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- Mademoiselle, vous devriez vous asseoir. Le médecin a bien préciser que vous n'aviez pas encore assez récupérer pour tenter de vous lever.
Je soufflais, contrariée. Cela faisait déjà deux semaines que j'étais réveillée, quatre que cela s'était passé. Et le médecin m'interdisait toujours le moindre mouvement.
J'en avais vraiment marre. Ne plus pouvoir bouger me privait de toutes les libertés que la vie accordait.
Junan passa soudainement sa tête par la porte. Et je vis à sa suite, Dany et Arwel.
- Hey sœurette! Comment ça va?
Il jetta un regard noir à l'infirmier qui me tenait encore par la taille.
- Monsieur. Dit-il a son attention comme pour lui signifier qu'il devait nous laisser.
Le jeune homme qui m'avait empêché de me lever quelques minutes plus tard parti en me précisant qu'il repasserait tout à l'heure pour la prise de mes médicaments et pour le repas du soir.
Je me remis confortablement dans mon lit pendant que Dany se plaçait à ma gauche et les deux autres à ma droite. Cela faisait bizarre. Je me sentais toute petite comparée à ces trois gaillards de plus d'un mètre quatre-vingts tout en muscles.
- Bon, t'en as pour combien de temps encore? Demanda Arwel d'une voix douce.
- Les médecins attendent que je me remette complètement et que je commence la rééducation. Après ils me laisseront partir.
- Et donc?
- Encore au moins une semaine. Dr. Jones m'a fait savoir que j'avais eu beaucoup de chance.
- Il y a un mais, n'est ce pas? Demanda à son tour Dany.
- Je ne pourrais plus jamais faire de sport nécessitant l'utilisation de mes jambes.
Les trois garçons baissèrent la tête. Atterrés.
- Je... putain j'suis vraiment désolé Yuna. Lança finalement mon frère après une petite minute de silence. Si j'étais pas rentré dans le club et si j'étais pas...
- Ta gueule Junan, ce n'est pas le moment pour te lamenter. Ce n'est pas en faisant des suppositions que tu vas changer les choses. Je pourrais faire exactement la même chose et pourtant je ne me plains pas. Ça ne pourra jamais modifier le passé et ce qu'il s'est passé n'est que l'une des œuvres abjectes du destin. Je n'y peux rien et vous non plus. Il y a d'autres personnes qui souffrent bien plus que moi. Tout ce dont j'ai besoin maintenant c'est de ta présence, et de la votre aussi. Déclarais je en me retournant vers mes deux autres amis.
Junan me sourit en me prenant dans ses bras. Ça m'avait manqué. Son contact m'avait manqué.
- Je serais toujours là pour toi maintenant. Souffla-t-il à mon encontre.
- Arrête Junan, ne me fais pas de promesses que tu n'es pas sûr de tenir.
Il hocha simplement la tête en me lançant un regard triste.
- Mais cette fois c'est différent. Et je compte bien te le prouver.
Dany et Arwel, en sentant que la conversation commençait à devenir trop personnelle, quittèrent rapidement la pièce. Nous laissant seuls dans la petite chambre d'hôpital.
Junan pris place à mes côtés sur le petit lit. Je me sentais apaisée. Le savoir à mes côtés ravivaient de vieux souvenirs heureux de ma mémoire. Lorsque nous étions plus jeunes, il venait parfois le soir pour dormir avec moi, apparemment je calmais ses terreurs nocturnes. Nos parents ne le savaient pas et ce secret n'avait fait que consolider nos liens déjà puissants à l'époque.
Il passa son bras droit derrière mon dos et posa sa main gauche sur les mienne. Il entreprit de faire de douces caresses sur celles ci.
- Pourquoi? Finis-je par demander, coupant ainsi le silence apaisant qui s'était instauré entre nous.
Junan compris immédiatement où je souhaitait en venir.
- Je me sentais perdu. Nous n'avions pas beaucoup d'argent. Mamita enchaînait tous les petits boulots qu'elle trouvait et élever deux enfants lui était impossible.
Je ne répondis rien, le laissant continuer.
- Je traînais souvent à la sortie de l'université avec un groupe de gars qui n'était pas vraiment fréquentable. Ils traînaient tous dans des affaires louches, style drogue et vente d'armes. Je ne m'en suis jamais mêlé. Tout du moins jusqu'à ce qu'un mec me contacte. Il avait su par l'intermédiaire de je-ne-sais-plus-qui que nous avions des problèmes d'argent. Il m'a proposé de me faire de l'argent facilement.
Je tournais légèrement la tête vers lui. Mais son regard était posé sur nos mains entrelacées. Nos regards se croisèrent finalement et il baisa simplement mon front. En me souriant tendrement.
- J'ai refusé. Cela vous aurait mis en danger et je ne pouvais pas me le permettre.
Il inspira profondément.
- Mais un jour ils m'ont suivi jusqu'à la maison. Et j'ai dû faire un détour pour éviter qu'ils ne sachent où on habitait. J'suis tombé sur un bar. C'était le lieu parfait pour me planquer. Sauf que c'était pas un bar comme les autres mais celui des Hells Angels. Ils ont tout de suite compris ce qu'il se tramait et m'ont protéger. Puis ils m'ont proposé un marché que je n'ai pas pu refuser.
- Quoi donc?
- Votre protection. La maison de Mamita n'était pas dans un quartier sécurisé et je ne pouvais pas me permettre de vous laisser sans protection. Je suis devenu prospect et en échange ils assuraient votre protection. J'ai été envoyé à San Francisco quelques semaines plus tard.
Je comprenais mieux. Et dire que j'avais pensé qu'il nous avait lâchement abandonné. En réalité il ne voulait que nous protéger.
- Merci. Je soufflais simplement en mettant ma tête dans le creux de son cou.
Il déplaça son bras droit et commença à doucement me caresser le dos.
Je me sentais rassurée, ainsi dans ses bras. Comme protégée de tous dangers. Je fermai les yeux, en me laissant bercer par sa respiration lente et ses caresses incessante sur mes mains et mon dos.
Je l'avais perdu une fois. Et nos retrouvailles n'en étaient que plus belles. Mais jamais, jamais je ne pourrais me permettre de le perdre une seconde fois. Car je ne suis pas sure que j'y survivrai.
Morphée fini par m'accueillir dans ses bras cotonneux. Et je le laissai à nouveau emporter dans les limbes du sommeil.
J'entendis seulement mon frère me murmurer à l'oreille trois petits mots que je n'avais pas entendu depuis très longtemps.
- Je t'aime.
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𝓗𝓮𝓵𝓵'𝓼 𝓡𝓸𝓪𝓭
AlteleElle n'aimait pas parler d'elle. Mais ses tatouages parlaient pour elle. Ce talent, aussi prononcé soit-il, finira un jour par la perdre. Il lui était vital. Pire qu'une passion, une partie d'elle. Il était craint, admiré, adulé. Mais tout ce qu'i...