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Fabbio (8)

Finalement, cette rupture s'était révélée plutôt bénéfique. Elle m'avait permis d'avancer, de comprendre des choses sur moi et sur la vie que je voulais avoir.

Une vie de liberté, de plaisirs, mais aussi une vie à partager avec quelqu'un sur qui je puisse compter. Une relation à deux sens, où on me rendrait tout ce que donne. Une vie de passion, surtout, à commencer par celle que j'ai pour la musique.

À moins d'une semaine du Concours de jeune talent Rock'n'Lunacy, je me sentais plus confiant que jamais. Les soucis que j'avaient eu avec Pierre, pour tenter de raviver une flamme éteinte depuis trop longtemps, m'avait détourné de mon objectif initial : chanter. Gagner le concours et par-là ma place pour le Conservatoire National Supérieur de Musique. En trois mots : réaliser mon rêve.

La musique, voilà mon véritable amour. Avec tous mes problèmes de cœur, il semblerait que je l'ai un peu oublié... Mais qu'importe, il n'est jamais trop tard. D'ailleurs, c'est la musique qui m'a permis de me remettre de cette rupture. J'avais même retrouvé le gout pour la séduction et je m'étais mis en tête de retrouver un copain. Mais cette fois-ci, je ne chercherai pas le grand amour – je n'étais même plus certain d'y croire. Juste un garçon sympa avec qui prendre du bon temps, découvrir de nouvelles choses. J'étais libre après tout.

Bon, ça s'avérait plus difficile que prévu. J'étais sorti dans un bar ou deux avec Naël, mais ça n'avait débouché sur rien. J'avais oublié à quel point c'était difficile pour nous, les gays, de faire des rencontres... Mais bon qu'importe, ce n'était pas non plus ma priorité.

Ce dernier mois, soit le peu de temps qu'il me restait pour préparer le concours, je m'étais totalement consacré à la musique. Jour et nuit, seul ou avec Tony, Jimmy et Andéol, je chantais et je jouais, à m'en rompre les cordes vocales, à m'en couvrir les doigts de cloques. Peu importe, j'adorais ça. C'est la plus douce des drogues, mais aussi la plus exaltante. Je chantais mes peines, mes doutes, mes attentes et mon espoir. La musique avait fait son retour fracassant dans ma vie, et vous savez quoi ? Ça m'a guéri.

En pensant à Pierre, je n'avais plus de chagrin, pas plus que de rancœur. Je m'étais fait une raison : nous n'étions pas faits pour être ensembles. Maintenant, je n'avais plus qu'à lui souhaiter d'être heureux, et à m'occuper de mon propre bonheur.

J'étais très fier de mon groupe, et en même temps très optimiste pour le concours. C'est vrai, tout le monde se donnait à fond ; Tony et Jimmy semblaient plus impliqués et plus déterminés que jamais. Un soir après la répétition, Jimmy m'avait avoué que c'était ma nouvelle énergie qui les entraînait. J'en avais ressenti une certaine fierté, dans le même temps que je comprenais quelque chose de très importante : voilà quelle était ma place, celle du leader. C'était peut-être un rôle que j'avais craint d'incarner, mais plus maintenant. Vraiment, je suis métamorphosé et toute cette nouvelle énergie m'a donné la conviction dont j'avais besoin pour nous mener jusqu'à la victoire.

Pour résumer : on était bien parti pour tout défoncer.

À côté de ça, il y avait Andy. Plus je passais du temps avec lui, plus que le trouvais exceptionnel. Pourquoi m'avait-il fallu trois ans pour m'en rendre compte ? D'abord, parce ce qu'au cours de ces trente derniers jours, nous avons passé énormément de temps ensembles pour les répétitions. Forcément, à travers la musique, cela avait créé une nouvelle complicité très forte qui me rendait vraiment heureux. Ensuite, parce qu'Andy aussi avait beaucoup évolué ces derniers temps. Cela était indubitablement lié à sa relation avec Thomas, il était beaucoup plus ouvert et extraverti qu'avant. Pour ça, je ne pouvais que remercier Thomas, et me féliciter dans le même temps de l'avoir fait entrer dans la vie d'Andy. À présent, mon ami apprenait à se dévoiler, à montrer quel garçon extraordinaire et talentueux il était. Et il fallait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte.