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Flash

La tête posée au creux de sa main, Théa regarde la ville défiler sous ses yeux. Alors que je pensais qu'elle me poserait plus de questions, elle n'en fait rien. Elle est pensive et détendue, je reporte mon attention sur la route, en me demandant si ce que je fais est bien ou non. J'ai juste envie de la voir sourire et heureuse ne serait-ce que le temps d'un week-end, qu'elle oublie ce que ce fils de pute lui fait subir.

- Tu sais que je n'ai pas de vêtement de rechange ?

Je frémis comme un ado dès que j'entends le son de sa voix, si douce et enivrante. Et l'idée de la voir se promener nue dans ma villa ne me déplait pas.

- Nous irons acheter ce qu'il te faut demain.

Elle acquiesce sans un mot de plus. Ses yeux papillonnent, indiquant que la fatigue prend possession de son corps.

- Tu peux dormir si tu veux, nous n'arriverons pas avant trois bonnes heures.

- Mais où m'emmènes-tu ?

- Fais-moi confiance, réponds-je avec un clin d'œil.

- Je suis avec toi dans cette voiture, je pense que tu as déjà ma confiance, sourit-elle.

- Tu m'en vois heureux.

Théa s'installe sur le côté et remonte légèrement ses jambes contre elle. Ses yeux me scrutent, je le sens, mais je ne dis rien.

- Tu es si mystérieux, murmure-t-elle.

- Pas tant que ça.

- Je ne sais pas qui tu es vraiment ni ce que tu caches, mais avec toi, je me sens en sécurité.

Un voile sombre traverse mon regard, si elle savait qui je suis réellement, elle changerait vite d'avis, pire encore, elle prendrait ses jambes à son cou. Je ne laisse pas cette pensée m'envahir, je veux profiter de ce moment avec elle.

Je roule doucement dans l'allée qui mène jusqu'à la maison. Je coupe le moteur puis glisse ma paume sur la joue de Théa qui a fini par s'endormir. Son visage est apaisé, elle est si belle et semble si fragile. Elle bouge un peu en gémissant, ma mâchoire se crispe à ce son qui éveille mes sens. Elle ouvre les yeux, puis un sourire étire ses lèvres. Elle se relève et remet un peu d'ordre dans sa chevelure désordonnée.

Tellement sexy.

Théa regarde à travers le pare-brise tout en restant silencieuse, elle pose sa main sur la poignée de la porte et sort du véhicule. Je la rejoins sans plus attendre, et scelle nos doigts entrent eux, puis je l'entraîne à ma suite jusqu'à la porte d'entrée que je pousse avant d'appuyer sur l'interrupteur. Elle se tourne vers moi en fronçant les sourcils et j'ai peur qu'elle me dise vouloir partir.

- Pour quelqu'un qui se moque de l'argent, je me demande ce que ce serait si tu n'en avais pas rien à faire.

- C'est un investissement, rien de plus. Une sortie de secours au cas où, me justifié-je.

- Malin en plus du reste.

- Et quel est le reste ?

Théa ignore ma question, elle ôte ses talons et foule le carrelage pieds nus. Je la laisse découvrir les lieux et file dans la cuisine nous servir quelque chose à boire. Ses doigts effleurent les meubles, ses yeux scrutent les tableaux accrochés au mur et la voir ici me semble normal. Je n'ai jamais emmené aucune femme dans cette villa, cette demeure est la seule chose qu'il me reste de ma sœur, nous l'avions achetée ensemble. Dès que nous avions du temps, nous nous retrouvions ici et nos journées se résumaient à décompresser du quotidien, en chantant, en dansant et en buvant jusqu'à en perdre la raison. Si j'étais le plus sage de nous deux et le plus raisonné, elle ne l'était pas du tout et c'est sans doute ce qui l'a conduite à ce bâtard. Nila faisait confiance à n'importe qui et ne voyait pas le danger.

- J'aime beaucoup, c'est cosy.

