Boy with love.

343 20 6
                                    


2008.


         A l'époque, je n'avais la moindre idée des conséquences futures de ma décision : une décision déterminant un tournant important de ma vie. Je ne mesurais pas combien certaines personnes étaient impliquées dans ma vie car j'étais sûrement trop accaparé par la perspective du nouvel environnement qui allait m'accueillir et qu'à l'époque, j'étais un adolescent immature. Je fus aveuglé et distrait au point d'oublier le reste...seule cette nouvelle existence fût dans tête ; j'y voyais déjà les esquisses et elles étaient toutes des images plaisantes et extatiques.

_Je t'écoute, abrège car j'ai à faire.

       Ces mots furent accompagné d'une exhalation de fumée de nicotine qui me provoqua un besoin de tousser et de m'éloigner, mais je tiens bon et fais de mon mieux pour ne pas froncer le nez. J'observe son visage mûri par les années ; dans celui-ci, j'essaie de retrouver le garçon dont j'étais très proche jadis. Le garçon avec qui je passais des nuits blanches pour vagabonder dans la rue, pour regarder en silence le ciel étoilé, le garçon avec qui je riais pour n'importe quoi et qui m'écoutais toujours avec la plus grande attention. A présent, j'avais l'impression de ne plus reconnaître qui j'ai en face de moi. Comme si un parfait inconnu me parlait. Je n'avais pas imaginé retrouver mon meilleur ami aussi froid et aussi distant, je ne pensais pas qu'il changerait autant.

-Vu que je suis de retour, ça te dirait que l'on se voit, je ne sais pas...Pour manger ensembles par exemple, n'avons-nous pas beaucoup de choses à dire et à rattraper ?

       Il me dévisage longuement et jeta son mégot en l'écrasant.

-Tu es arrivé quand déjà ?
-Jeudi, pourquoi ?

       En effet, je ne voyais pas l'intérêt de sa question. Il hocha la tête et un fin rictus étira ses lèvres gercés et légèrement bleui.

-Ça fait presque une semaine, mais je suppose que t'étais très occupé. Tu vois, j'aimerais bien accepter mais que faire, je suis très occupé. Bon, si t'as fini, faut que je me tire.

       Ce refus si froid me stupéfie. Je ne lui ai quand même pas demandé la lune ou un truc insensé et impossible. Pourquoi agit-il de la sorte ?

-T'as l'air si déçu, OK. Allons manger un truc vite fait, je t'offre des Sundae, ou de Tornado ou encore des Dakkochi ? Tu adores cela.

        M'invitant d'un geste, il me demanda de le suivre, ce que je fais en silence. L'agitation nocturne autours de nous ne me fit aucun effet, je marchais comme une marionnette, fixant juste le dos de YoonGi qui marchait devant moi. On s'arrêta devant un marchand ambulant et il commanda de suite. Comme un idiot, je restai là, sans rien dire. Les mots me manquaient de toute façon. Le marchand nous tend à chacun une assiette et l'on mangea en silence. Ce sont pourtant mes nourritures préférées mais là, dans ma bouche, le gout fût fade. YoonGi appréciait visiblement car il termina rapidement. Il me fixa, et à nouveau, je sentis poindre ce curieux mélange de sentiment de chagrin et de colère dont je ne comprenais pas du tout.

-Si t'as fini, partons. J'ai à faire je te répète.

      J'acquiesçai juste, et comme précédemment, je me mis à le suivre en silence. Nous déambulons entre les gens, je n'osais même pas questionner où nous allions, puis je voulais être avec lui, le suivre où qu'il allait car il m'a manqué.

-Ben, nos chemins se séparent ici. Dit-il soudainement.

      Je ne veux pas.
      Mais sans attendre ma réponse, il me fait un signe et s'en va. Au bord de la route, je regardai son dos se mêler à ceux des autres passants ; rapidement, il se retrouva à l'autre bord puis après quelques instants, sa vision s'estompe car les voitures se sont mises à circuler.
      Pourquoi cette impression de perte et de chagrin ? Il a l'air de s'éloigner encore plus, je le perdais petit à petit, il me file entre les doigts et cela m'est douloureux.
      A mon départ, il y a trois ans ans, je me demande s'il a ressenti les mêmes sentiments....
      Lorsque le feu indiqua la permission aux piétons de traverser, pourvu d'une force de volonté et d'un empressement tout nouvel, je me précipite à le suivre même si je l'ai perdu de vue depuis longtemps. J'avais envie de crier pour qu'il me réponde, je regarde partout et emprunte une direction quelconque en comptant sur la chance pour le retrouver.

Au cœur de la fiction (Première Partie ) ⁿᵃᵐᵍⁱ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant