Fabbio (2)

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En revenant dans ma chambre, je trouvai Pierre, allongé nu sur le lit, le visage inexpressif, le regard dans le vague. Je crus presque y déceler une préoccupante trace de mélancolie.

- Ça va ? dis-je doucement.

Il ne me répondit pas. J'enfilai un caleçon et m'assis à côté de lui.

- Ça va ? répétai-je en lui caressant la joue.

Arraché à sa réflexion, il m'adressa un faible sourire.

- Ça va, dit-il.

Je souris à mon tour et l'embrassai :

- Ça m'avait manqué, lui soufflai-je. Merci d'avoir fait exception et d'être revenu me voir plus tôt. C'était trop génial.

J'étais vraiment sincère. J'adore faire l'amour, surtout à mon copain.

Je jetai un coup d'œil contemplatif à son corps parfait. Des muscles superbement dessinés, une peau douce et imberbe...

Et ses fesses... Je vous raconte même pas. J'ai rarement vu quelque chose d'aussi beau dans ma vie.

Honnêtement, ce mec est génial. Vous en connaissez beaucoup, vous, des types capables de tout laisser en plan pour courir vous rejoindre ?

Moi non, mise à part ce gars-là. Et, dans le meilleur des mondes, il se trouve que ce gars, c'est mon copain.

Oui, j'ai de la chance. Et j'en ai pleinement conscience.

Alors je me penchai et l'embrassai. Il se laissa faire passivement.

Nous restâmes un petit moment à nous contempler puis il se redressa :

- Bon, il faut vraiment que j'y aille, lâcha-t-il en ramassant ses vêtements par terre.

Je n'avais pas envie qu'il s'en aille. Je voulais le prendre dans mes bras, me blottir contre lui dans le lit et rester là jusqu'à ce que le monde s'effondre.

Je l'adore tellement.

- D'accord, fins-je par répondre à contrecœur en le regardant se rhabiller.

Tandis qu'il remettait sa ceinture – superbe, en passant, avec une boucle en argent plaqué en forme de signe des cornes –, il se tourna vers moi :

- Au fait, ça m'embête de te demander ça, mais tu n'aurais pas un peu d'argent à me dépanner pour m'acheter des clopes ? Je suis un peu à sec en ce moment.

Je le regardai un instant, silencieux, puis hochai la tête. La vérité, c'est que j'essayais d'économiser pour le voyage de fin d'année, histoire de pouvoir m'éclater au max. Mais je n'osais pas lui dire non, je ne voulais pas le décevoir. Il avait fait une heure de route juste pour venir me voir, je lui devais bien ça.

- Oui, je vais chercha ça, dis-je d'un ton qui se voulait enjoué.

J'allais cherchais mon portefeuille. Pour être tout à fait honnête, je n'aime pas trop le fait qu'il fume. D'accord, nous sommes des rockeurs, et c'est sexy, viril, tout ça... Mais bon, je suis aussi gay, ne l'oublions pas.

Mais je ne dis rien, je n'avais pas envie de passer pour un gros lourd et de lui prendre la tête avec ça.

Je revins vers lui :

- Par contre, je n'ai qu'un billet de 20 balles, dis-je en le sortant de mon portefeuille.

- Ça va le faire, répondit-il en me le prenant des mains. Merci mon chéri, tu es un amour. Aller, je file.

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