Oui, ma sœur aussi trouvait ça cosy. Je remplis nos verres d'eau et rejoins Théa qui reste immobile devant la bibliothèque. Elle saisit un livre et en lit le résumé avec attention.

- Tu es un petit cachottier en fin de compte.

- Pourquoi ça ? demandé-je en lui donnant son verre.

- Si j'en crois cette étagère, il n'y a que des romances.

- C'est exact, mais je n'en pas ouvert un seul.

- Celui-ci n'a pas été terminé, constate-t-elle.

Je lui prends des mains et jette un œil sur la couverture, c'est le dernier que Nila lisait. Je le repose sur l'étagère et invite Théa à s'installer sur le canapé. Après avoir bu une gorgée du liquide transparent, elle le pose sur la table basse.

- Pourquoi sommes-nous ici ?

- Parce que je veux te voir sourire ne serait-ce qu'un week-end, avoué-je.

- Je ne suis pas triste.

- En es-tu certaine ?

Elle hausse les épaules et se lève pour rejoindre la baie vitrée. Théa lisse ses cheveux et les passe sur son épaule, sa chair abîmée me file des frissons. J'ai pourtant vu bien pire que ça, mais sur elle ce n'est pas pareil. Cet homme l'abîme alors qu'elle est superbe. Je quitte le canapé à mon tour et me positionne derrière elle, même si je crève d'envie pour elle, je ne ferais rien de déplacé. Juste le minimum qu'elle m'autorise, comme la toucher pour lui montrer que tous les hommes ne sont pas pareils. Alors, d'un geste doux, j'enveloppe sa taille et la colle contre mon torse. Elle se raidit dans un premier temps, alors je la rassure.

- Je ne te ferais jamais de mal, Théa.

- Je sais.

- Alors, laisse-toi aller durant ces deux jours. Profite de ce moment de répit, ici tu ne crains rien. Absolument rien, lui assuré-je.

Et c'est ce qu'elle fait, sa tête repose sur mon torse et sa respiration se cale avec la mienne. Nous restons quelques minutes ainsi, silencieux à nous regarder dans le reflet de la vitre.

- Je vais te montrer ta chambre.

Me détacher de cette femme est bien plus difficile que je ne le voudrais. Elle me fait face en souriant timidement, puis elle pose ma main sur ma joue. Je lui saisis celle-ci et l'emmène avec moi à l'étage. Elle prendra la chambre d'ami près de la mienne. Arrivé dans la pièce, Théa ouvre la bouche, ébahie par la chambre ou la grandeur du lit, je ne sais pas vraiment.

- Je vais me perdre dans ce lit !

La voir ainsi me réjouit.

- La porte au fond, c'est la salle de bain. Fais comme chez toi, et s'il y a quoi que ce soit, ma chambre est la porte juste en face.

Elle se tourne vers moi, le regard brillant. Une larme s'échappe de coin de son œil, elle l'essuie aussitôt. Je m'approche d'elle pour la prendre dans mes bras.

- Merci, souffle-t-elle.

- Repose-toi, ne te préoccupe de rien. Tu es mon invité, et demain matin nous irons t'acheter de quoi te vêtir et un maillot de bain aussi.

Elle se raidit et je comprends pourquoi.

- Nous prendrons une tunique avec laquelle tu pourras te baigner.

Elle hoche la tête, je m'écarte et avec précaution pour ne pas la brusquer, j'entoure son visage de mes mains et dépose un baiser à la commissure de ses lèvres. Elle frémit à ce contact, je m'éloigne d'elle sans jamais la lâcher du regard. Elle n'est pas effrayée et ça me rassure.

- Bonne nuit, Théa.

- Bonne nuit, Matt.

Allongé sur mon lit, je suis incapable de fermer l'œil. Entre ma jambe qui me fait souffrir et Théa qui dort dans la chambre d'en face, c'est un mélange compliqué pour trouver le sommeil. Cette femme me perturbe trop, beaucoup trop. Je ne sais pas où je vais avec elle, mais une chose est sûre, elle me plaît et je la veux.

Rédempteur (Saga des Snake)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant