Rédempteur (Saga des Snake)

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Flash

Installé à l'arrière de la voiture de Lex, je prépare mon fusil d'assaut et glisse un deuxième flingue à ma cheville. Le trajet me paraît interminable jusqu'à la planque, de plus nous n'avons aucune nouvelle de Sander et Hailey. Une fois terminé, je me faufile sur le siège passager.

- Tu y es allé un peu fort avec Théa, gronde Lex.

- Je n'ai évoqué que la vérité.

- Elle vient de perdre sa meilleure amie, justifie Lex.

- Et moi je viens de la perdre, elle, marmonné-je.

Lex n'ajoute rien et ça me va, je n'ai pas envie d'épiloguer durant plusieurs minutes sur ma relation avec Théa. Je me suis sans doute comporté comme un connard, j'en conçois, mais bordel, elle m'aurait donné l'info avant, Beth serait sans doute encore en vie. Je soupire d'agacement, Théa va me manquer, vraiment. Je me suis attaché à elle si vite, je ne pensais pas ça possible. J'ai l'air d'un con maintenant avec mes sentiments pour elle.

Mon chauffeur freine brusquement et tourne dans un chemin de terre avant de couper le contact. Je me tourne vers lui en haussant un sourcil.

- Qu'est-ce que tu fous ?

Lex sort du véhicule et je fais de même pour le rejoindre. Il regarde autour de lui sans pour autant répondre à ma question.

- Bordel, Lex ! On doit y aller !

- Non.

- Quoi ? m'étonné-je.

Mon coéquipier fait les cent pas devant moi sans prononcer un seul mot. Je vais finir par perdre patience s'il continue et vu mon humeur, je ne donne pas cher de sa peau. Je me poste devant lui et le chope par le col de son t-shirt.

- On doit rejoindre la planque ! répliqué-je sèchement.

- Tu veux te faire buter ?

Je relâche ma prise et recule d'un pas face à son ton sec. Je n'ai pas aucune envie de me faire tuer. Je connais les risques que cela engendre en arrivant en plein milieu d'un champ de tir, mais nous n'avons pas le choix.

- Je ne peux pas laisser Sander, Hailey et Carlton se faire tirer dessus comme des lapins ni les autres.

Lex part dans un rire moqueur avant de planter ses deux billes bleues dans les miennes. Ce mec peut se montrer déstabilisant parfois, même souvent et je ne suis pas à l'aise avec la façon qu'il a de me scruter, j'y vois un peu trop d'intérêt pour ma personne.

- Si c'est ce Garrett qui est dans le coup, tu crois vraiment que Carlton va t'épargner ? Il va te buter Matt.

Qu'il prononce mon prénom me perturbe légèrement, je sais qu'il n'est pas du Cartel et qu'il est au courant de certaines choses à mon sujet, mais c'est troublant quand même.

- Je sais. Mais si je ne me pointe pas, il me traquera jusqu'à me descendre, alors autant que ça se fasse vite, répliqué-je en haussant les épaules.

- T'es vraiment un mec bien.

- C'est pas l'avis de tout le monde, grimacé-je.

- C'est le mien. On va passer par la forêt.

J'acquiesce et nous remontons dans la voiture. Le reste du trajet se passe en silence et dans une ambiance tendue. Je sais que je vis mes dernières heures, décidément, j'ai tout foiré en une journée. Je secoue la tête tant je me sens ridicule, ma vie est une belle merde.

Lex s'arrête à nouveau, nous nous fixons et quittons le véhicule. Je lui tends son arme que je sors du coffre et nous avançons dans le bois où résonnent les coups de feu. Plus nous progressons, plus l'adrénaline coule dans mes veines. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine et l'excitation est à son comble.

Nous arrivons sans embûche à l'arrière du bâtiment, planqués derrière des arbres, nous analysons la situation et à en voir les corps qui jonchent le sol, il y a déjà beaucoup de morts. Je jette un coup d'œil à Lex qui grimace.

- On y va, chuchote-t-il.

Le dos courbé et en courant, je rejoins le mur de la grange, Lex part d'un côté et moi de l'autre. Au moment où je m'apprête à tourner à l'angle du bâtiment, je me retrouve nez à nez avec un gars qui n'est pas dès notre. Surpris, il bondit en arrière, mais n'a pas le temps de tirer sur moi que je le mets à terre avant. Du sang s'échappe de sa poitrine et s'écoule sur le sol, un de moins. Je calme ma respiration qui se veut plus rapide sous le coup du stress qui m'envahit. Je ne réagis jamais de cette manière habituellement, je suis plutôt du genre concentré et sur de moi ; or je sais pertinemment que je vais y rester et mon choix de vie me revient en pleine gueule, puis je repense à pourquoi j'ai choisi d'intégrer le Cartel. Pour Nila. À cette pensée, mon visage se ferme à nouveau, mes doigts se resserrent sur la crosse de mon fusil et je continue à longer le mur jusqu'à l'avant de la grange.

Je vise un homme se trouvant planqué derrière une bagnole, il n'a pas le temps de réagir. Les coups de feu résonnent à l'intérieur, je n'ai aucune idée de comment rentrer là-dedans sans y laisser ma peau. Plusieurs silhouettes sortent en même temps, elles ne sont pas des nôtres. Des mecs tombent au sol, et j'aperçois Lex les dégommer, un par un. Je le rejoins pour couvrir ses arrières, j'en bute trois autres qui se planquent dans un buisson non loin de Lex. Un dernier coup de feu retentit, puis c'est le calme.

Plus aucun bruit ne vient rompre le silence qui règne sur les lieux. Quand je pénètre dans la planque, c'est un amas de chair sanguinolent et sans vie qui recouvre le sol. Une vraie boucherie. J'enjambe les corps, toujours mon fusil en joue et inspecte les lieux. Je m'arrête un instant sur un homme, les yeux grands ouverts, le Doc. Mon cœur se serre, je m'abaisse à sa hauteur, vérifie son pouls, constatant qu'il est mort, je ferme ses paupières. La voix de Lex résonne dans mon dos, je me relève pour lui faire face.

- Je ne sais pas qui est ce mec, mais il ne déconne pas !

Je ne réponds pas, j'observe ce qui m'entoure sans un mot. Quelques-uns des membres du Cartel grognent sous la douleur, d'autres s'occupent des blessés, alors que l'équipe de nettoyage est déjà en train de rassembler les connards qui sont venus jusqu'ici pour en faire un feu de joie.

Je tourne sur moi-même, scrute chaque endroit, chaque recoin, il y a un truc qui cloche. Quelque chose ne va pas. Je passe une main nerveuse dans mes cheveux. Je cherche, mais je ne trouve pas, puis mon regard se porte en haut de l'escalier, celui qui mène au bureau de Carlton. Mon sang quitte mon visage lorsque j'aperçois Sander penché au-dessus d'un corps.

Non... non... pas ça !

Sans réfléchir davantage, je monte les marches quatre à quatre et rejoins mon coéquipier. Arrivé près de lui, tout mon être se fige. Je reste quelques secondes sans réagir jusqu'à ce que je sente les yeux verts de Sander me fixer. Je tourne la tête vers lui et il hoche la sienne de gauche à droite en serrant les dents.

Une sensation d'impuissance m'envahit, et ce sentiment que tout ceci est de ma faute me ronge un peu plus les entrailles. Je suis le seul responsable de toute cette merde, si je ne m'étais pas borné à vouloir protéger Théa, on n'en serait pas là. Je m'accroupis, Sander serre la mâchoire et la rage qui règne dans ses pupilles est effrayante.

- Ce fils de pute va crever ! crache-t-il avec une hargne que je ne lui connaissais pas.