Naël (2)

213 18 11
                                    


J'hésitai. Longtemps.

Je savais ce que je voulais dire, j'avais passé la nuit à joyeusement hacher menues mes émotions pour le comprendre. J'avais pris ma décision. Cette fois-ci, c'était la bonne ; comme disent les gens vieux.

Mais si je savais quoi écrire, il me restait une question à résoudre : comment faire ?

Je devais choisir mes mots si je voulais qu'ils aient de l'effet. Si possible, l'effet escompté...

Histoire d'éviter un énième échec, quoi. Ce serait sympas.

Je soupirai. C'était à peine si je n'entendais pas The Sound of Silence résonner en fond sonore dans ma tête.

Bref. J'inspirai ; après tout, qu'est-ce que je risquais ? Détruire mes chances avec le garçon qui m'avait déjà expliqué que

Je prends le risque.

____________________________________________________________

Le 24/02/2014 à 11h52
À : Un.autre@gmail.com
De : Youwillbeaman@gmail.com
Objet : Celui que tu voudras

Salut.

Avant tout, je tiens à préciser que ce que je vais dire est murement réfléchi. Peut-être que je vais paraitre insistant... Sans doute parce que je le suis.

Peut-être vais-je même paraitre relou ? Ça, ça ne fait aucun doute.

Aller je me lance : Samuel, ou quel que soit ton véritable nom...

Je veux te rencontrer.

Genre, je le veux vraiment. C'est pas - c'est plus - de la curiosité, c'est réel, c'est un désir, tu vois ce genre de désirs qui bout à l'intérieur de toi, qui te brule à chaque instant, à chaque mouvement, qui ne demande qu'à se libérer dans une joyeuse explosion de viscères humaines.

Je veux te rencontrer.

Sérieusement, ça fait quoi... trois mois qu'on se parle ? Oui, trois mois. Sept jours. Une heure et douze minutes.

Je retrouve en toi, en l'image que j'ai (que j'imagine ?) de toi, tout ce que je cherche.

De l'affection. De l'intelligence. De l'espoir.

J'adore nos échanges. Je les ai adorés depuis le premier jour, avant même de découvrir qu'on était si proche, géographiquement.

Ça me rend malade, de passer peut-être tous les jours devant toi, sans te voir. Sans savoir.

Je veux te rencontrer.

Pour voir, pour savoir, pour envisager. Pour me libérer de cet état maladif qui m'empêche de vivre.

S'il te plait, sois mon remède.

Affectueusement,

Nathanaël

____________________________________________________________

Oui, je sais ce que vous vous dites. Très spirituel. J'admet, sur ce coup-là, j'ai un peu chargé. 

Honnêtement, c'est pas dans mes habitudes de produire ce genre de discours. Mais que voulez-vous, je m'adapte.

Samuel est comme ça, il aime les belles paroles. Moi, j'aime Samuel ; donc je m'adapte.

LiésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant