𝟐𝟔

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𝓨𝓾𝓷𝓪

Je marchais rapidement en direction de la voiture de Hemon qui m'attendait déjà sur le parking. J'étais heureuse, mon rendez vous médical s'était très bien passé, et je n'avais désormais plus qu'une envie, revoir le beau tatoué.

En ouvrant la portière côté passager, je fus un instant surprise de voir l'homme que j'aimais complètement affalé sur le volant. Il semblait presque mort, et j'eus peur. Je me repris bien vite en le voyant lever la tête dans ma direction.

- Hemon? Ça va?

Il hocha simplement la tête, puis cette dernière retomba lourdement sur l'appui où elle était censée se poser. Non définitivement, il y avait quelque chose qui clochait.

- Tu sais que tu peux tout me dire? Lui demandais-je en pressant délicatement son épaule de ma main gauche.

- Oui, ne t'inquiète pas c'est rien. Répondit-il d'une si petite voix que je crus un moment que j'avais halluciné.

- Bon, je vais faire comme si je te croyais et te dire simplement que je serais toujours là.

Son regard dériva à nouveau vers moi et il se mordilla la lèvre nerveusement.

- Je, je ne sais pas si je t'ai déjà parlé de Chad, Chad Torres. Débuta-t-il.

Je croyais me souvenir vaguement de ce nom mais ne rétorquais rien, le laissant continuer. J'avais certainement dû l'entendre au détour d'une conversation.

- Chad était tout pour moi. Il était mon meilleur ami, mon frère, mon pilier. Il faisait parti du club, il était notre sergent d'armes avant que Ignace ne le remplace. Et, il y a quelques temps maintenant, nous étions en pleine mission quand c'est arrivé, il s'est pris une balle à ma place.

Je déposais lentement ma tête sur son épaule, dans un espoir de quelques peu le réconforter de ma présence, tout en l'intimant de continuer.

- J'ai été détruit ce jour là. Mon meilleur ami était mort, sous mes yeux, en me protégeant. C'est moi le président de ce club, c'est à moi de protéger mes frères. Et ce jour-là j'ai faillit à ma mission.

Un sanglot le pris soudainement à la gorge l'obligeant à faire une petite pause.

- Mais, mais, il y a quelques temps, lorsque Finneas est arrivé, avec des informations comme quoi il était en vie, j'ai de nouveau eu un espoir. Celui de revoir mon frère en vie.

Comment Finneas avait pu savoir ça?

- Et il y a quelques jours, on l'a retrouvé. Amoché mais bel et bien en vie.

- Et tu es allé le voir? Demandais-je finalement d'une voix calme.

- Il s'est réveillé ce matin. Je comptais aller le voir cette après-midi. Ca ne te dérange pas? Son ton s'était fait presque suppliant, et il affichait sur son visage une moue implorante.

- Ne t'inquiète pas, on peut même y aller maintenant, on ira déjeuner ensuite.

Je caressais lentement sa joue lorsqu'il m'embrassa soudainement. Il se faisait sauvage et le baiser traduisait tous ses remerciements muets.

Il se détacha lentement de mes lèvres et tourna presque aussitôt la clé dans le contact. Nous arrivâmes en quelques minutes. Je sentais Hemon aussi impatient que nerveux.

Nous gravîmes lentement les marches qui menaient au hall de l'hôpital. J'avais l'impression que j'y passais tout mon temps.

Le jeune homme à l'accueil nous interpella pour nous demander la raison de notre arrivée. Hemon lui expliqua succinctement le pourquoi du comment et nous prîmes l'ascenseur.

Chambre 206.

Dans l'ascenseur je saisais la main du tatoué et la serai légèrement, comme une preuve du fait que je serais toujours là.

- Merci. C'était plus un murmure qu'une réelle parole mais j'en fus touché.

Je saisi lentement son col et rapprochais mon visage du sien. Je dû me mettre sur la pointe des pieds afin de pouvoir apposer mon front contre le sien.

- Je serais là, à n'importe quel moment.

Il me fit un petit sourire et je passai l'une de mes mains dans ses cheveux, l'autre était toujours fermement attaché à son col.

Ses bras glissèrent autour de ma taille pour me rapprocher encore plus de lui.

Notre étreinte était forte, puissante. A travers celle ci, il me transmettait toute sa tristesse, tout son désarroi. Et en même temps, il semblait que j'avais un petit garçon dans mes bras. Comme si, à cet instant précis, Hemon n'était plus qu'un enfant fragile.

Un enfant qu'il fallait protéger, couver et épauler.

𝓗𝓮𝓶𝓸𝓷

Je me sentais bien dans ses bras, comme apaisé de tous mes tourments. Je comprenais peu à peu que je n'étais qu'un pion sur un plateau d'échec. Que l'on avait réussit à me berner d'une façon qui me dépassait.

Je me détachais lentement de son étreinte pour venir l'embrasser. Bordel qu'est ce que je l'aimais. Et dire que je ne l'avais encore ni revendiquée, ni fait d'elle ma régulière.

En réalité, peut-être qu'inconsciemment, je souhaitais avoir l'approbation de mon meilleur ami.

J'étais désormais à seulement quelques pas de la chambre de celui qui avait vécu l'enfer. Junan était assis sur une chaise en face de la porte blanche. Arwel étant parti en fin de matinée.

Je déposai un rapide baiser sur la tempe de Yuna et elle parti rejoindre son frère, ils parlaient mais je n'arrivais pas à me concentrer sur leur discussion. Mon regard et mon attention étaient trop centrés sur la poignée de porte.

- Vas-y. Nous restons ici. Vous avez besoin de vous retrouvez. Déclara finalement le brun en me voyant hésiter.

Je me retournai et leur jettai un faible sourire puis me décidai enfin à abaisser la poignée.

Allez, c'est parti.

𝓗𝓮𝓵𝓵'𝓼 𝓡𝓸𝓪𝓭 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant