Andéol (2)

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Je claquai la porte et recoiffai mon bonnet avant de sortir de chez les Laziccio.

Fabbio. Fabbio, Fabbio, Fabbio...

Bon, c'est officiel, je crois que je suis amoureux de mon meilleur ami.

Ce qui est, je vous l'accorde, assez pathétique.

Quoi que, je ne dois pas être le premier gay dans ce cas-là. Sauf que dans mon cas, l'ironie du sort veut qu'il soit gay aussi. Pas de chance, il est déjà en couple.

Bon après, rien ne m'assure que si ça n'avait pas été le cas, cela aurait changé quelque chose. C'est vrai, quand je vois Pierre avec sa guitare, sa grosse bécane et ses tatouages, je ne pense pas être vraiment le genre de Fabbio.

Alors, pourquoi a-t-il fallu qu'il soit le miens ? Je vous le demande.

J'aurais pu tomber sur n'importe qui. Même un hétéro, ça m'aurait moins dérangé. J'ai déjà expérimenté, et puis c'est plutôt commun comme scénario ça. J'oserai presque dire démodé. Tandis que moi...

C'est moi ou les lois de l'univers se sont arrangées pour mettre le maximum de chaos dans ma vie ?

Honnêtement, tomber amoureux de son meilleur ami gay mais déjà pris ? J'en rirais presque.

Bon, après, quand je dis amoureux, c'est une façon de parler.

Que sais-je de l'amour ? Mis à part ce que j'ai appris dans les innombrables comédies romantiques qui ont comblé mes soirées... Eh bien, pas grand-chose. Je n'ai jamais été en couple, évidement, mais je ne crois pas non plus m'être déjà acoquiné de quelqu'un, qu'il soit fille ou garçon.

Mis à part une fois, peut-être, mais ça je préférais l'oublier...

En tout cas, je n'ai jamais déjà ressenti quelque chose d'aussi fort pour quelqu'un avant... Fabbio

Ça n'a pas été immédiat, je ne me suis pas amouraché dès notre première rencontre. En fait, c'est même plutôt l'inverse : quand je l'ai rencontré la première fois, je l'ai trouvé... dérangeant.

Il incarnait tout ce que je détestais : il était gay et fier de l'être, comme si c'était la plus belle chose qui lui soit arrivée et qu'il avait envie de l'afficher à chaque coin de rue. Il était sûr de lui, ne se laissait pas démonter par les avis des autres ni par leurs regards.

Tout ce que je ne saurais jamais faire. Peut-être n'était-ce que de la jalousie en fin de compte... N'empêche qu'il ne m'a pas plus. Mais, pour une raison qui au demeurant m'est inconnue, il a voulu se rapprocher de moi. Tisser des liens, devenir mon ami.

J'admets qu'au début, je l'ai un peu repoussé, ne sachant pas trop ce qu'il cherchait à faire. Il me bassinait avec sa fierté gay et me soutenait sans arrêt que j'avais tort de me cacher. Mais moi, je ne voulais pas qu'il me change, j'étais très bien comme ça.

Mais bon, il faut croire qu'à force de persévérance, il y soit parvenu. Du moins en partie.

Est-ce que je sens différend depuis qu'il est dans ma vie ?

Probablement.

Est-ce que je me sens mieux ?

Assurément.

Avec le temps, lui et Naël ont pris de plus en plus de place dans mon existence. Pourtant, je ne crois pas leur avoir laissé la tâche facile, mais il n'existe personne à ma connaissance de plus obstiné que Fabbio. Il a réussi à abattre mes barrières soigneusement érigées en 18 ans.

Et ainsi devint-il mon meilleur ami.

Mais l'histoire aurait pu s'arrêter là, ce qui n'aurait pas été plus mal.

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