Fabbio (7)

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Tout ne s'est pas déroulé exactement comme je l'avais pensé. J'espérais passer la semaine juste avec Andy, à alterner entre ski et raclette, balades dans la neige et longues discussions à la bougie. Ce ne fut pas exactement ce qu'il s'est passé...

Depuis le temps qu'on entendait parler de ce voyage dans les Alpes, j'étais plutôt emballé à l'idée de lâcher un peu les cours pour une semaine et de m'éclater à la montagne. En plus, j'adore skier. J'y allais souvent, plus jeune. Tous les ans en fait, avec mes parents et mon frère jusqu'à ce que mon père ne quitte ma mère. Par la suite, nous y étions retourné quelques fois, mais ça faisait trois ans que je n'avais pas remis les pieds à la montagne. Bref, j'étais content.

Le domaine était super sympas : un village de chalets situé dans la région du Grand Serre, entouré par des montagnes aux pics vertigineux et recouverts d'une épaisse neige immaculée. Chaque chalet comportait entre cinq et dix chambres avec une salle commune. Pour ma part, j'étais dans une chambrée de deux avec Andy, comme prévu.

Évidemment, c'était con que Naël ne soit pas là, mais au moins je n'étais pas tout seul. Et dire qu'Andy avait hésité à venir... J'avais bien fait d'insister : au final, je crois que c'est lui qui s'est le plus éclaté pendant cette semaine. Je vous jure, on aurait dit qu'il s'était métamorphosé, je l'ai rarement connu aussi enjoué et serein.

Outre le grand air alpin, la raison de ce changement était plus qu'évidente : Thomas. C'est dingue comme ces deux-là s'entendaient bien ; à les voir on aurait dit qu'ils se connaissaient depuis des années. Quand je pense que tout ça c'est grâce à moi... C'était mon idée de les pousser à se rencontrer. Au moins, sur ce coup-là, j'avais vu juste.

Je n'avais pas remarqué immédiatement cette complicité naissante. Je veux dire, au début du séjour, mis à part quelque saluts et sourires échangés, ils ne s'étaient quasiment pas adressé la parole. Thomas était resté avec ses amis et Andy avec moi, tout simplement. Pourtant, je sentais bien que le regard d'Andy était fuyant, comme constamment à la recherche de quelque chose – ou quelqu'un.

Puis tout avait changé le troisième jour. Je crois qu'il serait intéressant que je vous raconte...

Ce jour-là, les moniteurs qui nous encadraient pour cette semaine nous avez laissé quartier-libre l'après-midi pour se promener ou skier sur le domaine restreint du Grand Serre. J'avais réussi à convaincre Andy de venir skier avec moi. Je suppose qu'il avait accepté pour me faire plaisir.

Il faut que je vous dise, Andy n'est pas hyper à l'aise sur des skis. À le croire, ce n'était que la deuxième fois de sa vie qu'il partait aux sports d'hiver. Du coup, il galérait un peu, même si c'était plutôt drôle à voir. Il s'est payé de ces gamelles... Mais ce jour-là, il n'allait pas s'en plaindre : vous allez bientôt comprendre pourquoi.

Comme nous n'avions pas le droit de nous éloigner trop du village, nous étions partis tester les pistes qui se trouvaient juste à côté ; il suffisait d'un tire-fesse pour y accéder. Les pistes en question n'étaient pas très pentues ni glacées, mais dès la première descente, Andy avait un peu paniqué. Pour faire court, il s'était malencontreusement emballé les skis, je ne sais pas trop comment, et il était parti la tête en avant.

La piste faisait à peine cent mètres, mais il l'avait dévalée entièrement en roulé-boulé. J'avais bien essayé de l'aider, mais j'avais eu beau skier à toute vitesse, je n'avais pas pu le rattraper. Vu la rapidité à laquelle il fonçait, impossible de savoir s'il criait ou pas.

Bon, c'était assez spectaculaire à voir, mais je vous rassure tout de suite : il ne s'est pas fait mal. La piste se terminait quasiment en plat, il avait donc réussi à perdre de la vitesse et à amortir sa chute. Manque de bol, il était parvenu à faucher quelqu'un dans sa course. Quand je suis arrivé, je l'ai retrouvé étalé par terre, pêle-mêle avec un autre garçon qui passait tranquillement par là.

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