Chapitre 29: Ténèbres

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Dans ma prison de pierre, je veillais sur mes amis, ma famille et mon amant. Je n'avais qu'à penser à eux pour pouvoir être avec eux. Tout au long de ces deux dernières années, je veillais perpétuellement sur eux. J'étais là pour les batailles,  celle d' Isla contre les loups-garous,  celle de Isodrus où nos alliés sont venus en renfort. Plusieurs villes avaient été libérées, d'autres batailles avaient fait rages mais il n'y avait pas que des mauvaises nouvelles, même si je n'avais pas pu être présente, j'avais vu ma cousine resplendissante dans sa robe blanche à la fin de la bataille de Limonum, le prince Maedhros avait marié ma cousine et son prince charmant. Parfois, ils me parlaient, chacun à leur tour pour me demander conseil ou autre. Voir Amanda et Perceval toujours veiller l'un sur l'autre me mettais un peu de bonheur dans mon cœur de pierre. Lancelot veillait sur Maedhros et Maedhros sur lui, plus ils combattaient ensemble, plus ils ne pouvaient pas se quitter. Cependant Lancelot tenait sa promesse, il protégeait notre roi coûte que coûte.  Deux années et demie s'étaient écoulées depuis que j'avais pris la décision de remplacer l'épée. J'avais de plus en plus de mal à me connecter à eux, et à les regarder, les protéger. Au fil des jours qui passèrent mon corps ne m'appartenais plus vraiment. Je devenais de plus en plus de pierre, c'était un combat contre moi même pour garder mon esprit sur cette terre et ne pas le laisser m'échapper. Il m'arrivait de ne plus les voir pendant plusieurs jours.  Dans ces moments là, Adonis guidait ma conscience vers mon corps, en me disant leur avancée, les messages qu'ils me transmettaient, les confidences d'Amanda, les demande de conseil de la part de Lancelot, que ce soit de la stratégie ou bien sentimentale, une histoire commençait à voir le jour entre le prince des elfes et notre preux chevalier Lancelot Du Lac, même si ce dernier refusait de l'admettre, je recevais toutes leurs confidences. Celles qui me permettaient le plus de m'accrocher étaient celles d'Arthur, elles étaient pleines de sentiments et d'espoirs même si je ne pouvais plus attendre, le temps m'était compté. Adonis faisait vraiment de son mieux pour que je reste en contact avec eux mais ça devenait dur, si dur. 

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Noir, tout était noir autour de moi, je ne voyais que le néant. J'essayais d'avancer mais mon corps refusait de m'obéir, j'étais coincée et seule. Est-ce que les trois années s'étaient écoulées? Mon corps n'était-il plus à moi? Non, ce n'était pas possible, il devait forcément me rester du temps. Tout était si noir et si vide autour de moi. C'était comme être enfermée dans une prison, c'est ce que j'étais  prisonnière de mon propre corps. Impossible d'en sortir et pourtant, ce serait si simple, si simple de tout laisser tomber, de tout quitter, de laisser seulement mes pouvoirs, de...

- Elizabeth. entendis-je murmurer la voix d'Arthur, Elizabeth, je ne sais pas si tu m'entends mais j'ai besoin de toi, je m'en vais combattre Guenièvre alors, s'il te plaît attends moi, attends que je récupère notre château, attends que je viennes te chercher, ne m'oublis pas et reste, reste pour moi. 

Au fur et à mesure où ses mots arrivèrent jusqu'à moi, ma vision s'éclaira et je retournais à leurs côtés. J'étais avec eux pour cette bataille finale. Ne pouvant pas m'éloigner d'Adonis, j'aidais ce dernier et Amanda à s'occuper de nos blessés dans une grande tente éloignée du champs de bataille. Dehors, la bataille faisait rage, les éléments se déchaînaient, les cris des hommes se confondaient avec les hurlements des loups-garous et les grognements féroces de nos alliés dragons. Nous vîmes arriver des dragons, des elfes, des tritons, des licornes... tous avaient besoin de notre aide et impossible de tous les sauver, alors nous nous occupions de ceux qui avaient les blessures les plus grave avec mes connaissances laissant ceux blessés avec des dangers mortels aux fées soigneuses, sans mes pouvoirs,ma cousine ne pouvait pas faire plus, cependant elle posait sans cesse la même question: 

- Beth est avec toi? demanda ma cousine, fatiguée

- Oui, elle est là. lui répondait Adonis à chaque fois. 

- Que dois-je faire ? me demandais Amanda

- Applique lui un onguent de baies de Hillidrus et de poudre de griffe de griffon, ça devrait guérir sa plaie. lui répondais Adonis.  

La nuit fut longue et périlleuse, de plus en plus de blessés arrivèrent, Amanda suivait attentivement mes consignes pour qu'on soit les plus efficaces possibles. Repoussant la noirceur qui envahissait mes visions, je me concentrais à ne faire qu'un avec mon familier.

-Le néant ce sera pour plus tard. dis-je 

- Qu'est ce qu'il y a Adonis? demanda Amanda soudainement inquiète 

- Beth a du mal à rester avec nous, nous somme entrain de la perdre! dit Adonis soudainement vraiment inquiet

- Guenièvre est morte! entendis-je crier Lancelot en entrant dans la tente: C'est fini! 

 C'étaient les derniers mots que j'entendirent, les ténèbres revernirent à moi. 

Les secondes devinèrent des minutes, ces minutes des heures et ces heures des jours. J'étais seule, seule dans le noir, seule avec un corps qui ne voulais plus bouger, emprisonnée malgré moi. 

-Non, c'était ma décision, j'ai fait le bon choix. dis-je à voix haute: Ce n'est pas leur faute si je suis ici,c'est que le temps s'est écoulé et que je dois partir. Le bon point dans ma sombre solitude, c'est que personne n'entendra mes dernières paroles, personne ne sera triste. Je suis fière de vous les amis, Arthur,je ne peux plus t'attendre, j'ai lutté comme toi, et je suis fière que vous aillez gagnés mais je ne tiens plus, mon être n'est plus à moi. Alors je m'en ...

- Elizabeth!!!!!!entendis-je hurler

De la lumière, un point de lumière qui criait mon nom, rassemblant toutes mes dernières forces, mes derniers espoirs, ma force je fis un pas à la fois, une douleur après une autre j'avançais progressivement vers cette lumière. Le souffle court, et toute tremblante je l'atteignis, mes yeux s'ouvrirent. Il était là, là avec moi et me prit dans ses bras:

- C'est fini, tout est fini. Je suis là, je suis venu te chercher. me murmura-t-il d'une voix douce, ses muscles se détendirent et mon  souffle se calma. J'étais sortie, enfin sortie de mes ténèbres. 

Merlin: l'enchanteresseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant