrer. Lui, il sait qui je suis.

Mio avait haussé les sourcils puis avait répété :

- C'est dingue.

Tu l'as dit. À force, c'est moi qui avait finis par croire que j'étais dingue. Heureusement, il semblerait que j'étais en bonne voie de guérison.

Bref, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et c'est sur ces entrefaite que se profila un évènement de grande ampleur, dont on entendait parler depuis des mois : le CRIH. Le Championnat Régional Inter-lycéen d'Handball. Tout un programme.

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