Black swan.

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          TaeHyung m'a longuement dévisagé avec des yeux haineux. Depuis l'enfance, je fus habitué à ce genre de regard, mais cette fois-ci, tout au fond de moi se fait ressentir une petite pointe de regret et quelque chose ayant un trait mortifiant. Les autres partent à leurs tours, personne ne se soucie de moi, les seuls regards qui m'ont été portés se bornaient tous à des sentiments de haine, de ressentiments, de colère et autres semblables. La mal que j'ai provoqué, je le sais parfaitement.
          Mais comme à chaque fois, l'être dénué de sens moral ou de cœur compatissant –comme l'affirme l'une de mes connaissances- que je le suis arrive à se dire que rien n'était de ma faute ; qu'il l'avait voulu et qu'il était pleinement conscient de son acte et maître de sa décision. Oui, j'étais uniquement l'élément déclencheur : le mal et le vice existaient déjà en lui, juste qu'il a réussi à les dissimuler avant mon apparition dans sa vie quotidienne. Pour ma part, dès que mes yeux se sont posés sur lui, j'ai tout de suite discerné sa vraie nature, le faux masque dont il s'affublait en permanence. J'ai adoré l'épier à son issu ; mais vu qu'il était presque mon identique, il surprenait toujours mes regards qu'il prenait malin plaisir à répondre par un sourire dont je qualifiais de 'déstabilisant'. Au fur et à mesure que l'on se côtoyait plus fréquemment, il a également fini par me démasquer. Cela m'a beaucoup ahuri vu la mascarade que je jouais : personne ne se doutait de la vrai moi, de ce que je cachais derrière mon visage 'angélique', derrière mon sourire 'adorable', et derrière mes 'yeux candides'. Ils se sont tous bêtement laissés berner par mon physique en pensant avec la regrettable erreur que moi intérieurement doive être le reflet de moi extérieurement. Ne jamais se fier aux apparences ; cette pensée a peut-être seulement effleuré leurs têtes sans y rester. Rapidement, je fus admis dans leur cercle et tout le monde m'a témoigné de la sympathie.
          Je me plaisais à les observer et à les étudier tout en laissant voir ce qu'ils souhaitaient voir ; de toute manière, je n'y voyais aucun inconvénient face à cela car jouer la comédie, c'est ma spécialité et aussi mon passe-temps. Mes observations m'égayaient fortement, et ce que j'y vis et a appris m'ont énormément plu.

            En réalité, il est foncièrement aussi mauvais et cruel que moi. Notre différence réside uniquement peut-être dans le fait qu'il est entouré de gens 'bons' qui l'aiment sincèrement et peut-être aussi qu'il a eu une enfance heureuse. C'est sûrement à cause de cela qu'il a su réprimer son côté 'ténébreux'. D'habitude, la nature humaine a tendance à se refléter par rapport à l'environnement dans lequel elle évolue ; en présence de la lumière, l'on ne peut que briller à notre tour ; et bien entendu, le cas opposé n'est pas non plus impossible.

           L'élément déclencheur de son intérêt, je n'arrive pas à le situer quand exactement. Je me rappelle juste que du jour au lendemain, quelques semaines après mon 'intrusion' dans leur groupe, il m'a soudainement témoigné un discret intérêt qui s'est amplifié de plus en plus, au point où l'on s'est retrouvé à 'traîner' ensembles sans les autres, car de cette façon affirmait-il, nous étions plus intimes. Sans s'attendre à ce que je me confie à lui, il m'a révélé ce qu'il qualifiait de 'hantises' ou de 'troubles' ou encore 'd'insanités' en lui. Tout lui expliquer aurait été difficile ai-je pensé. Mais j'ai eu tout faux, puisque c'est un garçon intelligent et perspicace. Bon nombres d'écrits traitants 'ce sujet' sont déjà passé sous ses yeux, d'où l'inutilité de mes misérables explications. De nature curieux, il a rapidement eu tout ce qu'il voulait de moi, malgré mon mutisme, il a su se montrer patient et a finalement réussi à me soutirer des bribes de ma vie les plus secrètes, à ma plus grande désarroi. Il me déstabilisait avec ses regards soutenus et trop inquisiteurs et parfois dominants. C'est comme s'il lisait en moi, comme s'il décryptait mes moindres gestes corporels, comme s'il s'insinuait lentement dans ma tête...A maintes reprises, je lui a clairement fait savoir que le sorte de 'jeu' auquel il s'adonnait m'horripilait et qu'il devait de suite cesser, mais il n'en a rien tenu compte, au contraire, en addition il prenait un plaisir évident à accompagner cela par des allusions, des regards suggestifs mais invisibles aux yeux de ses amis. A mes dépends, j'ai fini par comprendre que l'unique moyen de me débarrasser de lui fût de jouer les indifférents et les impassibles.

            Parce qu'il m'a percé à jour, j'étais tenté de m'éloigner d'eux, de lui surtout mais j'aurais dû douter que cela ne serait pas du tout facile voire même impossible. La force de 'persuasion' dont il a usé pour me retenir m'a halluciné...j'ai grandement sous-estimé son emprise sur moi.
Oui, nous étions similaires sur des points, et sur ces points semblables, il était celui avec la plus forte personnalité, face à lui, j'étais comme un apprenti face à son maître...Je ne pouvais que me plier. Bien entendu, cette situation m'a donné une telle rage, mêlée d'impuissance...et clairvoyant comme il l'était, il a rapidement décelé la hargne que j'ai cru bien dissimulé. Cette fois-là, au lieu d'agir comme il faisait toujours, sa réaction fût si inattendue : il s'est éloigné de moi... J'ai été satisfait, mais cette satisfaction fût de courte durée car il m'a manqué. Eh oui, comment oser avouer que durant ce laps de temps, je m'étais attaché à lui, sans m'en rendre compte. Ridicule n'est-ce pas ?
          Lorsqu'après une très longue hésitation, ce fût avec un sourire particulier qu'il m'a accueilli lorsque je m'étais décidé de revenir vers lui. Il m'a 'recueilli' en m'étreignant...fortement...Je n'avais pas du tout compris la signification de ce geste trop familier à mon goût, mais je l'ai quand même accepté. C'était à partir de ce moment-là que nous nous étions physiquement rapproché et j'admets que ce fût bien.

         Affirmer que je n'ai pas vu les choses arriver n'est pas une exagération. Un trait de son caractère : toujours obtenir ce qu'il désirait, chose enrageant. Oui, son emprise sur moi a été si grande qu'il a réussi à me faire sien...

         Perdu dans mes réflexions, je n'ai pas remarqué que le ciel s'est rapidement assombri ; il va pleuvoir ce soir.
         Personne ne s'est proposée pour me ramener, après tout pourquoi les gens se soucieraient de la personne supposée responsable de la mort de leur cher NamJoon ?
Mes vêtements fussent légèrement trempés en dépassant le seuil du minuscule studio que j'occupe. Il faudrait me changer et me mettre au chaud si je ne veux pas m'enrhumer. Fatigué, j'enlève avec lenteur mes habits, mais soudainement, l'on me serre par derrière et je sentis un contact familier et chaleureux diffuser de la chaleur à travers ce toucher.

_Tu m'as manqué.

         Je ne pus que sourire face à cela, tant de tendresse mêlée d'un soupçon de rudesse dans sa voix. Un mélange étrange et inhabituel.

_Pense aux gens que tu viens de laisser...

         Lui reprocher sa 'décision' est une mauvaise idée, mais ne point y mentionner m'est dure, surtout après les regards de ses amis et de sa famille.

Lentement ; ses grandes mains m'enserrent le cou sans toutefois provoquer une grave suffocation.

_YoonGi, je suis maître de ma vie. Tout ce que tu as à faire est de rester à mes côtés. Compris ?

        A présent, sa voix laissait clairement transparaître la menace dont il s'efforce à maîtriser. Je me mordis la lèvre inférieure et pose ma main sur son bras dans le but de le calmer en le caressant. Cela marche car je le sens se détendre.

        Dans quel genre de folie l'on se lance ?

_Je t'aime YoonGi.
_Je t'aime également NamJoon. Répondis-je sincèrement.
_Nous serions le prochain Bonnie et Clyde, rien qu'à cette perspective, mon corps frémit d'excitation.

        Dans quel genre de folie l'ai-je entraîné ? me reprochais-je, mais je n'ai plus eu le temps d'y penser car déjà il me transportait dans un autre monde...


Au cœur de la fiction (Première Partie ) ⁿᵃᵐᵍⁱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant